Frédéric Landini – Vingt ans d’avant-garde musicale à Hyères.

Du 18 au 20 juillet

Depuis 2005, le Midi Festival a su se tailler une place à part dans le paysage musical français. Chaque été à Hyères, il révèle des artistes avant même qu’ils n’émergent sur la scène internationale. À l’occasion de ses vingt ans, Frédéric Landini, créateur et programmateur du festival, revient sur cette aventure humaine et artistique, et dévoile les secrets de cette édition anniversaire.

Vingt ans de Midi Festival… Qu’est-ce que ça évoque pour toi ?
C’est à la fois très rapide et un sacré chemin. En 2005, lors de la première édition, je n’aurais jamais imaginé que vingt ans plus tard, on serait encore là. Ce qui me touche le plus, c’est cette idée de résistance au temps, aux tendances, aux conjonctures. Peu d’événements culturels durent aussi longtemps avec une identité aussi forte. Il y a de la fierté, bien sûr, mais surtout une grande joie de célébrer ces vingt ans avec des artistes que j’aime profondément et certains qui reviennent.

Comment définirais-tu l’ADN du Midi Festival ?
C’est toujours difficile de parler de la perception des autres, mais pour moi, le cœur du festival, c’est la découverte. On a accueilli au tout début des groupes qui sont devenus immenses : Black Country, New Road par exemple, que tout le monde trouve génial aujourd’hui… mais que j’avais programmés quand ils étaient encore au
lycée. On évolue dans un spectre musical large : indie, électronique, parfois du rap. Ce qui compte, c’est l’esthétique et la singularité. Et puis, on a aussi eu la chance d’accueillir des figures majeures comme Thurston Moore ou Lee Ranaldo de Sonic Youth, ou Robin Guthrie des Cocteau Twins.

Comment construis-tu ta programmation ?
Ce n’est jamais un plan figé. J’ai une idée de groupes que j’aimerais faire, je cochedes noms, puis la réalité entre en jeu : parfois c’est trop cher, pas dispo… Je construis aussi en pensant à une journée idéale de musique, comme une bande son : quelque chose que j’aimerais écouter le matin, l’après-midi, le soir. Je passe deux ou trois heures chaque jour à écouter de la musique, à découvrir, à chercher. C’est un processus très organique. Un bon exemple cette année, c’est RIP Magic. Jusqu’à hier, ils n’avaient rien en ligne. C’est un réseau d’amis anglais qui m’a envoyé leurs démos. C’était exactement ce que je cherchais. On est là à un moment rare, avant même leur premier single.

Cette année, tout se passe à Olbia…
C’est un lieu exceptionnel. Un site antique grec face à la mer, prêté très généreusement par la Ville d’Hyères depuis 2019. On est à la sixième édition sur ce site, et l’expérience est incroyable : les pierres, l’histoire, le ciel, la mer, et la musique. C’est à la fois majestueux et intime. Pour ceux qui regrettaient la Villa Noailles, je
pense qu’Olbia incarne une belle continuité, avec plus de place et un cadre tout aussi unique.

Et les après-midis à la plage ?
On garde ce moment plus décontracté et gratuit, à la plage du Marais. On investit les plages privées de 14h à 18h le samedi et le dimanche avec des sets de DJ. C’est une parenthèse festive avant de revenir à Olbia à partir de 19h. Parle-nous de la programmation spéciale vingt ans. Chaque jour, on a un artiste qui a marqué
l’histoire du festival. Le vendredi, Christopher Owens revient. Il a joué plusieurs fois au Midi, d’abord comme batteur de Holy Shit en 2006, puis avec son groupe Girls en 2008, et en solo. Il présente un nouvel album superbe. Le samedi, un moment très attendu : WULYF, groupe culte dissous en 2012, fait sa première scène de reformation… et ce sera chez nous. On en parle depuis deux ans. Pour les vingt ans, c’est un symbole fort. Le dimanche, Malik Djoudi, qu’on suit depuis ses débuts, revient. J’ai organisé son tout premier concert sous son nom et même facilité sa rencontre avec Étienne Daho. Autour de ces retours, une belle palette d’artistes comme West Side Cowboys, étoile montante, GRLwood, avec un rock intransigeant venu des États-Unis, Hitech, trio électronique de Detroit, Marina Trench qui clôture le vendredi avec un DJ set dans la DJ box, Andrew Savage, le fondateur de Parquet Courts, ou encore Jasmine 4.T, Glitter55, Faerebabyy…
Fabrice Lo Piccolo

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