Dossier spécial : Festival Regards sur rue – Le Clown Tuga – Quand Tuga transforme la rue en plage d’été.
« Un verano naranja » les 27 et 28 septembre au Parc de la Navale
De Valparaíso aux grandes places d’Europe, le clown-mime Tuga a fait de la rue son théâtre et du public son partenaire. Au festival, il présentera son spectacle « Un Verano Naranja », une ode à la joie collective et au jeu partagé. Rencontre avec un artiste qui célèbre vingt-cinq ans de carrière, mais garde intacte la fraîcheur de ses débuts.
Votre parcours artistique vous a conduit des rues du Chili jusqu’aux plus grands festivals européens. Qu’est-ce qui reste de vos racines sud-américaines dans votre personnage de Tuga ?
Tuga a grandi dans les rues de Valparaíso, au Chili, c’est une cité pleine de couleurs et de contradictions sociales. Elle m’a formé comme artiste bien avant que je monte sur une scène. L’énergie populaire, la poésie des murs recouverts de graffitis, la musique qui surgit à chaque coin de rue… tout cela vit encore dans Tuga. Mes racines sud-américaines se traduisent dans une façon de jouer simple, sans artifices. Je cherche une relation directe, sincère, profondément humaine. Même en Europe, je garde cette mémoire des rues de mon enfance : c’est une part essentielle de mon langage artistique.
Vos spectacles se nourrissent de l’espace public et des réactions du public. Comment préparez-vous vos interventions dans un nouveau lieu comme La Seyne-sur-Mer ?
Mes spectacles ont toujours une structure, même si elle reste très minimaliste. Mais tout le reste se construit avec les spectateurs présents. Ce qui m’intéresse, c’est la rencontre. La véritable force de Tuga est la connexion avec les gens : chaque représentation devient alors un moment unique, un échange qui n’existera plus jamais de la même manière. Je ne fais pas seulement un spectacle devant un public, je crée avec lui. C’est cette dimension vivante, fragile et imprévisible qui me guide dans chaque nouveau lieu. Quand j’arriverai à La Seyne-sur-Mer, je prendrai le temps de sentir l’espace, l’énergie de la ville et des spectateurs. C’est à partir de cette alchimie que naît la magie.
Avec plus de soixante-dix représentations en 2025 et plus de vingt-cinq-mille spectateurs attendus, comment vivez-vous cette énergie et cette reconnaissance grandissante ?
Je le vis avec beaucoup de gratitude. C’est un bonheur immense de constater que Tuga continue de grandir, de traverser les frontières et de rencontrer de nouveaux publics. Chaque spectacle est pour moi une célébration, une façon de dire merci. Je joue toujours comme si c’était la première fois, et je cherche à m’adresser à chaque spectateur individuellement, comme si nous partagions un secret. C’est ce mélange d’intimité et d’ampleur qui me fait avancer.
Que souhaitez-vous partager avec le public varois lors de votre passage au festival, et qu’aimeriez-vous que les spectateurs retiennent de Tuga après votre spectacle ?
Je voudrais partager un moment d’été, de lumière et de jeu collectif. « Un Verano Naranja » recrée cette atmosphère ensoleillée même quand l’automne s’installe. Il y a du sable, des mouettes imaginaires, des corps qui bougent ensemble et beaucoup de rires. Je souhaite que chacun retrouve son enfant intérieur, qu’il se laisse aller à la simplicité du jeu, à la joie pure d’être là, ensemble. Si le public repart avec le cœur un peu plus léger, avec l’impression d’avoir respiré différemment et d’avoir vécu une fête partagée, alors Tuga aura accompli sa mission. Ce que je voudrais surtout, c’est que les gens gardent en mémoire la sensation d’un moment collectif, éphémère mais intense, qui appartient à tout le monde et qui ne se reproduira jamais exactement de la même façon.
Gregory Rapuc