Dossier spécial : Festival Regards sur rue – Pauline Murris – Quand la ville devient scène.
« Se Sauver » dans les rues de La Seyne du 24 au 28 septembre
Aux côtés d’Adriana Breviglieri, Luana Volet et Marion Déjardin, Pauline Murris déploie trois personnages féminins qui déambulent dans le quotidien des habitants, transformant chaque rencontre en moment singulier. Un projet immersif qui explore le départ, la liberté et la vie ordinaire.
Comment avez-vous imaginé un spectacle où la vie quotidienne devient décor théâtral ?
Le projet s’inscrit dans une série théâtrale en plusieurs épisodes qui se déroulent sur plusieurs jours dans la vie réelle. L’idée était que les personnages évoluent librement dans la ville, avec des moments de rendez-vous mais aussi de simples interactions imprévues avec les habitants. Trois femmes (chacune à un moment clé de leur vie) croisent le public, et je les accompagne discrètement pour guider la fiction et faciliter la rencontre. Chaque lieu devient un décor, chaque rencontre une scène potentielle, que ce soit sur une place, dans un marché ou au détour d’une rue.
Trois personnages féminins, mais quatre artistes sur le terrain : comment s’articule votre rôle ?
Je suis présente en retrait, habillée de noir, avec des lunettes de soleil et une enceinte, pour orchestrer subtilement les interactions et lancer des éléments musicaux ou sonores. Mon rôle est de poser un cadre fictionnel sans interférer avec le déroulé naturel des rencontres. Les trois autres comédiennes incarnent pleinement leurs personnages : Adriana Breviglieri, Luana Volet et Marion Déjardin apportent chacune une singularité à leurs parcours et à leur manière de traverser la ville.
Comment avez-vous choisi le thème du départ et de la liberté pour ce spectacle ?
Chaque personnage incarne une modalité différente du départ. L’une quitte son mariage, l’autre tente un départ douloureux et la troisième connaît un micro-départ lié à un burn-out. À travers ces figures, le spectacle interroge les conditions personnelles et sociales qui influencent la possibilité de s’extraire de sa vie quotidienne. L’objectif est de représenter ces parcours avec réalisme et vivacité, sans idéaliser la fuite ni réduire l’émancipation à une solution unique.
Comment la dimension humoristique intervient-elle dans un sujet aussi sérieux que le burn-out ou la fuite ?
Le théâtre permet de traiter des sujets lourds avec légèreté. Le personnage en burn-out évolue dans un registre clownesque et chorégraphique, montrant la souffrance au travail tout en conservant un regard décalé et sensible. L’humour facilite l’identification et suscite l’envie d’aller rencontrer les personnages, tout en préservant la substance politique et sociale du propos. Chaque situation dramatique est ainsi tempérée par un souffle de vie, un geste inattendu ou une interaction surprenante avec les habitants.
Quel rôle joue le festival Regards sur Rue dans cette expérience immersive ?
Le festival offre un cadre unique où le public comprend immédiatement la fiction tout en conservant l’effet de surprise. Le fait d’arriver quelques jours avant l’ouverture officielle permet aux personnages de se déplacer dans des lieux authentiques et de créer des rencontres imprévues avec habitants et festivaliers.
Le spectacle s’adapte-t-il à chaque ville où il est joué ?
Oui. Conçu à géométrie variable, le projet ajuste les épisodes, la déambulation et les interactions selon la topographie, les habitudes locales et les particularités culturelles. Chaque ville devient un terrain d’expérimentation : les habitants enrichissent la narration et chaque représentation devient unique.
Julie Louis Delage