Emilie Lalande – La poésie du mouvement.

« Le Roi et l’Oiseau » le 28 novembre au Théâtre de l’Esplanade à Draguignan.

 

Avec Le Roi et l’Oiseau, Émilie Lalande transpose un chef-d’œuvre du cinéma français sur scène. Une seule version pour tous les âges, où la danse, la scénographie mobile et la poésie se mêlent pour émerveiller le public et éveiller l’imaginaire.

 

Chorégraphe et fondatrice de (1)Promptu, artiste associée à Théâtres en Dracénie et à Compiègne, comment ces collaborations influencent-elles votre création ?
Être artiste associée, c’est bénéficier d’un espace de confiance pour créer, expérimenter et rencontrer le public. Ces théâtres m’accompagnent et permettent de tisser des liens avec spectateurs, écoles et associations. Pour moi, la danse n’a de sens que lorsqu’elle dialogue avec le monde. Ce lien vivant donne de la profondeur à chaque création.

Qu’est-ce qui vous a donné envie d’adapter « Le Roi et l’Oiseau » pour la danse ?
C’est un film que je porte en moi depuis l’enfance. Je l’ai découvert à sept ans, et il m’a bouleversée. Il y a dans cette œuvre une lenteur, une poésie, une musicalité qui me touchent toujours. « Le Roi et l’Oiseau » parle de liberté, de courage, de résistance à l’oppression. Des thèmes universels et terriblement actuels. Et puis c’est un film très visuel, très rythmique, presque chorégraphique déjà. L’adapter en danse m’a semblé évident : c’est une manière de donner corps à cette poésie, de faire passer les émotions sans mots, simplement par le mouvement.

Comment avez-vous obtenu les droits d’adaptation d’un tel chef-d’œuvre ?
C’est une histoire assez incroyable ! Au départ, je pensais seulement m’inspirer du film, sans imaginer pouvoir en faire une adaptation officielle. J’ai tout de même envoyé une vidéo de présentation à la petite-fille de Jacques Prévert, pour lui expliquer ma démarche. À ma grande surprise, elle m’a annoncé que le petit-fils de Paul Grimault avait été touché par notre proposition et nous accordait, pour la première fois, les droits d’adaptation chorégraphique. C’était à la fois vertigineux et émouvant : devenir les premiers à transposer ce chef-d’œuvre en danse. Une grande responsabilité, mais aussi une magnifique preuve de confiance.

Votre spectacle est souvent présenté comme “jeune public”, mais vous préférez parler de “tout public”. Pourquoi cette précision ?
Je ne voulais pas créer une version “jeune public” séparée. Le Roi et l’Oiseau existe en une seule version, accessible dès cinq ans et pensée pour tous. Les enfants découvrent l’émotion et le mouvement avec spontanéité, tandis que les adultes y lisent d’autres niveaux de sens. Mon objectif est que chacun, quel que soit son âge, puisse ressentir la poésie et la magie du spectacle.

Comment la scénographie mobile et inventive de « Le Roi et l’Oiseau » influence-t-elle votre écriture chorégraphique ?
J’aime réinventer le réel à partir de presque rien. Des draps anciens deviennent château, nappe, ruisseau ou traîne de mariée. La scénographie mobile est un partenaire de jeu pour les danseurs, créant des contraintes qui stimulent la créativité et invitent à s’émerveiller de ce qu’on a sous la main, tout en restant immergé dans l’histoire.

Si l’Oiseau du film vous soufflait une phrase pour conclure cette interview, laquelle serait-elle ?
“Un seul oiseau en cage, et la liberté est en deuil.” C’est une phrase de Prévert que j’aime profondément. Elle résume tout : la liberté, la poésie, la résistance. C’est aussi ce que j’essaie de transmettre à travers la danse. Cette envie de rêver, de s’élever, de ne jamais cesser d’espérer.

Julie Louis Delage.

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