Georges Perpes – Orphéon a quarante ans.
Qu’avez-vous préparé pour cette grande fête ?
Le vendredi sera une soirée entièrement musicale, où sont invités des artistes qui ont croisé l’histoire de la compagnie. Nous aurons Barre Philips, un immense contrebassiste de jazz, Gaspard et Miquèu Montanaro, les frères Hours avec leur Slow Flow. L’association au départ était fondée autour de la musique, celle du duo Trompette Bourguignon, un groupe de nouvelle chanson française, qui a fonctionné jusqu’en 82. Donc tout commence en chansons. De plus, le symbole d’Orphéon, c’est Orphée, qui est à la fois poète et musicien, qui joue de la lyre, et après sa mort, sa tête jetée dans une rivière continue de chanter. A partir de 82, cela devient une association culturelle qui va se déplacer à Cuers et qui de 82 à 98 organisera concerts, expos, et conférences. Elle accueillera des spectacles et donnera des cours de théâtre, tout cela sans aucune subvention. C’est à ce moment-là que nait la compagnie professionnelle de théâtre de rue Orphéon théâtre intérieur. Puis après un accord passé avec Cuers, naîtra, en décembre 2000, le théâtre de l’Abattoir. La compagnie sera chargée de la programmation jusqu’en 2008, et obtiendra le label Var en Scène, avec une aide du Département. L’association continue ses activités culturelles et développe le théâtre de rue. En 2008, nous quittons Cuers et sommes accueillis à bras ouvert à La Seyne-sur-Mer. La bibliothèque de théâtre fondée en 2000 et inaugurée par Armand Gatti lui-même finira d’être déplacée en 2011 à La Seyne , dans cette ancienne imprimerie, un bâtiment du XVIIIème. La seconde soirée, le samedi 28, accueillera du cinéma, avec la projection de deux courts métrages : “Choréplastie” de Pascaline Richtarch, sur la danse et la peinture avec les œuvres de Serge Plagnol, Maryline Constantini, Yeru, Gilles Altieri ; et une captation du spectacle de rue « Expulsion », d’Orphéon. Puis nous projetterons le film d’Armand Gatti : « l’Enclos », primé au Festival de Cannes. Nous aurons également la Compagnie de Théâtre de Rue Trasphalt, des expositions, des lectures dans la rue. Les concerts se passeront Place Bourradet et le reste sur la Place Martel Esprit. Nous devrions pour ces dates sortir un vinyle d’un enregistrement du duo Trompette Bourguignon, en hommage à Françoise Trompette, décédée en 2012. Didier Bourguignon sera là. Nous créons également un livre des quarante ans, intitulé « Orphéon, légende », qui retracera les différentes étapes de l’association mais aussi le contexte dans lequel elle évoluait. La situation a beaucoup changé. Historiquement Toulon était un Port de guerre, qui n’avait pas la volonté d’accueillir des étudiants en cœur de ville, et qui repoussait la culture en périphérie : Châteauvallon en est un bon exemple. Dans ce contexte, Orphéon était pionnier et a travaillé pour sensibiliser à l’importance de la Culture. Cette fête marque bien sûr également le transfert des activités au POLE, avec une nouvelle saison culturelle.
Pourquoi ce choix de léguer vos activités ?
Nos quarante ans, et les vingt ans de la bibliothèque, semblaient être la bonne occasion. Nous sommes très heureux que cette structure s’institutionnalise, qu’elle rentre vraiment dans le paysage de la Métropole. Bien sûr, plus que jamais, avoir dans la Métropole un lieu consacré aux écritures contemporaines, théâtre et jeune public, semble nécessaire. Et même si le directeur prend sa retraite, l’institution doit rester. Un détail important : le fond de la bibliothèque, quatorze mille ouvrages, reste la propriété d’Orphéon, qui a acquis la moitié des livres et a reçu l’autre moitié en dons.