Grand Bal – Sortir le corps du cadre conventionnel de la danse

>> »Hors d’âge” le 28 avril à 14h30

Après des études de danse en France et aux USA, Isabelle Magnin a dansé avec divers chorégraphes, a travaillé au cinéma et avec la compagnie Renaud-Barrault avant de créer sa propre compagnie. Relocalisée à Toulon, elle a été une des initiatrices du premier groupement d’employeurs du Var.

Peux-tu nous présenter la Compagnie Grand Bal ?
La compagnie a été fondée en 1992 à Paris, avec pour idée de repenser la danse et le spectacle vivant, en les rendant accessibles à tous. Je travaillais alors souvent en Italie, et ce fut plus pratique de revenir vivre à Toulon où j’avais déjà résidé quand j’étais adolescente. Nous cherchons à désacraliser la danse en proposant des spectacles qui sortent des sentiers battus, avec une diversité d’artistes et de styles. Notre objectif est de créer une proximité entre les artistes et le public, en parlant des gens et en mettant en lumière le corps dansant dans toutes ses expressions. J’essaie de sortir le spectacle du cadre classique de la scène. En 2019, par exemple, j’ai réalisé un projet de mapping à Mont-Dauphin, un lieu chargé d’histoire. Plutôt que de simplement mettre en valeur le patrimoine, j’ai utilisé cette technique pour projeter des images des habitants en mouvement sur les murs de la Place Forte. Cela a permis de créer une connexion entre les personnes et leur environnement, en transformant leurs récits en mouvements dansants. Nous travaillons aussi sur plusieurs projets avec des artistes et des chorégraphes femmes européennes dans le cadre d’Erasmus. L’objectif est d’explorer les approches de différentes réalités pour créer cette proximité avec le public. Nous voulons également soutenir les femmes chorégraphes, qui rencontrent parfois des difficultés de financement à partir d’un certain âge. En 2028, nous prévoyons d’organiser une rencontre à Toulon pour mettre en lumière ces artistes.

Peux-tu nous expliquer comment tu as rencontré Mozaïc et quel rôle la structure a joué dans le développement de ta compagnie ?
Je crois être la première personne à avoir engagé Shanga, à sa sortie de la fac, pour l’administration de Grand Bal ! Ensuite, trois compagnies ont créé l’association Co.Com, qui a évolué en Mozaïc : Mireille Odin, qui était à Tisot, Jeanne Mathis et moi-même. J’ai toujours su qu’il était essentiel d’être accompagnée sur l’administratif, c’est tellement chronophage. Je n’aurais pas pu accomplir tout ce que j’ai fait sans Mozaïc. Par exemple, les projets européens se sont réalisés à la suite d’une formation offerte par Mozaïc. Leur accompagnement est comme un socle pour moi, je peux m’appuyer sur eux pour trouver le moyen de mettre en place mes projets, et c’est très important. C’est un long cheminement avec Shanga, le voir continuer le chemin est gratifiant. J’ai aussi des liens d’amitié avec certaines personnes qui sont au bureau. Pendant le confinement, j’ai organisé un spectacle dans un dispositif scénique que j’appelle « la boite » et j’ai d’abord proposé au noyau d’artistes de Mozaïc d’y participer. Avoir ces artistes qui font partie de la même structure, que tu connais bien, et avec qui tu partages des affinités, c’est important.

Enfin, peux-tu nous parler de ce que tu présenteras lors du festival ?
Je présenterai une pièce intitulée « Hors d’âge », un clin d’œil aux grands alcools qui ont plus de vingt-cinq ans d’âge, un solo qui s’adresse directement au public, sur la relation entre l’artiste et son auditoire et pour remercier celui-ci. Ce sera un mélange de parole, de danse et même de langue des signes, destiné à être présenté dans divers lieux, y compris en dehors des scènes traditionnelles. Châteauvallon est un lieu mythique pour la danse, où j’ai été en résidence, c’est donc un lieu important pour moi.