François Morel, amoureux de l’amour !

J’ai des doutes – du 7 au 9 juin à Châteauvallon Scène nationale & Dédicaces – 9 juin – à la Librairie Charlemagne, Toulon

 

François Morel sait tout faire. Enfin… pas du bricolage ! Mais artistiquement il écrit, joue au théâtre, au cinéma, crée des spectacles, fais des chroniques à la radio. En juin il a une double actualité dans notre région. C’est l’occasion de le découvrir un peu plus.

François Morel débute sa carrière en 1988 dans la série télévisée Palace. Mais c’est bien son personnage dans les Deschiens qui en a fait un acteur culte pour nombre de français. C’est en 1993 que Canal+ propose à la troupe de Macha Makaïeff et Jérôme Deschamps, que François Morel avait rejointe en 89, d’adapter leur spectacle pour la télévision. C’est le début de la renommée. Homme de théâtre, il a monté des spectacles, joué dans d’innombrables pièces et films, de « Gainsbourg, vie héroique » de Sfar à « Les Profs » de PF, de « Brêves de comptoir » de Ribes à « La nouvelle guerre des boutons » de Barratier. Il est également écrivain, chanteur, fait des chroniques sur France Inter depuis 2009… En 2013 Il fut nommé Officier des Arts et Lettres.

En ce mois de juin, il nous arrive à Toulon avec une double actualité. Il viendra jouer à Châteauvallon son dernier spectacle : « J’ai des doutes », consacré à Raymond Devos, où il interprète certains de ses textes, en compagnie d’un pianiste. Et il en profite pour faire un tour du côté de la Librairie Charlemagne de Toulon pour dédicacer son nouveau livre, « C’est aujourd’hui que je vous aime », malicieuse ode à l’amour où on le retrouve en adolescent qui doit faire face à l’émoi amoureux et au désir sexuel.

 

Qu’est-ce qui vous fascine chez Devos, son jeu avec la langue française, son amour de l’absurde, les thèmes immortels et actuels qu’il évoque ?

 

Un peu tout ça et un peu plus, son goût pour le music-hall aussi… J’ai eu l’occasion de le voir sur scène et ce n’est pas uniquement quelqu’un qui fait des jeux de mots : il invente un monde parallèle pour nous permettre de nous échapper de la réalité qui peut être angoissante. Il a une grande générosité sur scène. C’étaient des moments généreux, poétiques, absurdes, inattendus, ça me ravissait.

 

Pensez-vous être un de ses héritiers artistiques ?

Le mot est fort. Il m’a inspiré, comme d’autres. C’est un des artistes qui m’a donné envie de faire ce métier-là, il est très inspirant quand on fait de la scène.

Vous avez eu le plaisir de le rencontrer…

Un tout petit peu, dans le Fou du Roy de Stéphane Bern sur France Inter. J’avais fait un texte imaginant la rencontre entre Devos et Dieu. Il a beaucoup aimé et m’a demandé de venir le refaire pour ses 80 ans dans une émission sur une chaine publique. Il m’impressionnait beaucoup. Je l’ai surtout vu sur scène, il était incroyable

 

Pourquoi ce choix de mise en scène à deux avec un piano ?

 

Romain Lemire m’accompagnera au piano. Devos avait besoin d’avoir un partenaire, de nombreux sketches doivent se faire à deux. Le spectacle est très musical, et j’avais envie de piano sur scène. Nous adaptons même certains textes en chansons, la présence du piano sur scène est extrêmement importante.

 

Votre livre : « C’est aujourd’hui que je vous aime » et cette Isabelle Samain… hommage à la femme, à l’amour, ou simplement souvenir idéalisé ?

 

J’avais écrit un livre : « Les habits du dimanche »,
où je racontais une enfance entre réalité et imagination. J’avais envie de poursuivre la vie de ce personnage-là. C’est un texte sur l’adolescence et l’envie d’aimer. Quand on est adolescent, on craint d’être le seul au monde à ne pas pratiquer l’amour. Je m’interroge sur le rapport entre l’écriture et le social. Je me disais que l’adolescence c’est le basculement : on peut devenir un chic type ou un salaud. Le personnage parle comme dans une conférence, avec un ton faussement sérieux, et évidemment il ne parle que de lui-même.
Le thème central est l’amour, et surtout l’envie d’aimer, d’être amoureux. Il est amoureux de l’amour, et il a envie de passer à l’acte ! C’est un regard amusé et tendre sur l’adolescence, avec ses joies, ses inquiétudes, ses douleurs. Il y a un côté « le Petit Nicolas découvre le désir ». Ça le trouble beaucoup.

 

Votre dernière chronique sur France Inter loue votre amour (encore !) du camembert, la précédente invente une lettre d’amour (toujours) retrouvée, écrite par Macron pour Trump, tout peut être un sujet du moment qu’on y place de la poésie ?

 

Oui, c’est l’intérêt de faire des chroniques : traiter de tout ce qu’on veut, distiller des surprises. Il faut trouver des sujets différents. J’ai beaucoup lu Alexandre Vialatte, qui est un maitre en la matière, et j’adore traiter des sujets les plus immenses et les plus minuscules, pouvoir alterner entre gravité et rigolade…

 

Vous êtes acteur, écrivain, chantez, faites des chroniques sur France Inter, montez des spectacles, pensez-vous être touche-à-tout, hyperactif ou simplement un grand curieux ?

 

Je suis curieux, je suis un homme de spectacle, j’écris, je suis sur scène. J’ai beaucoup d’incompétence, je suis un sportif très médiocre, un bricoleur lamentable, alors je fais ce que je sais faire. Petit, j’aimais les rédactions et les récitations, donc je continue et j’ai occupé ma vie à ça.

 

Croyez-vous que vous arriveriez à créer de nouveau une émission comme les Deschiens dans le paysage télévisuel français actuel, qui semble être devenu plus politiquement correct ?

 

Je n’en suis pas sûr. Nous avions une grande liberté, et je ne sais pas où on pourrait trouver cela dans le PAF d’aujourd’hui. Si ça a eu lieu, c’est aussi grâce à la complicité de comédiens de théâtre. En tout cas, nous sommes heureux de l’avoir fait.

 

Site web de François Morel