Grégory Grosjean – Manus Dei.

« Du bout des doigts – Une histoire à danser », le 18 mars au Théâtre de l’Esplanade à Draguignan.

Gabriella Iacono et Grégory Grosjean sont danseurs et ra­content à leur manière, du bout des doigts, l’histoire de la danse du XXe siècle. Des chorégraphies de mains, dans multiples décors, filmées en direct et projetées sur grand écran opèrent un tour de passe-passe extraordinaire. Un spectacle programmé dans le cadre du Festival L’ImpruDanse.

Comment deux danseurs en viennent-ils à concevoir un spectacle de danse des doigts ?

C’est une longue histoire… Cela a commencé avec un collectif dont nous faisions partie en 2011. Puis Gabriella Iacono et moi nous sommes détachés de cette compagnie et le spectacle présenté actuellement est le troisième de la série basée sur ce système. Mais l’origine de l’idée est antérieure, elle est née pendant un atelier dans le cadre du Festival Temps d’image, à l’initiative d’Arte et de La Ferme du Buisson (Centre culturel). Nous avions une semaine pour créer un spectacle (ce qui est très court), qui devait avoir pour thème : le cinéma, la danse et le théâtre en relation. Nous avions peu de matériel, et quand nous avons dû aborder l’atelier cinéma et danse, après avoir longuement discuté des possibilités, Jaco Van Dormael (réalisateur) a eu cette idée de filmer les doigts qui dansent. C’était il y a vingt ans ! Puis le projet est resté dans les placards pendant longtemps, et nous avons finalement fait un premier spectacle en 2011, un deuxième en 2015 et celui-ci date de 2020.

Comment se déroule le spectacle ?

Dans les autres spectacles, il y avait une histoire, alors que dans celui-ci, comme Gabriella et moi avons un peu le même parcours de danse – c’est à dire que nous venons de la danse classique et avons basculé vers la danse contemporaine – nous avons voulu revisiter l’histoire de la danse, aussi pour le plaisir de danser des pièces que le déroulement de nos expériences professionnelles ne nous a pas permis d’interpréter. Sur scène, nous changeons d’échelle et passons de nos corps qui dansent, aux petits personnages créés par nos mains. Nos doigts évoluent dans une vingtaine de décors miniatures, ce qui est impossible dans un spectacle grandeur nature, c’est comme une boite magique. Tout est donc à l’échelle de la main et filmé par une caméra sur grue, l’image étant projetée en direct sur grand écran. C’est vraiment une performance pour le cameraman, car il réalise le plan comme s’il était déjà monté et avec une partition très précise, impliquant musique et images.

Le spectacle s’adresse-t-il à un public initié ?

Pas du tout ! La danse contemporaine est très codifiée, souvent très réservée et pas toujours accessible, mais ce spectacle est vraiment ouvert à tous, nous l’avons créer pour partager notre expérience avec un large public. C’est un voyage dans l’Histoire et dans l’histoire de la danse, principalement durant le XXe siècle aux Etats-Unis et en Europe, car le lien entre les deux est très fort. Mais ce périple peut se faire au travers de différentes grilles de lecture, une lecture pour les enfants, et une pour adultes, avec des références à l’Art, la peinture, la photo, mais surtout, chacun peut y voir ce qu’il veut !

Vous animez également des ateliers de danse avec les doigts ?

Oui, depuis que nous faisons ce spectacle, nous avons été sollicité pour animer des ateliers. Cette technique permet d’accéder plus facilement à la danse, car cela n’implique que les doigts, il y a donc moins d’inhibitions. J’ai fait ces ateliers un peu partout mais aussi dans un IME et dans divers services de neurologie, afin de créer un lien entre patients et soignants. Je découvre beaucoup de choses, c’est passionnant.

Weena Truscelli

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