Ensemble Irini – Lila Hajosi : l’amour de la musique ancienne

L’Ensemble Irini impose aujourd’hui un son à part dans la musique ancienne. C’est un effectif polymorphe illuminant le répertoire orthodoxe et de la Renaissance, ouvrant dans ses programmes des dialogues entre l’Orient et l’Occident sacrés.

Comment définiriez-vous votre ensemble ?
C’est un ensemble vocal a cappella qui est spécialisé en musique ancienne sacrée d’Orient et d’Occident. Notre ligne éditoriale est de faire dialoguer les musiques sacrées, chrétiennes, entre le monde orthodoxe et le monde catholique. Nous allons du Moyen-Âge au milieu de la Renaissance avec des formes diverses, quintet, octuor. Nous préparons notre prochaine création, avec le projet de faire venir des instruments dans l’ensemble. Nous portons une grande attention à nos programmes qui sont toujours articulés autour d’un axe narratif. Il s’agit de ne pas exposer simplement un répertoire mais de créer une expérience immersive, quelque chose de l’ordre du voyage pour le public.

Quels sont les principaux spectacles que vous proposez en ce moment ?
Actuellement nous proposons « O Sidera » qui est le programme de notre dernier disque, en quintet mixte, qui mêle les « Prophéties des Sibylles » de Roland de Lassus, avec des extraits de la liturgie de Constantinople et emmène le public dans le monde du mystère et du rêve. Nous avons également “Printemps sacré” que nous allons présenter le 1er février au conservatoire. Ce programme comporte trois actes : Vivre, Mourir, Renaître et présente des motets sacrés d’Heinrich Isaac mis en miroir avec des pièces de la liturgie géorgienne. La premier acte, Vivre, est composé de textes inspirés du « Cantique des cantiques », de la nature, de la sensualité et l’amour. C’est une oscillation entre l’Eros et le religieux. Le deuxième acte, Mourir, déploie des extraits de la cérémonie de mise en terre géorgienne (équivalent de la Messe de Requiem), ainsi que le « Tombeau de Laurent de Médicis », par Heinrich Isaac qui fut son compositeur attitré et ami.
Le troisième acte, (Re)naître présente des chants de la Pâques orthodoxe géorgienne, célébration du retour à la vie et se conclut par une pièce monumentale d’Isaac inventée pour le couronnement de l’empereur Maximilien avec des passages à six voix majestueux et un final en feux d’artifices. Les pièces de la liturgie orthodoxe géorgienne ont la particularité d’être originellement écrites en polyphonie à trois voix. Chacune est un monde à part entière et offre une harmonie extrêmement particulière et très saisissante à l’oreille occidentale. C’est également un répertoire patrimonial qui a été récemment intégré au catalogue de l’UNESCO. Nous avons aussi « Maria Nostra » qui est notre tout premier programme en trio féminin autour de la Vierge Marie, qui est en train de faire son baroud d’honneur puisqu’il a tourné pendant sept ans et que l’ensemble change de format, devenant un chœur de chambre.

Quels sont les projets de l’ensemble ?
Une belle saison 2023 s’annonce, nous avons la chance de pouvoir nous développer à l’international. L’un de nos « highlights » sera le festival Misteria Paschalia de Cracovie en Avril prochain. Nous avons également une création à l’automne 2023 qui verra les débuts de l’Ensemble Irini avec des instruments. En effet deux trompettes médiévales/sacqueboutes viendront s’ajouter à l’octuor vocal mixte. Ce programme s’appelle « Dufay au Péloponnèse » et raconte l’histoire de l’union ratée des deux Églises d’Orient et d’Occident qui s’est soldée par la chute de Constantinople. C’est un fait peu connu mais Guillaume Dufay a été aux premières loges de cet épisode crucial de l’Histoire. Les motets de Dufay seront mis en dialogue avec des pièces byzantines composées à la même époque, parfois pour les mêmes évènements.

 

Programme : 

Printemps Sacré – Vivre | Mourir | (Re)naître

Motets sacrés d’Heinrich Isaac, chants liturgiques géorgiens
À travers les thèmes de la jouissance, du deuil et de la résurrection, l’Ensemble Irini, créateur de liens inattendus entre Orient et Occident, met en perspective des œuvres sacrées d’Heinrich Isaac, véritable Bach de la Renaissance, et des extraits de liturgie orthodoxe géorgienne. Le compositeur de génie et le petit pays résistant aux pressions culturelles et guerrières de Constantinople, des russes et des turcs partagent au XVe siècle, le même destin : l’effondrement brutal de leur monde et le long chemin de la résilience.

Distribution : 

Lila Hajosi, direction
Eulalia Fantova,
Clémence Faber, mezzos
Julie Azoulay,
Lauriane le Prev, contraltos
Matthieu Chapuis,
Thomas Barnier, ténors
Sébastien Brohier,
Jean-Marc Vié, basses

 

Cavalier Blanc

 

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