Girls in Hawaii, la chaleur de la nuit

01.12 – Espace Malraux – Six-Fours-Les-Plages

 

Quatre albums en quinze ans. C’est sûrement le temps qu’il faut pour délivrer le genre d’albums que nous servent les belges de Girls in Hawaï. Leur dernier opus : Nocturne, est le plus électronique, sûrement le plus envoûtant, et celui qui flirte le plus avec les sommets de la pop. Les voix stellaires d’Antoine et Lionel sont livrées dans des écrins d’émotion, touches de couleurs qui se baladent librement entre les beats et mélodies les plus déroutants. A ne pas manquer !

 

Everest était donné comme l’album de la résurrection, mais le vrai virage s’effectue avec celui-ci : vers l’électronique, l’émotion, la complexité, déroutante parfois… Vers quoi vous dirigez-vous ?
Nous avons réglé beaucoup de choses. Dans Everest, nous étions pris par ce thème autour du décès de notre batteur, l’album est sorti sans trop de préméditation. Il y avait déjà des sons un peu froids, synthétiques, et nous voulions prolonger. Celui-ci est plus libéré, plus joueur, plus cosmétique aussi. Le virage s’amorçait déjà pour nous. Avec celui-ci une réconciliation s’est faite, nous avons fait la paix avec notre passé.

Vous avez déclaré vouloir un jour atteindre la perfection des albums de Radiohead, où en est-on ?
Entre temps la perfection a peut-être changé de bord. Mais pendant un temps c’était hyper stimulant. Pendant toute la période “Kid A/Amnesiac” et “Hail to the thief”, j’avais l’impression d’être contemporain des Beatles. C’était parfois un peu écrasant. Il y a encore des réminiscences de ça dans ce que l’on fait, surtout sur “Nocturne”. Mais on ne se focalise plus du tout là-dessus. Viser la perfection pour des gens comme nous, qui réfléchissent beaucoup trop, met beaucoup de pression. On a décidé de s’amuser.

Qu’allez-vous jouer à Six-Fours ?
On est en fin de tournée, après quatre-vingt dates, on est vachement dedans. On est très détendus, on maîtrise le show ce qui nous permet de donner facilement. On revient sur toutes nos époques, mais avec un spectacle cohérent. C’est un voyage dans une histoire de groupe assez riche. Nous avons cela à offrir, il y a quinze ans que nous jouons ensemble, exclusivement. Petit à petit, on commence à se sentir un peu comme les derniers des Mohicans.

Comment avez-vous écrit cet album ? Vous faites de nombreuses références à des peintres, notamment à l’oeuvre de l’anglais Tom Hammick…
Nous avons l’impression d’avoir créé un album par couches successives, comme un travail sur plaque en plexi. La pochette est une de ses peintures. Il travaille beaucoup en monochromie, c’est très instinctif, dans le plaisir. Nous mettons des couches nous aussi dans notre musique, ces couches de synthé nous faisaient penser à de la couleur, avec un côté sombre sous un air faussement naïf. J’aime son côté obsessionnel, quelque chose d’assez simple, mais qui sublime l’ennui du quotidien. Nous ne sommes pas dans le grand drame mais plutôt dans les petits détails. Ça nous évoque le jeu, un côté dédramatisé, comme chez Rousseau. Nous avons une recette immuable, Antoine, l’autre chanteur compose dans son coin, tout comme moi. Puis nous amenons les chansons au groupe, et les retravaillons tous ensemble. Au début, nous étions indissociables, puis je suis parti plus du côté Jacno, comme dans Indifference, vers quelque chose de plus froid.

Comment trouves-tu la scène belge ?
Dans le Rock il y a Balthazar, nous, Brains… Mais aujourd’hui, il y a surtout une grosse vague hip-hop, avec Roméo Elvis ou Damso, qui prend le dessus. Ca fait plaisir, cette scène est là depuis tellement longtemps, son succès est légitime. Nous sommes plutôt en mode sous-marin là, et c’est agréable, il y a moins d’attentes, moins de pression.

 

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