FRANK MICHELETTI – Toujours plus d’étoiles
Constellations – Du 15 au 18 septembre – Toulon
Constellations revient pour sa douzième édition, enrichi d’un lieu et d’un jour supplémentaires ! Festival phare de la rentrée, il nous fera une fois de plus vibrer, danser et nous interroger dans de superbes et surprenants écrins pour des spectacles détonants.
Cette année, Constellations passe à quatre jours, pourquoi ce choix ?
Quatre jours, quatre lieux. L’ouverture, jeudi, se fait au Cercle Naval. Vendredi, nous serons au Liberté ; samedi et dimanche à la Tour Royale. Nouvelle collaboration le dimanche avec le tiers-lieu « l’Amarre » sur le port de Toulon. Nous voulons consolider les partenariats avec ces trois lieux culturels forts du territoire, ouvrir le dialogue avec ce nouveau lieu qui propose des ateliers par et pour tous, où les adhérents transmettent leur savoir à d’autres. L’intelligence collective, partagée est un fil conducteur pour cette édition.
Pourquoi choisir des lieux non dédiés à la danse ?
C’est mon désir mais il est rejoint par celui des chorégraphes et danseurs qui aiment sortir des scènes conventionnelles. Ils quittent la boite noire pour tenter d’autres aventures, rompre avec la frontalité des théâtres. Certains expérimentent des espaces en volumes ouverts de tous côtés, d’autres baladent les spectateurs, circulent dans les espaces de vie. Le mouvement danse avec les conditions du réel. Les arts bougent nos réalités mais ils sont aussi des tentatives pour se relier, comprendre comment co-agir avec tout ce qui nous entoure. Constellations promeut la transformation de ces formes d’expressions et demande quelles places elles peuvent avoir dans le projet urbain. Les artistes aiment les théâtres ; ils s’y expriment en nuances et variations mais ils souhaitent aussi ajouter d’autres modalités de rencontres et toucher de nouvelles personnes.
Constellations n’est pas qu’un festival de danse…
D’évidence un festival de danse s’intéresse au mouvement mais au-delà de la qualité des gestes, il regarde vers d’autres déplacements avec l’envie de bouger les lignes. Ces arts chorégraphiques sont mouvants, c’est un mix de cultures en contact dynamique avec d’autres domaines. Les enjeux esthétiques ne sont pas en dehors de nos vies quotidiennes, ils permettent de les traverser sensiblement. C’est une édition qui déploie des passerelles entre cultures scientifiques et artistiques : une conférence flottante avec un géographe où il faudra se mettre à l’eau, des conversations bord de mer sur nos identités côtières (on parlera météo avec un prévisionniste, haute mer et préservation des océans, canicule et méga-feux…). Ce festival prend corps à Toulon : il dépeint les spécificités propres à son territoire, avec une géographie mouvante terre/ eau façonnant un panorama sensoriel et des manières d’y vivre la relation espace/temps. Nous aurons des spectacles qui prennent rythme avec le bas – sin méditerranéen mais aussi des tables rondes, workshops de danse et émissions de radio avec Radio Active…
Quels seront les temps forts de cette édition ?
La programmation est entièrement gratuite. En commençant le jeudi, j’encouragerais à voir au Cercle Naval le trio burlesque de magie et ventriloquie de Joachim Maudet, une des révélations du festival d’Avignon. Autre fil rouge, la convergence très étroite entre musique et danse. Tous les artistes invités établissent une relation ondoyante et résonnante avec la musique, qu’elle soit jouée live, composée pour les pièces, ou le point de départ de celles-ci. Le vendredi dans la grande salle du Liberté, le chorégraphe Thierry Micouin lance un quatuor de danseurs sur les traces du groupe ico – nique CAN et de leur album « Future days », album puissant qui voguait sur l’émergence d’un monde nouveau, de ces théories libérales montant crescendo qui nous ont amené aux crises actuelles. C’est envoûtant. Samedi, Philippe Lorenzo présentera « Cheb », une transe hypnotique où les danseurs déploient leurs limites physiques vers des rivages insoupçonnés. Des présences féminines vont porter et signer des solos percutants : Ana Perez, Sarah Cerneaux, Julie Coutant, et Leïla Ka. Elles affirment un combat pour se construire comme elles le désirent. Artiste aux traits singuliers qui renouvelle les imaginaires corporels et défait les assignations réductrices, c’est le retour du chorégraphe brésilien Volmir Cordeiro qui avait marqué les esprits en 2018. Il faudra aussi suivre le choré – graphe portugais Marco Ferreira, Amala Dianor ou la danse ciselée de Sylvain Prunenec… Autre point fort, toutes les soi – rées se terminent avec des Dj sets. Le public pourra trouver son groove sur le dancefloor. Le samedi à la tour royale, c’est Faizal Mostrixx qui enflammera la piste. Artiste polyvalent considéré comme l’un des plus novateurs des scènes électro – niques africaines. Griot ougandais afro-futuriste, membre du collectif Nyege Nyege qui organise le festival le plus couru, le plus fou du continent africain. Ça va secouer ! Et nous clôturerons le dimanche soir à l’Amarre par un bal sur le quai des pêcheurs, au coucher du soleil. Constellations suivra cette devise du poète Edouard Glissant « Agis dans ton lieu, pense avec le monde ».