Frank Micheletti – Un festival au cœur des questionnements sociétaux.

>> Festival Constellations #13 – Du 13 au 17 septembre à Toulon

Cinq jours et nuits durant, le festival Constellations chevauchera des formats de créations plurielles. Danses, performances, films, dj sets, ateliers, émissions de radio et conférences vont se demander comment co-agir avec ce qui nous entoure. Rencontre avec le chorégraphe de la compagnie Kubilaï Khan Investigations et créateur de l’événement.

 

Cette année, tu as invité une chorégraphe prestigieuse, Anne Teresa de Keersmaeker, comment la décrirais-tu ?
Aux côtés de la nouvelle vague des chorégraphes audacieux et créatifs qui font la ligne directrice du festival, nous avons effectivement le plaisir d’accueillir cette figure majeure de la danse contemporaine qui occupe une place de choix aux côtés de Pina Bausch, Merce Cunningham ou William Forsythe… Son travail se caractérise par sa subtilité et sa précision, combinant harmonieusement la partition musicale et chorégraphique. Nous présenterons son solo « Bernarbo » à la Tour Royale, le samedi et le dimanche. C’est un extrait de la pièce « En attendant », œuvre magistrale, présentée cet été à Avignon et autour de laquelle j’ai eu le plaisir d’échanger avec Anne Teresa. En outre, nous partageons la même vision d’ouvrir la danse contemporaine à un public varié et éclectique, ainsi qu’à la jeune génération.

Tu enrichis encore cette année le festival d’une journée supplémentaire…
En ouverture, nous projetterons le mercredi 13 septembre au cinéma Le Royal un documentaire réalisé par le chorégraphe Christophe Haleb : « Eternelle Jeunesse #Amiens ». Il sera présent pour répondre aux questions du public. J’avais à cœur d’ouvrir le festival sur cette question de la jeunesse. Il est important que la danse contemporaine s’intéresse à ces jeunes qui sont le public de demain. Dans cette lignée, le samedi, Alban Richard, chorégraphe invité de la formation Coline, une des écoles de danse les plus intéressantes en France, présentera une pièce écrite pour les treize danseurs de sa formation. Danser, faire danser, se rencontrer… nous aurons pour ces raisons un DJ set chaque soir.

Peux-tu nous détailler quelques moments forts de ce festival ?
Le jeudi et le vendredi, nous aurons des performances essentiellement féminines. Oona Doherty, une chorégraphe irlandaise très importante dans le paysage actuel de la danse, présentera son duo « Hope Hunt » qui commence dans une voiture, puis nous amène à l’intérieur du Cercle Naval, pour finir de nouveau dans la rue. Nous sommes attachés à trouver des formats inédits, qui placent le spectateur ailleurs que dans un rapport frontal. Le vendredi, Mercedes Dassy présentera son solo « B4 Summer » au Liberté. C’est une des artistes les plus prometteuses du moment avec une écriture singulière et une compréhension critique des phénomènes de la culture pop et de la post-culture, dont le monde numérique. Nous y montrerons également les « Amazones » de Marinette Dozeville, un septet de danseuses qui offrent une critique de nos sociétés patriarcales, inspirée du roman-poème « Les Guérillères » de la philosophe Monique Wittig.

 

Et le samedi et le dimanche vous serez comme chaque année à La Tour Royale…

C’est le vaisseau amiral du festival qui lui donne aussi son caractère inédit. Nous aurons une des révélations du festival de Marseille, Marina Gomes, avec un quintet hip hop intelligent, brillant et insolent sur les quartiers Nord. Dans « Toujours de 3⁄4 face », Loraine Dambermont, fait la jonction entre danses urbaines et contemporaines, en incluant des éléments d’arts martiaux à sa chorégraphie : moment de jubilation où le public se demandera comment on peut être aussi rapide et précis. Le festival ayant à cœur d’inviter les premières œuvres, Karima El Amrani présentera son premier solo. Zora Snake, danseur et chorégraphe camerounais, est un performer étonnant, avec un sens scénique et une puissance de présence assez inédits. Le soir, franchissement de quelques fuseaux horaires sur le dancefloor, pour lequel l’atelier du matin aura chauffé les pas, avec les danseurs de Kubilaï Khan. Nous aurons d’ailleurs la même formule atelier-dancefloor, le samedi 23 septembre, au festival Regards sur Rue. Autre atelier, mais plastique cette fois, avec Maëva Longvert : de grandes corneilles destinées à raconter des histoires d’émancipation de femmes se dessinent dans l’écrin du festival. Constellations est concerné par toutes les questions sociétales d’aujourd’hui, écologie, urbanité, évolution des justices sociales et des équités… Dimanche matin, Sylvère Lamotte proposera une conférence dansée en duo avec Magalie Saby, danseuse en situation de handicap, pour mettre en lumière la question du corps dansant, de ses vulnérabilités et fragilités. Suivra un brunch participatif animé par Michel Lussault, géographe, qui commentera les vinyles liés au thème de l’anthropocène choisis par le public. Filons le thème… Le chorégraphe Jordi Galí réalisera en direct une cabane de rêve avec deux cents mètres de corde pour questionner notre rapport à l’environnement et notre habitat. Poursuivant, les artistes belges Demestri et Lefeuvre présenteront leur duo « Troisième Nature » ou la possibilité d’une traduction, par le corps, de mouvements non humains voire non vivants, possibilité d’un corps qui se fasse paysage, au sens d’une multitude en devenir… Constellations reste un festival gratuit, ouvert à tous et toutes, où le public peut venir manger, boire un verre, échanger sur ce qu’il a vu, voir danser puis danser lui-même ! Notre radio locale, Radio Active, comme chaque édition, sera présente tout au long du festival avec des émissions en direct et des interviews podcastées.

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