Frank Tenaille, Corinne Gallian – Nous sommes des semeurs de graines.

Festival Les Printemps du Monde – Du 26 au 28 mai à Correns

Le Chantier est un lieu de création consacré aux nouvelles musiques traditionnelles et musiques du monde. Situé à Correns dans le Var, il propose aux musiciens un espace d’accueil et un environnement professionnel pour accompagner leur démarche artistique. Rencontre avec Frank Tenaille, chargé de la programmation artistique et Corinne Gallian, la coordinatrice générale.

Comment est né Le Chantier ?
F.T. : C’était à peu près au moment où Correns devenait une commune intégralement bio, il y a environ vingt-cinq ans, ce qui n’est pas anodin : le Chantier défendant la biodiversité culturelle. Dès l’origine, le Chantier s’est doté d’un cadre de travail inspiré de celui des Centres nationaux de création musicale (CNCM). De fait, il œuvre selon cinq axes : la création, la diffusion, la recherche, la transmission, et l’action culturelle notamment en direction du jeune public et des publics spécifiques. C’est cette rigueur dans la démarche qui a justifié que les institutions nationales et régionales nous aident avec constance.
C.G. : Nous développons un nombre d’actions culturelles important sur notre territoire et proposons à chaque printemps un festival, qui est, entre autres, la vitrine des créations de certains de nos artistes venus en résidence au Chantier.

Quels artistes accueillez-vous en résidence ?
F.T. : Nous organisons des résidences tout au long de l’année. Chaque fois, nous nous interrogeons sur la capacité des projets accueillis à faire bouger les lignes sur le plan musical et sur la pertinence de leur accompagnement professionnel. Suite à cela nous proposons un accompagnement technique, scénique, voire discographique. Nous travaillons également sur la diffusion en partenariat avec des acteurs régionaux et nationaux. Dans le temps de résidences, nous incluons une action envers le jeune public et un concert de sortie à Correns ou dans d’autres lieux partenaires sur notre territoire. Les artistes que nous recevons proposent aussi des masterclasses aux élèves du Conservatoire Provence Verte. Sur le choix des projets, nous mettons l’accent sur des musiques d’essence patrimoniale. Ce qui signifie que nous accordons de l’importances aux sources, à l’oralité, aux rapports à l’instrument, aux usages musicaux des peuples ou des communautés, à leurs imaginaires qui seront différents selon qu’il s’agit d’un ensemble occitan, d’une griotte mandingue, d’un chanteur chaman de Mongolie, de polyphonie pygmée…

Vous avez une action culturelle particulièrement développée…
C.G. : Nous sommes des semeurs de graines. Le jeune public est notre axe historique d’action culturelle, avec les étapes « Pitchouns », pour les plus jeunes, ou « Jovents » pour les collégiens et lycéens. Nous avons un crédit important auprès de l’Education Nationale. Depuis plus de quinze ans, nous développons des projets dans le champ de l’Education Artistique et Culturelle en partenariat avec le Conservatoire de la Provence Verte avec des musiciens intervenants et des artistes lesquels intègrent les classes dès le mois de janvier et réalisent un travail de création avec une centaine d’élèves, en vue d’une création sur scène pendant notre festival. Pour chaque résidence, nous préparons un dossier pédagogique pour les enseignants, avec l’histoire du pays, celle des instruments… Depuis l’année dernière, nous développons la médiation culturelle pour les publics spécifiques. Nous avons par exemple travaillé avec de jeunes autistes et, cette année, nous irons dans des Instituts Médico-Educatifs. Des équipes pédagogiques aguerries travaillent avec nous et nous leur fournissons des boites à outils, créées par les artistes, pour les aider à amener la musique dans leurs établissements. Nous participons également au dispositif Fabrique à Musique initié par la SACEM. Nos artistes travaillent actuellement sur un ciné-concert « Nanouk l’esquimau » avec une classe du collège de Barjols et le compositeur et musicien Jean-Paul Raffit.

Vous travaillez également sur la réflexion et la recherche autour des musiques du monde.
F.T. : Nous avons organisé des tables rondes, des colloques, des salons de musique, des rencontres avec le public avant concert qui séduisent un public d’amateurs avertis. En 2021, nous avons lancé Musicapedia.fr, un portail pédagogique dédié aux musiques et danses du monde, résultante de vingt-cinq années d’expériences. Ayant engrangé beaucoup de matériaux nous les mettons à disposition. On peut y trouver des interviews d’artistes, des dossiers thématiques, des mallettes pédagogiques. On créé aussi du répertoire comme récemment avec Les Dames de la Joliette, ensemble vocal marseillais, soit une dizaine de chants à travailler par des classes de primaire. Et l’on accorde de l’intérêt au PCI (Patrimoine culturel immatériel, tel que définit par l’Unesco) comme lorsque nous avons conduit un travail autour des animaux totémiques. Enfin, depuis janvier, nous avons créé le Chœur de la Provence Verte, avec une cheffe de chœur professionnelle, qui va se déployer à partir des chants du monde.

Fabrice Lo Piccolo

 

Le Chantier – LES PRINTEMPS DU MONDE