François Veillon – La quête du Graâl.

L’heure de la réouverture a sonné. Plutôt que nous proposer une programmation figée, l’équipe du Telegraphe préfère modeler les propositions à venir en collaboration avec son public. François, directeur du lieu, nous détaille les pistes d’exploration imaginées dans cette saison, appelée « Graâl ».

Quelle est ta vision du Telegraphe ?
J’aimerais que les gens comprennent le lieu : comment nous racontons, quelle est notre sensibilité… Il est ouvert à l’échange, nous voulons le rendre accessible, lui rendre toute sa fonction d’origine : le Telegraphe, c’est un messager. Notre programmation dépend des gens qui viendront, nous voulons mélanger les générations dans un lieu culturel, ça ne dépend pas uniquement de la proposition mais aussi de la façon dont le public se l’approprie. C’est le propos du lieu, en ne figeant pas la programmation, nous permettons que le public puisse s’approprier sa culture. Ce n’est pas parce que le lieu est imposant qu’il est fermé. Quand on fait une programmation à cinq euros ou au chapeau, on n’est pas discriminant. C’est un enrichissement mutuel qui nait de la curiosité.

Alors, tu as trouvé le Graal ?
Non, pas du tout, c’est toute la quête de cette saison, d’aller le chercher. On prend le terme de Graâl, y mettant un accent, de façon romantique. Ça évoque l’aventure, l’envie de le démystifier et de le vivre au quotidien.

Peut-on parler de saison classique ?
Je ne crois pas, si toutefois nous avons déjà vécu une saison classique ici. Quant à savoir si la programmation est établie ou projetée, la réponse est non. L’intention est de laisser la place à ce qui vient, de travailler la prog en fonction de ce que le lieu vit. La Grând-Messe est un format intéressant, un dimanche par mois de 10h à 18h. C’est un lieu de célébration et de communion. La première, le 14 novembre, est nommée « Sheela-Na-Gig », du nom d’une déesse celte. Nous recevons un groupe hongrois d’électro, Lilith’s Rib, et le groupe Ilhaam Project l’après-midi. Le matin, nous aurons un espace de partage, d’échange, puis une grande table dominicale, ouverte à tout le monde. Toutes les associations que nous ne connaissons pas encore sont bien sûr les bienvenues.

Le thème de cette année est le féminin-masculin, sous quelles formes allez-vous vous y intéresser ?
C’est le masculin dans le féminin, et inversement. On pense à Animus Anima, un des axes de travail de Jung. C’est une façon d’aborder le monde, l’intime, le vivant. À quel point le féminin est-il au service du masculin et vice-versa, dès lors qu’ils se sont entendus ? Nous voulons préciser le féminin et le masculin pour apprendre à les connaitre, les recevoir de la façon la plus objective possible, sans dogme. Nous aborderons plusieurs sujets : la Terre, l’écologie, l’intime, le quotidien, le travail, l’expression artistique, la sexualité, la peur, la mort, la médiumnité, des sujets de société, abordés par des sociologues. Nous œuvrons à former des cercles de personnes, hommes et femmes, pour aborder le champ spirituel, avec au centre cette envie de faire vivre en rythme toutes ces informations, de les garder vivantes et modernes, de les ancrer dans l’espace urbain. Une des fonctions du Telegraphe tel qu’il se présente aujourd’hui est d’être témoin de son temps, et autant que possible de le raconter.

Vous faites toujours la part belle à la parole…
Nous lui accordons une place importante : avec les podcasts, en créant les « Confessions », un café-poésie avec une scène ouverte, et avec des intervenants extérieurs : Stéphanie Slimani, Claudine Herrero, Rona Hartner ou Olivia Papini, qui abordent un thème et une discipline. On aimerait décliner les confessions dans plusieurs domaines, avec un champ poétique, des mots qui chantent quand l’émotion est là. Il y aura des confessions musicales animées par Maxime Cassady, avec une note très folk. Nous faisons d’ailleurs un appel du pied à la revue poétique « TESTE ».

Et toujours des ateliers pour tous…
Ils seront animés par ces intervenants. Ce n’est qu’un début, nous sommes ouverts à d’autres propositions d’ateliers. Chacun va disséquer sa discipline, le théâtre par l’être, par exemple, dans un atelier où Stéphanie invite parents et enfants. Claudine abordera la figure du clown, Olivia des histoires pour enfants, Rona le cinéma et la libre expression. Nous n’aurons pas de yoga pour l’instant, mais j’espère avoir un atelier sur la voix proposé par Nina Nassif. Un élément central du Telegraphe également est l’atelier de céramique, dirigé par Sacha Stoliarova, Victor Remere et Mathurin Louis qui travaillent à proposer une collection en céramique. Le Graâl est magnifié par ces plasticiens qui ont pris en main la partie visible du Telegraphe pour embellir l’accueil du public et que sa venue reste une expérience.

Fabrice Lo Piccolo

Novembre 2021

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