Eloïse Mercier, Je m’attache à l’insaisissable.

« Cadre de vie » – Théatre
Transversal – Du 5 au 28 juillet – 15h20 « Une goutte d’eau dans un nuage »
Théatre Transversal – Du 5 au 28 juillet – 22h10

 

Eloïse a un parcours atypique. Diplômée d’un Master de Philosophie et de l’ESSEC, elle a travaillé au Liberté, scène nationale pendant plusieurs années. Amoureuse du verbe, sortie du Conservatoire de Théâtre, elle décide de créer sa « Compagnie Microscopique » et de voler de ses propres ailes. Elle présentera deux spectacles à Avignon.

 

« Cadre de vie » parle de la vie, de l’amour… et des écoles de commerces, est-il autobiographique ?
C’est un spectacle que j’ai écrit pendant que je terminais ma formation au conservatoire à Paris. Je venais tout juste d’intégrer l’ESSEC, une Grande Ecole de Commerce et chaque semaine je proposais des petites improvisations autour de ce nouvel univers que je découvrais, les codes, le langage, et des personnages croisés au détour d’un amphi ou dans les couloirs…. Une manière peut-être de mettre les choses à distance et d’en questionner le sens, avec humour et piquant. A la fin de l’année, ces improvisations se sont rassemblées en une première petite forme. Ensuite, je suis partie à l’étranger, je suis passée par la publicité et le conseil, et le spectacle s’est étoffé. Il s’est mis à parler du monde de l’entreprise et des rituels Corporate. On y suit les aventures de deux petits personnages, Patty et Sam, incarnés parfois par des Playmobils et leurs trajectoires de vie, des cadres qu’ils vont décider de suivre ou au contraire de déborder.


Votre second seul en scène, « Une goutte d’eau dans un nuage » est assez différent de « Cadre de vie » ?
Il est plus intime et plus feutré, et c’est à la première personne. Ce sont les Chroniques imaginaires d’une expatriée à Saïgon, qui racontent l’expérience bouleversante de l’Ailleurs. Chroniques car l’histoire part là aussi du réel, à savoir que je suis partie vivre et travailler à Saïgon quelques temps. Imaginaires car c’est une fiction, qui s’inspire des représentations que l’on peut avoir sur ce pays, le Vietnam, la sensualité des paysages de Marguerite Duras, et la violence aussi, celle des films de guerre. J’écris tout le temps, depuis mon enfance et j’ai retrouvé des textes que j’avais écrits là-bas. A partir d’eux, j’ai conçu une histoire, faite de tableaux, de paysages, d’impression. Le son est très présent dans le spectacle, c’est un voyage sonore et immersif ; fait de sons enregistrés là-bas, et de la voix d’une amie vietnamienne. On nous a dit que ça pourrait être une fiction radiophonique, que l’on pouvait presque l’écouter les yeux fermés, mais ce serait dommage : il y a plein de petits accessoires au plateau. Le rapport à l’eau est très présent, car la mousson est impressionnante à Saïgon. Dans l’après-midi, une pluie diluvienne s’abat, et on roule en scooter dans un mètre d’eau. J’avais envie que l’élément liquide apparaisse. Et rien ne se transforme plus qu’une goutte d’eau dans un nuage, qui passe d’un état à l’autre en permanence.


Pourquoi la « Compagnie Microscopique » ?
Je m’attache aux détails de l’existence, à ce que l’on peut percevoir quand on est attentif, aux petites choses, à l’insaisissable. Elles créent nos trajectoires de vie. Dans ma façon d’écrire, je pars d’attitudes, de phrases saisies au vol, d’une façon de se tenir. N’importe qui peut devenir personnage. Un échange de regard, un soupir, peuvent raconter toute une histoire. Aussi, j’utilise souvent des objets miniatures pour la scénographie. La création se fait avec ces petites choses mises ensemble.
Présenter deux spectacles à Avignon, c’est un challenge particulier, d’autant que c’était imprévu…
Oui, deux spectacles c’est un vrai challenge pour nous, et une grande joie ! Au départ, nous devions jouer seulement « Cadre de vie » et puis « Une goutte d’eau dans un nuage » s’est créé très rapidement, au Liberté et a été présenté là-bas en mars 2019. La Direction nous a soutenu pour présenter ce spectacle à Avignon aussi et nous sommes programmés à Châteauvallon en mai 2020 dans une version plus longue du spectacle. C’est une aventure qui commence ici, qui j’espère continuera à s’écrire encore.