Ghyslaine Lesept – « Noces de Rouille » au cinéma.

Pathé Liberté – Toulon
Jeudi 14 octobre

Forte du succès de sa pièce « Noces de Rouille », Ghyslaine, dirigeante de la Compagnie La Barjaque et figure incontournable du théâtre varois, avec notamment son personnage Gigi, a décidé d’en réaliser une adaptation au cinéma, que notre partenaire le Pathé Liberté nous proposera en octobre, en présence des auteurs.

A ton avis qu’est-ce qui fait le succès de « Noces de Rouille » ?
Nous avons eu 90.000 spectateurs en 420 représentations. On parle de la vie, du couple. Elle suspecte qu’il la trompe avec la boulangère, mais ils s’aiment et une vie de couple n’est jamais linéaire, beaucoup de choses se passent au fil du temps. A la fin, elle lui dit qu’elle s’en va et il lui fait une déclaration. Il pense au magasin, à leur fils. On dit : « une de perdue dix de retrouvées » mais celle qu’il perd en vaut déjà dix. Il y a des moments intenses d’émotion, mais on rit tout le long. Les personnages sont attachants : ce sont deux méridionaux, mais où que l’on joue, quand on les entend parler avec l’accent du sud, au bout de cinq minutes, on les aime déjà. Après, si on connaissait vraiment la recette, on dupliquerait sur tous nos spectacles ! En plus, il plait à toutes les générations, les ados sont dithyrambiques, même les jeunes enfants rient.

Qu’est-ce qui t’a donné envie de faire un film tiré de cette pièce ?
Nous avions fait une captation en DVD, avec un copain à moi, réalisateur de films, Jacques Bigay. Il m’a proposé d’en faire un film, mais en réécrivant le scénario. Nous avons donc tout réécrit, avec Fabrice Schwingrouber, coauteur, et l’avons financé entièrement. Pour les acteurs, on a téléphoné aux copains comédiens professionnels, on a pris en charge les frais, mais sans leur proposer de cachet ! Et ils ont tous accepté. C’est une très belle aventure humaine, les gens étaient là pour se faire plaisir, ça simplifie les rapports.

Est-ce que le film est fidèle à la pièce ?
Dans la pièce on n’est que deux. Là, il a fallu faire vivre les autres personnages, leur donner des scènes. Gigi a pour amie la fleuriste du village, qui a couché avec le premier fiancé de Gigi, dont elle est folle amoureuse, et dont elle prétend être enceinte. Cet ex revient, et il veut revoir Gigi… On en retient beaucoup de bonheur. On y a mis toute notre énergie, en mettant de l’argent côté grâce aux pièces, où l’on ne se payait pas. Et au moment du lancement, alors que les caisses étaient bien vides, arrive cette épidémie. On ne peut pas tout prévoir. L’accueil du monde du cinéma est bon. Yassine, le directeur du Pathé Liberté m’a appelée en me disant être tombé amoureux de la bande-annonce et que ce sera un succès. On avait prévu une projection dans la grande salle de quatre cents personnes, et c’était déjà presque rempli, avant l’annulation. On espère que ce sera le cas pour celle-ci également.

Est-ce que l’on ne tombe pas dans la caricature des méridionaux ?
Un peu, pas tant que ça. On est très expressif, on dit tout ce qu’on a sur le cœur, on a le sang chaud, mais le méridional, c’est quelqu’un d’attachant, sans mauvais fond. Il n’est pas fourbe, il parle avant et réfléchit après. On parle beaucoup de famille, de belle-mère, elle emmerde, elle rentre sans taper, elle vient pour te plomber les conversations… Mais pas mal de choses sont tirées d’histoires vraies.

Pourquoi faire une suite ?
J’avais encore plein d’idées. Là, ils partent en vacances pour la première fois. C’est une peur de tous les instants, il se met à parler arabe… en Thaïlande ! Le fils a mis enceinte une minotte juive, et ils savent que les juifs font la circon…scription (rires). On l’a joué quatre fois, avec un très bon accueil. Le scénario est très différent, mon mari s’est occupé des décors, avec un décor différent à chaque scène

Peux-tu nous parler du nouveau spectacle de Gigi ?
Le magasin d’olives ne marche plus. Alors, puisque t’aimes les poils et que tu cherches un travail, pourquoi tu ferais pas coiffeuse ! Elle embauche un cador, cette tafiole de Tony, qui lui pète dans les doigts le jour de l’ouverture, et elle doit remplacer. Les clients sont les spectateurs. Jeannot met de l’huile de vidange dans l’après-shampooing, et finalement cette huile fait des miracles. Un jour elle reçoit une lettre du syndicat de la coiffure, pour recevoir le César de la coiffure ! Il y a un aussi un sketch sur les politiques, mais où je les défends : Balkany, s’il avait vraiment de l’argent sa femme irait chez le coiffeur ! Je parle de Griveaux la paluche, de Brigitte Macron avec son côté berger des Pyrénées. Leur sport favori c’est de surfer sur des vagues de merde. C’est son prisme à elle, sa vision des choses.

Fabrice Lo Piccolo

Octobre 2021

https://www.cinemaspathegaumont.com/ 

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