Farhad Kazemi – Des jardins d’hier pour réenchanter aujourd’hui
>>Jardins et palais d’Orient à l’Hôtel Départemental des Exposition du Var à Draguignan, du 14 décembre 2024 au 6 avril 2025
A l’HDE, l’exposition « Jardins et palais d’Orient » est née d’un partenariat exceptionnel entre le musée du Louvre et le Département du Var, et a reçu une contribution majeure du Département des arts de l’Islam au Louvre. Elle invite le visiteur à une immersion poétique et sensorielle. Portée par Farhad Kazemi, commissaire d’exposition et conservateur du patrimoine au musée du Louvre, cette collaboration met en lumière des œuvres historiques et des créations contemporaines, tout en s’engageant pour une accessibilité universelle.
Vous êtes commissaire d’exposition et conservateur du patrimoine, chargé des collections de l’Iran médiéval au département des Arts de l’Islam du musée du Louvre. En quoi consistent ces rôles ?
Le commissaire d’exposition, supervise l’ensemble des opérations, de la conception à la mise en place, en collaboration avec les scénographes, les éditeurs du catalogue et les institutions partenaires. Pour Jardins et palais d’Orient, la collaboration de Monique Buresi, commissaire associée et documentaliste scientifique, a été essentielle. Elle a assuré une recherche approfondie, contribué à la sélection des objets et à la rédaction des textes du catalogue, tout en garantissant leur cohérence avec le thème de l’exposition. Le rôle de conservateur du patrimoine dépasse celui de commissaire, puisqu’il englobe la mission de conserver et valoriser le patrimoine public national. Cela inclut la gestion des collections, l’organisation d’expositions, la publication de recherches et la mise en place d’actions éducatives, dans le but de transmettre ce patrimoine aux générations futures.
Quels sont les enjeux liés au transport et à la préservation des œuvres ?
Le déplacement des œuvres comporte des risques, mais l’enjeu est de les rendre accessibles partout en France, pas seulement à Paris. Cette exposition bénéficie de prêts du Louvre, ainsi que d’institutions régionales. Leur transport est confié à des sociétés spécialisées, qui veillent à leur protection grâce à des mesures de sécurité strictes. Une fois sur place, toutes les précautions sont prises pour contrôler l’humidité, la lumière et la température, afin de préserver ces matériaux sensibles, tout en permettant au public de les admirer.
Quel est le fil conducteur et quels thèmes y sont explorés ?
C’est un voyage à travers une sélection d’œuvres allant de l’Antiquité à nos jours, avec des pièces historiques et deux créations contemporaines de Stéphane Thidet. Nous y abordons des thématiques actuelles, telles que la crise climatique, les enjeux géopolitiques et l’impact humain sur la nature. Cela se divise en trois sections : d’abord, le jardin mythique et symbolique, qui explore la relation entre l’homme et la nature, du Jardin d’Éden à la Jérusalem céleste. Ensuite, l’architecture des jardins et des palais, qui montre comment ces espaces ont été liés à la représentation du pouvoir. Enfin, la dernière section examine les usages du jardin, à travers la poésie, les festins, les paradis artificiels, ainsi que la sensualité et la méditation, offrant une vision plus intime et contemplative de ces espaces.
Vous proposez des visites adaptées aux personnes non-voyantes et malentendantes. Quelle expérience espérez-vous offrir au public ?
Oui, j’y tenais absolument. Nous avons notamment développé une approche descriptive pour les non-voyants et en améliorer la lisibilité des cartels pour les personnes malvoyantes. Pour les sourds et malentendants, des visites guidées en langage des signes ont été organisées par l’HDE Var. L’objectif est de rendre l’exposition accessible à tous. Nous voulons proposer une expérience immersive et multisensorielle, où les visiteurs traverseront un jardin grâce aux sons, aux parfums de l’Orient, et aux visuels soigneusement choisis pour leur pouvoir évocateur. Cette collaboration entre le Louvre et l’Hôtel Départemental des Expositions du Var, qui met un accent particulier sur l’inclusivité, est pour moi une réussite.
Julie Louis Delage