Dr. Philippe Charlier – Nos indispensables fantômes.

Exposition Fantômes, du 21 juin au 28 septembre à l‘Hôtel départemental des Expositions du Var (Draguignan).

Durant l’été 2025, le Département du Var propose à l’Hôtel des Expositions du Var de Draguignan une exposition fascinante sur les fantômes et leur multiples représentations à travers le temps et tout autour du monde. Le Dr Philippe Charlier, Commissaire principal de l’évènement et Directeur du LAAB (Laboratoire Anthropologie, Archéologie, Biologie), partage avec Cité des arts quelques uns de ses envoûtants secrets…

Vous êtes entre autres, médecin légiste, archéologue et anthropologue, l’idée de faire une exposition sur les fantômes vient-elle de vous ?
Oui, j’assume totalement ! J’avais déjà été le commissaire d’une exposition sur les momies pour l’Hotel Départemental du Var, qui avait très bien marché, on m’avait donc demandé de réfléchir à un autre projet. Comme j’ai l’habitude de travailler sur ce que l’on appelle les “mauvais morts“, c’est à dire les morts qui ne se tiennent pas tranquille (vampires, zombies, etc.), j’ai proposé que nous fassions une exposition sur les fantômes. Il y a une véritable universalité des fantômes, mais aussi, paradoxalement, des actualités, parce qu’après la crise du Covid, beaucoup de gens se sont réfugiés dans le spiritisme pour dire au revoir aux morts qu’ils n’avaient pas pu accompagner. Le projet a donc été accepté.

Comment est organisée l’exposition, que pourrons nous y voir ?
Vous y verrez beaucoup d’objets, mais n’aurez pas de réponse à une question, vous ne saurez pas si les fantômes existent ou pas ! Par contre, vous saurez pourquoi les fantômes sont utiles aux vivants de façon universelle, pourquoi nous ne pouvons plus nous en passer. L’exposition débute par les anciennes civilisations de la Méditerranée, et vous pourrez voir d’anciennes pièces archéologiques des plus vieux fantômes connus. Vous serez à Babylone, en égypte, dans les cités grecques et romaines, explorant pourquoi il y a des fantômes à cette période-là. Puis vous continuerez la visite sur le fil historique de l’Europe, du vieux continent, avec le Moyen âge, le XVIIème puis le XVIIIème siècles. Ensuite, le spiritisme, qui est vraiment un renouveau des fantômes au milieu du XIXème siècle, avec des photos, du cinéma, des peintures, des dessins et de l’écriture spirites, bref tout le spiritisme avec énormément de choses inédites, que même les passionnés de fantômes n’auront jamais vu. Puis, après avoir passé quelques maisons hantées dont nous avons rapporté des morceaux (j’espère que l’exposition ne sera pas elle-même hantée), nous partirons autour du monde, en Afrique, en Asie, en Océanie et en Amérique du Nord et du Sud pour voir les fantômes du lointain.

Pensez-vous que le concept de fantômes nous fait espérer une possible immortalité ?
Certainement, je pense que c’est une perméabilité et une porosité entre le monde des morts et celui des vivants. C’est un passage qui se fait de l’un à l’autre. Ce qui n’introduit pas forcément une immortalité humaine, mais peut-être de l’âme, une persistance tout simplement, et l’idée que quand on meurt tout ne disparait pas intégralement, mais qu’il y a toujours un petit quelque chose qui reste avec lequel on peut encore interagir quand on est un vivant.

Avez-vous assisté à des manifestations étranges, avez-vous eu des contacts avec des fantômes?
Je ne ressens rien dans les lieux “hantés“ que je fréquente beaucoup. En revanche, j’ai rapporté du Japon trois objets, des stukogamis, (ils sont présentés dans l’exposition), qui ont plus de cent ans et dont on dit qu’ils finissent, à force d’être au contact avec les humains, par être eux-mêmes vivants. Ils se sont en effet déplacés chez moi, je les ai retrouvé dans divers endroits. Je souhaiterais cependant ajouter que l’exposition ne fait absolument pas peur, qu’elle est visible par tous les publics, et que la catalogue est vraiment fort beau et original !
Weena Truscelli

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