Françoise Maurice & Yohan Rimaud – Rendre les Beaux-Arts accessibles à tous.

>> »Passion Renaissance, légendes d’artistes au XIXe siècle » du 16 novembre 2024 au 23 mars 2025 au Musée des Beaux-Arts de Draguignan.

Depuis sa réouverture en 2023, le Musée des Beaux-Arts de Draguignan connaît un nouvel élan et attire un public diversifié. Alors qu’il célèbre son premier anniversaire avec l’exposition « Passion Renaissance », dédiée à l’influence de la Renaissance sur les artistes du XIXe, Françoise Maurice, adjointe à la Culture et au Patrimoine, et Yohan Rimaud, conservateur du Musée, partagent leurs projets et leur vision pour ce lieu de Culture.

Un an après la réouverture du Musée des Beaux-Arts, quel bilan dressez-vous ?
Yohan : Le musée a suscité une vraie curiosité de la part des habitants de Draguignan et de toute la Dracénie. Les Dracénois ont suivi les travaux qui ont duré six ans et attendaient sa réouverture : nous avons eu cinq mille visiteurs à l’inauguration. Nous avons des visiteurs de tous horizons, y compris des personnes qui ne vont habituellement pas dans les musées. Nous avons voulu créer une relation de proximité avec nos visiteurs, en offrant des espaces accueillants et un accompagnement chaleureux.
Françoise : Le musée est au cœur de la ville, ce qui favorise un lien direct avec les habitants, y compris ceux des quartiers populaires. Nous avons souhaité ouvrir ce musée à tous, en intégrant des actions pour des publics spécifiques, comme les jeunes des écoles, les résidents d’hôpitaux, des détenus ou encore des personnes en situation de handicap. Nous collaborons avec des associations locales pour toucher le plus de monde possible. C’est pour nous un engagement essentiel : sortir le musée de son image élitiste et en faire un lieu de rencontre et de partage.

Comment allez-vous célébrer ce premier anniversaire ?
Françoise : Nous voulons que ce premier anniversaire soit une fête populaire, ouverte au plus grand nombre. Le 16 novembre, également jour de l’inauguration de l’exposition « Passion Renaissance », il y aura différents événements, dont un concours de plaidoiries et un goûter pour les enfants, afin de les sensibiliser dès le plus jeune âge à la beauté de l’art. Nous encourageons les écoles à venir, car il est important pour nous de partager cet amour de l’art avec les jeunes, dans une atmosphère conviviale et pédagogique.
Yohan : Nous souhaitons renforcer certains rendez-vous annuels qui commencent à prendre de l’ampleur ici, comme la Nuit des musées, les vacances de Noël, ou les Journées du Patrimoine… De même, nous voulons que cette date d’anniversaire devienne une référence pour les habitants, un événement où ils savent qu’ils peuvent redécouvrir le musée. Notre objectif est de proposer une programmation généreuse et variée tout au long de l’année. Draguignan est en plein renouveau, et nous espérons que le musée contribuera à renforcer la fierté des habitants pour leur ville.

Que présentez-vous dans la collection permanente du musée ?
Yohan : Nos collections rassemblent des œuvres de peintures, sculptures, objets d’art, et même des éléments d’histoire naturelle. Parmi les pièces maîtresses, on trouve l’armure d’apparat du duc de Montmorency, qui date de la fin du XVIe siècle. C’est un objet extraordinaire, un chef-d’œuvre d’orfèvrerie. Nous mettons aussi en avant des œuvres emblématiques comme un tableau de Giovanni Paolo Panini représentant la basilique Saint-Pierre de Rome, une collection de vases japonais et chinois et un petit bronze de Martin Desjardins, modèle d’une sculpture commanditée par Louis XIV représentant le roi à cheval, que le sculpteur n’a jamais pu finir. Notre objectif est de rendre l’histoire de l’art accessible à tous. Nous essayons de donner des clés de lecture, et cette année, nous allons concevoir des parcours explicatifs, pour comprendre, par exemple, pourquoi certains tableaux sont signés ou non.

Parlez-nous de la nouvelle exposition « Passion Renaissance ». Pourquoi ce choix de thème ?
Yohan : Elle explore la fascination des artistes du XIXe siècle pour la Renaissance, en particulier pour des maîtres comme Raphaël et Léonard de Vinci. Beaucoup allaient à Rome copier les œuvres de Raphaël. Il y avait une vraie admiration pour cette époque, symbolisée par des tableaux de grands formats et des mises en scène romantiques d’événements historiques, parfois fictifs, qui mettent en valeur des artistes comme des figures nobles, à la manière des grands héros de la Renaissance. Une œuvre comme « Les derniers moments de Léonard de Vinci » de Jean Gigoux, par exemple, imagine un adieu poignant entre Léonard et ses élèves, un moment qui n’a probablement jamais existé. Nous présentons aussi des œuvres autour de Giotto considéré comme le père de la peinture européenne. L’exposition reflète le contexte de l’époque : la révolution politique, les troupes napoléoniennes qui rapportaient en France des chefs-d’œuvre de l’Europe entière, l’ouverture du Louvre… Cette période a redéfini le goût artistique et renforcé le prestige de Paris en tant que centre de l’art. Préparer cette exposition a pris quatre ans, avec des restaurations d’œuvres et un travail de recherche minutieux. Pour nous, c’est une chance de créer un dialogue entre les œuvres, mais aussi entre les œuvres et le public. Nous avons voulu une scénographie qui plonge le visiteur dans l’ambiance du théâtre, car le XIXe siècle imaginait la Renaissance de façon très romanesque, presque comme une pièce de théâtre où chaque détail est mis en scène.

Fabrice Lo Piccolo

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