Emmanuel Cremer – Voyage sonore : de la recherche à la scène.

>> Samedi 2 novembre à 20h30 au Six N’Étoiles à Six-Fours

Emmanuel Cremer partage son parcours musical, des débuts au violon- celle à l’exploration des sonorités électroniques. À travers son travail sur le ciné-concert « L’Inconnu », il dévoile comment l’improvisation et le jazz enrichissent sa création musicale, reflétant la tension dramatique du film tout en plongeant le public dans une expérience sonore immersive et inédite.

MÉANDRES

TYPE DE MUSIQUE :

Jazz, musique improvisée, contemporaine et électronique.

MUSICIENS :

Méandres est un trio que j’ai cofondé avec Fabien Genais. C’est un groupe
à géométrie variable, avec plusieurs musiciens qui ont participé au fil des années. Fabien et moi nous connais- sons depuis longtemps, et nous avons créé ce groupe peu de temps après notre rencontre.

SOUVENIR DE CINÉ-CONCERT :

Lors du même festival, au Liberté, nous avons joué avec l’ensemble EMIR de la compagnie Barre Phillips. C’était un ciné-concert sur le film « Nosferatu » de Murnau. Une expérience in- croyable : nous étions onze musiciens, le théâtre était plein, c’était vraiment extraordinaire !

Qu’est-ce qui vous a attiré vers le vio- loncelle et comment cet instrument influence-t-il votre approche musicale en tant que compositeur ?
J’ai commencé le violoncelle vers neuf ou dix ans, influencé surtout par des proches. J’ai suivi des études de musique au conservatoire, mais mon approche a changé. C’est plutôt la musique que j’écoutais, notamment grâce à mon père, qui a influencé ma manière de jouer. Au départ, je n’avais pas une vision précise de l’instrument, mais en écoutant différents genres, j’ai rapidement exploré d’autres chemins. J’ai détourné le violoncelle vers des univers qui me parlaient plus, comme l’improvisation et le jazz. C’est aussi ainsi que j’ai rencontré Barre Phillips, avec qui j’ai travaillé pendant quinze à vingt ans.

Comment avez-vous abordé la création musicale pour ce ciné-concert, et com- ment avez-vous utilisé les instruments pour refléter l’atmosphère intense et dramatique du film ?
Nous sommes en phase de recherche. Nous cherchons à jouer dans l’instant présent, influencés par le jazz et l’improvisation. Pour ce ciné-concert, nous avons déjà travaillé avec ce trio, en écrivant des thèmes pour chaque scène et personnage. Ces mélodies évoluent au fil du film, selon la situation et l’état des personnages, et elles sont jouées de manière différente pour refléter les émotions. En fonction des scènes, nous mettons en avant l’atmosphère, la tension ou l’inquiétude, ou nous prenons le contrepied. On travaille sur les sonorités, et grâce à la diversité des instruments, nous avons une palette sonore très large. Cela nous permet de créer des ambiances orchestrales, allant de sons brillants à des graves plus inquiétants. Par exemple, le violoncelle peut être utilisé pour accentuer une scène dramatique, tandis que le mélange des percussions et des sons métalliques du vibraphone peut générer une tension latente. Nous jouons parfois avec des moments plus lyriques, et à d’autres occasions, nous explorons des sonorités inhabituelles. J’utilise aussi le violoncelle comme percussion, avec des bruitages, des claquements, ou des grincements. Nous ne nous imposons pas de limites, que ce soit pour souligner ou contraster l’action à l’écran.

Qu’est-ce qui vous a particulièrement inspiré dans ce film pour guider vos choix musicaux ?
Nous avons créé des binômes de personnages, notamment les deux protagonistes, en opposant des mélodies pour refléter leur affrontement et leurs caractères. L’atmosphère générale de l’œuvre, avec son côté thriller, est très intéressante à travailler. Ce qui m’inspire surtout, c’est l’image, notamment les caractères et les acteurs, qui sont incroyables. Leurs expressions faciales sont extrêmement puissantes, et c’est là-dessus que nous travaillons. Il y a beaucoup de jeux de clair-obscur, aussi bien dans les émotions des personnages que dans l’image elle-même, avec cet environnement du cirque magique qui est très sombre.

Méandres est connu pour sa fusion unique d’acoustique et d’électronique. Comment cette combinaison de sons influence-t-elle votre approche en tant que compositeur, notamment pour cette performance ?
C’est difficile de dire si c’est vraiment l’électronique qui nous influence, ou si c’est plutôt notre expérience musicale, ce que nous avons en tête et dans les oreilles depuis longtemps, qui nous pousse à chercher ce type de sonorités et à monter de nouveaux projets. Personnellement, je viens d’une formation classique, avec des instruments acoustiques. Aujourd’hui, inté- grer l’électronique dans notre musique est assez naturel. Pour ce projet, le choix de cette instrumentation est aussi lié à notre envie de jouer ensemble en ce moment. Avec ce ciné-concert, on veut raconter une histoire, en parallèle ou en complément de celle du film. On souhaite embarquer le public dans notre univers sonore, et l’ajout de l’électronique apporte une dimension supplémentaire, qui sera encore une sur- prise pour les spectateurs.

Emma Godest

En savoir +