Guillaume Pujol – La transe stupéfiante du Diable noir.

>>Dossier spécial: Festival Regards sur Rue #5 à la Seyne Symfeuny, samedi 28 à 20h30, Parc de la Navale

Déambulation, percussions et pyrotechnie vont prendre possession du Parc de la Navale avec Daebru Beltzac, compagnie basque, qui accueille en son sein quelques français, dont Guillaume Pujol, percussionniste et artificier qui nous en dit plus sur ce spectacle surprenant.

Deabru Beltzak semble avoir fait le tour du monde ! Comment est née la compagnie ?
En basque, Deabru veut dire diable, et Beltzac, noir. La compagnie se revendique basque et a été créée il y a à peu près trente ans. Après des débuts de marionnettistes, Deabru Beltzak a commencé à mettre en place des spectacles axés sur la déambulation, les percussions et quelques effets pyrotechniques. Leur création « Les Tambours de Feu », qui mêle artifices et ambulatoire, percussions et comédie – car les musiciens jouent beaucoup avec le public – a vraiment assis leur notoriété. Elle a été joué plus de trois mille fois, sur tous les continents. Je n’étais pas encore avec eux à l’époque, je les ai rencontré vers 2018.

Vous concevez les effets pyrotechniques, c’est un métier plutôt rare ?
C’est parce que je suis percussionniste et artificier qu’ils m’ont proposé que nous concevions un spectacle ensemble, et c’est alors qu’est né « Symfeuny ». Nous sommes restés sur l’aspect déambulatoire et percussions, qui fait la force des Deabru Beltzak et y avons ajouté un final sur scène et mon savoir-faire ! Car je tire les feux d’artifice en direct, à la main, c’est toute l’originalité de ce spectacle. Très souvent, étant donnée la précision du tir, les gens viennent nous demander si les effets pyrotechniques sont programmés, enregistrés, ou s’il y a des capteurs sur les peaux des percussions, mais non, tout est tiré à la main. Je suis le sixième musicien, mais mon instrument, c’est le feu. Le spectacle a beaucoup tourné, surtout au Pays-Basque, en Espagne et en France, puis le COVID est arrivé et ça a été très difficile pour notre forme d’expression. Heureusement, l’activité de la compagnie reprend depuis l’année dernière et on espère la développer encore davantage à l’international en 2025.

Quelle réaction cherchez-vous à provoquer dans le public avec le feu et les tambours ?
Pour moi, l’idée a été de prendre le point culminant du savoir-faire de chacun, que ce soit en musique, en rythmes, en maquillage, en chorégraphie ou en artifice. Du début à la fin, et même dans les processus de montage et démontage, tout est optimisé pour que ça aille très vite et, dans tous les tableaux que nous présentons, qui sont de belles images, ce qui compte est de surprendre le public par les effets pyrotechniques et leur parfaite synchronisation. Ce n’est pas un feu d’artifice qui accompagne un spectacle, les artifices font partie intégrante de la performance. Les gens rentrent dans une espèce de transe, car une fois que l’on commence, ça ne fait que monter et finalement, le public trouve toujours que ça n’a pas été assez long !

Pensez-vous que cela fasse peur ?
Pour les gens des premiers rangs peut-être, car l’idée est de garder une proximité tout en cultivant le mystère, grâce aux lumières, aux maquillages et au jeu des musiciens. Les enfants peuvent être terrorisés, mais ils adorent et après la représentation les artistes viennent au contact du public et les enfants voient des personnages et sont heureux. C’est la rue, on sent l’odeur de la poudre, il peut y avoir des petits « ratés », mais c’est vivant et c’est ce que l’on aime.

Weena Truscelli

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