Duo Hamsa, Voyage dans les profondeurs de nous-mêmes

05.04 à l’Espace Comédia de Toulon.

 

Sylvie de Saaj est professeur de Sitar, Ivan Dmitrieff est poète. Quand le mysticisme indien et les lettres françaises se rencontrent, leur alliance nous guide hors des sentiers battus. Ils donneront une représentation de sortie de résidence au Comédia le 5 avril.

 

Comment s’est passée votre rencontre artistique ?
Sylvie : Lors d’une rencontre poétique, autour des éditions Paroles, par une amie commune Mü, une slameuse. La poésie d’Ivan touche le spirituel, mais est très ancrée dans la nature. On se demande qui on est, au sein du monde, et comment les choses communiquent. Un raga, en musique indienne est un ensemble de notes qui doit produire un sentiment. Ici, nous avons des ragas sur l’adoration, la joie, la séparation… La musique indienne telle que je la pratique n’est pas dans le divertissement – même si elle est divertissante – elle doit provoquer des sentiments. C’est une science transmise depuis trois mille ans, qui connait les ressorts pour créer des ondes alphas qui permettent d’ouvrir son espace intérieur. Nous pouvons jouer pendant quatre heures, le public peut rentrer dans une sorte de transe hypnotique, dans le bon sens du terme, comme devant un magnifique coucher de soleil
Ivan : Dans mon expérience artistique, il y a deux volets : le théâtre et la poésie, que j’accompagne souvent avec de la musique. J’essaie d’aborder un registre de perceptions qui sort des schémas habituels, porté par la vibration des mots, un registre de présence par l’écoute, une autre possibilité d’être là. Mon intention est que les personnes ressortent avec un état de bien être, d’apaisement, et un plaisir de l’instant.

Comment sont perçues les représentations ?
Ivan : Nous avons déjà donné une dizaine de représentations, dans des lieux privés au départ, puis plus ouverts. Chaque représentation est sujet d’évolution. Nous avons travaillé pour développer l’expression d’une spiritualité laïque, libre de tout dogme, qui aborde la vie, le monde du vivant qui traverse toute chose, tout être, ici et au-delà. Nous faisons tous partie d’un même souffle : si nous comprenons cela nous arrivons à être dans l’unité et la communion.

Sylvie, tu es diplômée d’études indiennes, qu’est-ce que c’est et est-ce indispensable pour le sitar ?
Grâce à un échange étudiant j’ai pu aller en Inde six mois par an pendant dix ans. La musique indienne se transmet par tradition orale, sans partition. C’est une relation de maître à disciple, chaque maître a sa façon d’apprendre et sa famille d’élèves. C’est la seule façon d’apprendre le sitar. Aujourd’hui, j’enseigne, toujours dans la même tradition. Dans mon école indienne, très traditionnelle, la musique est conçue comme un langage, avec des ponctuations, des paragraphes : pour accompagner de la poésie, c’est très utile. Il faut bien sûr que le poète donne suffisamment de couleurs pour que l’osmose se fasse, avec un certain rythme. Nous avons beaucoup répété avec Ivan, et avons nos marques, dont on peut maintenant s’échapper. La musique indienne est l’une des seules qui perdure depuis sa création, dans les premiers temps de la musique. C’est une musique née du reflet du cosmos, de la nature. Cela fait trois mille ans que l’on transmet cela, en l’adaptant à l’époque au fur et à mesure.

Ivan, comment en es-tu arrivé à ce type de poésie ?
J’ai pratiqué une forme très poussée de méditation : Vipassana. Tu passes onze heures par jour à observer ce qui se passe dans ton corps et ton esprit. De cela découle une poésie inspirée par un état de disponibilité propice au verbe. Je fais aussi du parler-chanter, et j’ai appris à le faire sur des ragas indiens, avec une palette de techniques similaires à une chanson : des silences, des rythmes…

 

Site Officiel de l’Espace Comedia