Les Frères Belmondo – Faire le lien entre les générations

>>Dossier spécial :  Centre Culturel Tisot à la Seyne le vendredi 4 octobre 

Tisot a l’honneur d’accueillir les frères Belmondo, jazzmen internationalement réputés, et leurs amis, pour un concert où le collectif revisitera les chansons les plus marquantes du Grateful Dead, mythique groupe de rock psyché des sixties. Lionel Belmondo nous parle de cette fusion entre le rock électrique et le jazz.

Comment est né le projet Dead Jazz ?
L’idée vient de mon agent, qui est un fan absolu des Dead depuis son adolescence. Ce projet, c’était l’occasion de réunir encore nos amis, Éric Legnini et Laurent Fickelson (deux pianistes qui jouent avec nous depuis très longtemps), autour de la musique de Jerry Garcia, le guitariste emblématique du groupe. Ces gars des Dead nous ressemblent énormément. Même si, dans notre groupe, ce qui nous lie, c’est le jazz et l’improvisation, on vient tous d’horizons différents. Ça fait des années que chacun donne aux autres ce qu’il a découvert. Le groupe des Dead s’est constitué comme ça dans les années 60. Ils ont réussi à créer quelque chose avec une bande de potes, en vivant ensemble pendant des années. Avec notre groupe, on ne vit pas ensemble mais on est très proches. C’est très important pour nous.

En quoi la musique des Dead est-elle jazz compatible ?
La pluriculture de tous ces gens-là est telle que leur musique s’en ressent. Ils improvisaient, chacun à sa manière. C’est ce dont je me suis rendu compte en relevant toutes les versions des morceaux que je pouvais trouver. Dans les live, ils changeaient en permanence de structure, de couleur. Ils se renouvelaient sans cesse. C’est qu’ils venaient d’univers complètement différents. Garcia vient du bluegrass, de la folk, de la country, donc il a une façon de jouer qui va être différente de celle de Bob Weir, l’autre guitariste. Le bassiste, Phil Lesh, ne joue pas de la basse comme les autres bassistes, il apporte autre chose, donc c’est l’orgue qui va prendre le relais. Ça crée quelque chose d’unique, de libre. Cette évolution-là parle au jazz.

Sur scène, comment rendez-vous la musique des Dead, qui est un groupe de guitaristes ?
Comme il était difficile de prendre des guitaristes et qu’il n’y a pas de cuivres dans les Dead (avec mon frère Stéphane, on est des cuivres), j’ai réparti les rôles. On n’a pas forcément rendu les guitares par les claviers, car nous aussi, aux cuivres, on joue des mélodies que joue la guitare. Certains riffs de Jerry Garcia vont être joués par la basse aussi. J’ai adapté, par rapport à ce que j’entendais de mes copains. Je n’écris pas de la musique pour un instrument. J’écris pour que la musique puisse correspondre le mieux à la personne qui va la jouer.

Aller vers d’autres influences, qu’est-ce que ça représente pour vous ?
La joie. La joie d’apprendre. On nous a laissé des informations colossales, et tous les jours je me dis : « Comment il a fait pour écrire ça ? » Ce qui est intéressant, au bout de quarante ans de travail, de recherche, c’est de faire le lien, le pont, entre les générations, par exemple entre Mozart et John Coltrane. Aujourd’hui, alors qu’on est dans une impasse humaine, que chacun ne pense qu’à soi dans une espèce d’individualisme abominable, il me semble encore plus nécessaire d’aller vers les gens. Aller vers les gens, c’est les attirer vers ce que vous voulez, vous. C’est, sans qu’ils le sachent, les rendre un peu curieux. Les Dead, pour moi, c’est un message très simple, c’est dire au public : « N’oubliez pas. » Dans mes concerts, dans mes concepts, j’essaie chaque fois de mettre un maximum d’informations pour que les gens n’oublient pas, pour qu’ils se nourrissent avec nous. Je partage la nourriture. La musique ne m’intéresserait pas s’il n’y avait que la musique.

Dominique Ivaldi

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