François Carrassan – La libération totale de l’esprit.

Exposition Jean-Claude Silbermann, « Hold-Up » à La Banque, musée des Cultures et du Paysage d’Hyères, jusqu’au 4 juin.

L’adjoint à la Culture d’Hyères nous présente la nouvelle exposition du majestueux musée La Banque, aménagé dans une ancienne annexe de la Banque de France en plein cœur de la ville. Elle met à l’honneur Jean-Claude Silbermann, peintre et poète surréaliste, ayant appartenu au groupe d’André Breton, présentant ses peintures, installations et textes dans un événement que l’artiste lui-même a malicieusement intitulé « Hold-Up »!

Comment s’est fait le choix de Jean-Claude Silbermann pour cette exposition ?
Je connais Jean-Claude depuis plusieurs dizaines d’années, il est résident de Port-Cros depuis les années 80. Nous avons assez vite sympathisé et nos liens se sont resserrés quand, à la fin de sa carrière de professeur à l’Ecole d’Art de Cergy, il m’a demandé de faire partie d’un jury. J’ai peu à peu connu et apprécié son travail d’artiste. Mais il n’y avait pas de lieu à Hyères qui permette d’accrocher ses œuvres pour en faire une présentation juste. Quand le musée a ouvert en 2021, j’ai tout de suite pensé à lui. Je suis très heureux qu’on ait pu finaliser le projet et je pense que cette exposition va toucher le public et sera une révélation pour beaucoup. Son œuvre mérite d’être connue. Quand je lui ai proposé l’exposition, il a tout de suite trouvé son titre : « Hold-Up », un nom parfait pour cette ancienne annexe de la Banque de France.

Quelles seront les œuvres exposées ?
Son œuvre est abondante et nous sommes dans l’optique d’une rétrospective. C’est un panorama très vaste de l’ensemble de son travail, des premières aux dernières œuvres réalisées qui datent de 2018. La tonalité dominante de l’exposition est vraiment le surréalisme. Silbermann est un surréaliste au sens historique du terme, que ce soit dans sa pensée ou dans sa pratique. Cela peut surprendre, mais on verra l’accueil du public. Il naît en 1935 et à l’âge de dix-huit ans entre en rupture avec l’éducation ordinaire et son milieu et se déclare poète et surréaliste.Il savait dans quel café le groupe d’André Breton se réunissait. Il s’y est rendu et l’a rencontré. Celui-ci l’a invité et il est resté dans le groupe, même après la mort d’André Breton. Pour lui, la pratique du surréalisme est la libération totale de l’esprit, qui échappe à tout contrôle des normes sociales, de la raison, de la morale… L’imagination n’a pas de limites, l’inconscient a la porte ouverte, dans toutes les directions, et se rend maître de tous les gestes que l’artiste produit. Nous présentons aussi quelques textes écrits en lettres blanches sur un mur noir, d’autres qui accompagnent les œuvres et plus de choix dans le catalogue qui accompagne l’exposition. Ses premiers gestes étaient poétiques : en 59 il publia un premier recueil de poèmes, « Au puits de l’ermite », très apprécié de Breton. Ses œuvres sont reconnues et ont été présentées dans de nombreux musées, au Centre Pompidou, au Musée d’Art Moderne et Contemporain de Genève, à Prague… C’est le dernier surréaliste vivant ayant appartenu au groupe originel, c’est donc un moment chargé d’histoire.

Quelle est la ligne directrice du musée ?
Nous avons appelé ce lieu La Banque, Musée des Cultures et du Paysage, ce qui est assez ouvert. Nous avons démarré avec « Face au soleil », une exposition sur la lumière du midi qui dévoilait les paysages de notre Provence. Ensuite, nous avons mis à l’honneur l’œuvre gravée de George Braque, puis de la photo avec les jardins et îles hyérois photographiés par Bernard Plossu qui exprime magnifiquement la sensibilité des paysages. Avec Silbermann, nous sommes dans l’expression artistique à l’état pur ; et il sera suivi du légendaire photographe Man Ray, nous resterons donc dans le surréalisme. Puis l’hiver prochain, nous retournerons aux paysages avec l’exposition des œuvres de Pascal Vinardel qui peint des paysages imaginaires mais étrangement familiers.

Fabrice Lo Piccolo

La Banque – Hyères