Guillaume Cantillon – Le théâtre doit aussi interroger la société.

>> « Mort le soleil », du 3 au 8 octobre au théâtre Le Rocher à La Garde et Les 29 et 30 mai 2024 au Liberté à Toulon

Guillaume, pour la création annuelle de sa compagnie, a décidé de passer commande d’un texte à l’autrice Gwendoline Soublin : un texte fort, où il incarne un masculiniste, le jour de sa libération, après trente ans de détention.

Ta compagnie, le Cabinet de Curiosités, est en résidence au Rocher depuis treize ans. En quoi cela consiste-t-il ?
Chaque année, nous créons une nouvelle pièce de théâtre, en alternance deux formes légères et une plus importante, ce qui est le cas de cette nouvelle création « Mort le Soleil », réalisée en coproduction avec Châteauvallon-Liberté scène nationale. En parallèle, nous organisons des ateliers hebdomadaires. Nous proposons aussi un stage pour adolescents et répondons à des demandes ponctuelles de la ville.

Pour cette création, tu as fait appel à l’autrice Gwendoline Soublin. Peux-tu nous parler de ce choix et de son style d’écriture ?
J’ai découvert ses textes et j’ai été immédiatement séduit. Son écriture aborde des thèmes qui me touchent et est très en lien avec la poésie, le lyrisme. On y retrouve aussi de l’humour et une certaine âpreté. Elle rédige ce qu’elle appelle des poèmes dramatiques, j’aime l’appellation. Elle écrit également pour le jeune public. Ici, nous explorons un univers sombre, mais parsemé d’éclats laissant place au rire offrant ainsi une soupape émotionnelle.

Le sujet de la pièce porte sur les masculinistes. Pourquoi ce choix et peux-tu nous expliquer qui ils sont ?
C’est un choix de Gwendoline, auquel j’ai adhéré. La pièce traite des masculinistes radicaux car il existe différentes mouvances de masculinistes, plus ou moins violentes. Bien sûr, tout cela entre en résonnance avec le mouvement #MeToo. C’est une période complexe où en tant qu’homme, il est crucial de remettre en question notre relation avec les femmes, celle avec qui l’on partage notre vie, celles qui l’ont partagée auparavant et également notre rapport à la transmission, quand on a des enfants, ce qui est mon cas. Il faut regarder tout cela en face même si ce n’est pas toujours glorieux. Gwendoline a aussi fait ce choix fort de mettre un ennemi au plateau et non une victime. Nous sommes dans une société qui se replie sur elle-même et certains cherchent à s’affirmer en appartenant à des groupes, en opposition à d’autres groupes. Ici, nous parlons d’un sous-groupe des masculinistes, les Incels (célibataires involontaires ndlr) qui sont très actifs et prônent un contre-féminisme. Cette pièce interroge la violence inhérente à nos sociétés contemporaines et explore également comment les jeunes peuvent se perdre dans les réseaux.

Tu m’évoquais la difficulté de remplir les salles avec des sujets assez graves, mais tu estimes cela nécessaire, en quoi ?
C’est vrai que j’entends souvent cela. Mais le théâtre ne doit pas être uniquement associé au divertissement, bien que cela soit un aspect important et intéressant. Il doit aussi retrouver sa fonction première qui est de questionner la société. C’est un moyen de susciter des débats, de confronter les points de vue et de découvrir de nouvelles perspectives. Mais on ne vient pas uniquement pour un sujet, on vient aussi découvrir une langue, l’interprétation des acteurs, une façon d’éclairer un plateau…

Peux-tu nous détailler la scénographie et ta vision artistique ?
La scénographie évoque la cellule dans laquelle le personnage est enfermé. La mise en scène est volontairement minimaliste, mettant en avant l’acteur et le texte. J’ai cherché à simplifier au maximum, envisageant même au départ de simplement dire le texte derrière un pupitre.

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