Emilie Rasseneur – Tolérance et respect de l’autre

Tabula Rasa – 16 avril – Théâtre de l’Adresse – Avignon 

Chasse aux oeufs – Lundi 18 avril – Hyères

Un voyage… – 10 mai – Le Liberté Scène Nationale – Toulon

 

Emilie, jeune metteuse en scène voit déjà son premier spectacle programmé dans le OFF du Festival d’Avignon. Elle nous présente ses deux premières créations, qui pourront, après une interruption abrupte, pour cause de COVID, être reprogrammées ce printemps

 

 

Tu reprends « Tabula Rasa » à Avignon, comment est né le spectacle ?

C’était lors de ma dernière année de Conservatoire TPM d’Art Dramatique. Grâce au partenariat entre le Conservatoire et Châteauvallon-Liberté Scène Nationale, nous avons pu le jouer sur le grand plateau. La Scène Nationale m’a encouragée à professionnaliser le spectacle avec une première résidence à Châteauvallon.

Puis j’en ai effectué plusieurs autres dans divers théâtres. Le directeur du Théâtre de l’Adresse en Avignon a vu le spectacle et a souhaité le programmer cet été, durant le festival OFF, en coproduction. En avril, nous aurons une première dans ce théâtre.

 

Pour pouvoir aider à financer cette aventure, tu fais un appel au don…

C’est sur notre page Facebook : Compagnie Nava Rasa. Nous ne paierons pas de location de salle, mais devrons financer tous les frais inhérents au voyage, et étant douze personnes sur ce spectacle, les frais sont importants.

 

« Tabula Rasa » s’inspire des sept péchés capitaux…

C’est un spectacle très visuel, avec peu de texte, qui mêle théâtre, danse, clown, chant lyrique… Il vient interroger avec tendresse nos différentes manières de fonctionner et de réagir face au monde. C’est avec un regard amusé qu’il vient mettre en avant nos schémas souvent répétitifs et conditionnés. Il propose humblement, avec le sourire, de faire table rase, et d’aller vers un monde où chaque différence est une force, et le collectif aussi. On peut tous se retrouver dans la colère, la gourmandise, l’envie, qui peuvent avoir des niveaux différents : la colère peut aller de l’agacement jusqu’à la rage. Je parle aussi de l’influence et de l’importance des expériences passées dans nos constructions identitaires et nos schémas de vie. On croit tous avoir raison sur certaines choses, on cherche à expliquer notre vision du monde aux autres. Mais on se fatigue pour rien : on n’a pas la même vision que le voisin car on n’a pas la même expérience. Comment vivre ensemble quand on est tous passés par ces chemins différents ? Par la lumière, la musique, la corporalité, chaque spectateur va ressentir différemment ce qui est proposé. C’est assez drôle, avec beaucoup d’autodérision, le public s’y retrouve et rit de lui-même, ça dédramatise.

 

Tu vas aussi présenter de nouveau le spectacle « Un voyage au cœur de ceux qui franchissent les frontières »…

J’ai monté ce spectacle quand je travail- lais au sein du CAAA de Toulon. On l’a joué une première fois au Lycée Claret devant des élèves migrants et au Port des Créateurs. Là, on le reprend pour un mardi Liberté, puis dans le cadre de la « Biennale des Ecritures du Réel », au Théâtre de la Cité à Marseille, le 23 mai. Ma mission au CAAA était l’intégration par la Culture, mais je trouvais ça un peu unilatéral : on me demandait de donner des cours de poterie de les faire aller au théâtre… Au bout d’un moment, j’ai eu envie de les faire participer en leur demandant de nous parler de leur parcours et de leur culture. Dans cette version-ci, on retrouve deux afghans qui traitent de leur voyage pour arriver jusqu’en France, ou encore Karine qui était psychologue au Brésil, mais qui ne peut pas exercer ici. Nous avons du chant traditionnel aussi. J’aime le collectif : la complémentarité de nos différences, se confronter à d’autres points de vue, ouvre l’esprit et nous donne tolérance et respect de l’autre.

 

Fabrice Lo Piccolo