Gilles Legardinier – Complètement cramé !
« Complètement cramé ! », actuellement en salles
Ecrivain aux millions de lecteurs et traduit dans plus de vingt-cinq pays, l’auteur et réalisateur nous a présenté, au Pathé La Valette, son film « Complètement Cramé ! », une fable mettant en scène John Malkovich et Fanny Ardant dans un lieu exceptionnel, le Château Bois Cornillé
Votre roman « Complétement cramé » est sorti il y a dix ans. Pourquoi réaliser le film maintenant ?
La productrice Christel Henon a eu un coup de cœur pour l’histoire qui l’a touchée. Elle est venue me voir un an après la sortie du livre. Elle souhaitait absolument l’adapter au cinéma. Elle a écrit un scénario mais a eu du mal à le financer. Avec mon expérience de quarante ans dans le cinéma (et de script doctor), on décide de l’écrire à deux. L’écriture c’est l’intériorité, j’aborde mes personnages par les sentiments, et j’aborde le cinéma par l’incarnation. Et là, j’avais une belle brochette !
Et donc vous avez eu l’idée de choisir Fanny Ardant et John Malkovich pour les incarner ?
Je n’ai pas voulu faire appel à un panel de stars, mais eux dégagent le supplément d’âme que je recherchais. Je les connaissais par les différents plateaux que j’ai fréquentés. John était une évidence absolue, il possède une puissance et une humanité. Il porte l’ambiguïté du genre humain, à un niveau très fort. Ensuite, le choix de Fanny était élémentaire aussi. Je savais que le spectateur serait ravi de la suivre dans ce château et de découvrir l’histoire si touchante de son personnage.
Quant à Emilie Dequenne, c’était évident. Elle a été la première à rejoindre le projet, pour le caractère du personnage. Philippe Bas a aussi été choisi depuis le début. Malgré son physique il a cette espèce de faille que je voulais pour le personnage. Il a une douceur au-delà de sa force.
Vous êtes sensible à la musique, qui porte vraiment le film. Choisir Michael Bublé pour l’ouverture lui apporte un charme et une belle dynamique. Quel est votre rapport avec cette bande originale ?
Ce rapport est fort. Pour le film j’ai composé les deux thèmes principaux puis j’ai travaillé avec Erwan Chandon, qui a été une rencontre humaine et professionnelle phénoménale. C’est un génie de la musique et nous avons les mêmes goûts. J’avais une idée précise de ce que je voulais. Pour cette fable, je voulais une atmosphère enveloppante, qui nous sorte de la réalité, et portée par la musique. J’ai choisi Michael Bublé car c’est un artiste que j’aime beaucoup, qui a cette voix extrêmement moderne mais avec une dose de classicisme.
Les lieux sont magiques et le château est un personnage à part entière, omniprésent. Il y règne un charme intemporel. Où avez-vous tourné le film ?
En Bretagne, à Val d’Izé en Ille-et-Vilaine. C’est le Château Bois Cornillé qui est le sixième personnage du film. Nous avons visité cent-vingt-deux châteaux et l’avant dernier était le bon. La direction artistique a été très minutieuse pour pouvoir rendre l’ambiance que je souhaitais, tout a été pensé au millimètre près. Pour garder cet esprit de fable, il fallait impérativement que ça ait l’air daté mais ni poussiéreux ni trop vieux. Je voulais une ambiance hors du temps et je n’ai rien laissé au hasard.
Combien de temps vous a-til fallu pour clôturer la production du film ?
Dix ans, dont sept ans pour joindre John au projet. Ensuite la direction artistique nous a pris un an et demi. Puis neuf semaines de tournage entre Londres, Paris puis les terres du Château. Nathalie Mayer