Fabiola Casagrande & Elizabeth Creseveur – La résidence d’artistes : création et rencontres.
>>Résidences d’artistes à la Maison du Patrimoine à Six-Fours
À la Maison du Patrimoine à Six-Fours, la résidence d’artistes accueille des créateurs venus de divers horizons pour travailler en lien avec le lieu, son architecture et son emplacement uniques, au Brusc. Fabiola, adjointe à la Culture et responsable du projet, et Elizabeth, en résidence en ce moment, partagent leur vision de cette initiative.
Comment est née l’idée de ces résidences d’artistes à la Maison du Patrimoine ?
Fabiola : Quand je suis arrivée en 2020, j’avais déjà une certaine expérience des résidences artistiques, notamment grâce à mon travail à Châteauvallon où nous accueillions des compagnies de danse. Avec la pandémie, je me suis questionnée sur la situation des artistes et la Maison du Patrimoine, alors polyvalente, est apparue comme le lieu idéal. Avec le soutien de Delphine Quin, adjointe à la Gestion du Patrimoine, nous avons aménagé un appartement et un atelier. Nous avons accueilli notre première artiste en octobre 2021, et aujourd’hui vous êtes, Elizabeth, notre vingt-cinquième résidente ! Notre service Carré d’Arts, qui organise les expositions de la ville, et sa directrice Virginie Martin, a rapidement adhéré au projet, et nous avons pu créer un véritable lieu d’accueil pour les artistes.
Quels sont les objectifs de ces résidences, au-delà de la création artistique ?
Fabiola : Chaque résidence est accompagnée d’actions pédagogiques et d’ateliers participatifs. Le public peut s’inscrire, participer, et à la fin du mois de résidence, nous organisons une après-midi portes ouvertes. C’est l’occasion de rencontrer l’artiste, de comprendre son processus et de décloisonner l’art. C’est très gratifiant de voir des participants revenir régulièrement, attirés par la qualité des rencontres et la découverte d’un artiste.
Elizabeth, quel est l’intérêt pour vous de participer à une résidence comme celle-ci et sur quoi travaillez-vous ?
Elizabeth : C’est un contexte très favorable, avec des services municipaux toujours disponibles pour accompagner les artistes. Cela permet de se concentrer sur la création tout en étant en lien direct avec le lieu et le public. J’ai été particulièrement séduite par l’architecture de la Maison du Patrimoine, qui m’a inspirée pour développer une pièce in situ, en particulier un espace sous un escalier qui m’a intriguée par sa forme organique. J’ai décidé de créer une sculpture représentant un corps déshydraté en aluminium, comme s’il était là depuis des années, prêt à être réanimé. Cette œuvre parle de préservation et de conservation, des thèmes récurrents dans mon travail. Mon père était glaciologue, et cela a influencé mon esthétique. J’ai déjà réalisé les ateliers avec un public qui était invité à faire des maquettes à partir de photos du lieu que j’avais prises. A la fin de la résidence, pour la Journée Portes Ouvertes, je vais exposer la pièce in situ, mais aussi toutes mes recherches de maquettes, qui font partie intégrante du processus de création. C’est un travail rapide, car le mois passe vite, mais j’ai pu venir en amont pour m’imprégner du lieu et savoir sur quoi j’allais travailler.
Comment sélectionnez-vous les artistes en résidence ?
Fabiola : Chaque année, nous publions un appel à candidatures en septembre. Nous avons reçu deux cents dossiers en 2023, et une commission se réunit en octobre pour faire la sélection. Notre marraine d’honneur, Gabriela Gantenbein, une commissaire d’exposition et historienne de l’art apporte un regard précieux, et nous permet d’inviter en général trois artistes internationaux. Nous accueillons huit artistes par an, chacun pour un mois, avec deux semaines de réaménagement du lieu entre chaque résidence. La prochaine artiste en résidence sera Célia Cassaï qui travaille sur des installations qui s’inspirent de son environnement. Lors de sa résidence, elle invitera le public à participer à une collecte d’objets aux alentours, puis à en faire des empreintes dans des moules d’argile, comme pour figer ces éléments dans le temps. Nous souhaitons continuer à développer la médiation et les ateliers participatifs. La résidence est ouverte à tous les plasticiens, mais nous aimerions aussi accueillir des écrivains, des auteurs ou des artistes de spectacle vivant. L’idée est de diversifier les disciplines pour enrichir les échanges.
Fabrice Lo Piccolo