harmonia sacra Palestrina et Lassus – génies de la musique de la fin du XVIe siècle.
>> Le 23 août à la Tour Royale à Toulon, le 24 août à l’Abbaye du Thoronet et le 25 août à la Collégiale Notre-Dame de Villeneuve-lez-Avignon.
La science de l’harmonie et la maîtrise de la rhétorique sont les outils d’un art dont le but ultime est de mener l’esprit vers un absolu qui peut toucher au divin. Orlande de Lassus et Giovanni Pierluigi da Palestrina possédaient indéniablement les secrets de ce métier qui nous permet d’accéder aujourd’hui à l’esprit et au goût d’une époque, la Renaissance.
Les vies de Giovanni Pierluigi da Palestrina et d’Orlande de Lassus sont à la fois étonnamment mêlées et radicalement différentes par les chemins empruntés et le tempérament exprimé, leurs musiques en témoignent. Giovanni, le sédentaire (il sera sa vie durant au service de la papauté) écrit une musique liturgique fortement inspirée par la Contre-Réforme alors que la musique profane ne sera que secondaire dans sa production. Orlande, le nomade (des Flandres à Munich en passant par Naples, Rome et Londres) compose dans des styles aussi divers que le madrigal italien, la chanson française galante voire gaillarde et la musique sacrée. Le style de Palestrina est un exemple de contrepoint maîtrisé et abouti, celui de Lassus est foisonnant d’idées et riche de caractère, de nouveautés et de formes.
Parmi les cent-quatre messes composées par Palestrina, nous avons choisi l’une des plus abouties du maître romain, la missa « Nasce la gioia mia » qui est une messe parodie inspirée du madrigal éponyme du compositeur napolitain Giovan Leonardo Primavera, ami de Carlo Gesualdo. Ce madrigal au sujet amoureux compare la présence du soleil avec celui de la bien-aimée. L’utilisation d’une œuvre profane comme source d’inspiration était chose courante au XVIe siècle, d’autant plus quand, comme dans le cas présent, l’on peut aisément assimiler Dieu et l’Église au soleil et à la belle inconnue… Le choix de Giovanni Pierluigi da Palestrina est naturellement lié à cette possibilité mais également à la qualité d’écriture de ce madrigal dont l’utilisation peut être considérée comme un hommage à Giovan Leonardo Primavera.
Pour accompagner la messe de Palestrina, plusieurs motets d’Orlande de Lassus…
Roland de Lassus, Orlando di Lasso, alors pourquoi Orlande ? Cette question nous est très souvent posée. En tant que bon seiziémiste, nous nous référons à notre cher Pierre de Ronsard « prince des poètes et poète des princes » dont nous fêtons d’ailleurs cette année les 500 ans. Il surnommait notre compositeur le « divin Orlande », une reconnaissance que vous pourrez estimer à votre tour en écoutant tour à tour : le lumineux « Cantate Domino » sur le texte du psaume 97 et le saisissant « Timor et tremor », tous deux en deux parties, l’antienne mariale « Salve Regina » chère à saint Bernard de Clairvaux et plus globalement à l’ordre cistercien, mais aussi l’hymne eucharistique « Ave verum corpus » dont le texte est attribué au pape du XIVe siècle Innocent VI. Et enfin pour terminer ce programme consacré à la messe parodie, voici un « magnificat parodie », le Magnificat « Susanne un jour » composé par Orlande de Lassus à partir de sa propre chanson dont le texte de Guillaume Guéroult est inspiré du chapitre 13 du Livre de Daniel… l’épisode de Susanne et des deux vieillards. Ce sujet biblique poignant clôt un programme consacré aux deux géants de la musique de la fin du XVIe siècle dont nous commémorons les 430 ans de la disparition. Un moment intense, spirituel et savant…
Comme chaque année, Les Voix Animées passe une commande d’œuvres musicales spécialement composées pour l’ensemble a cappella et pour l’Abbaye du Thoronet avec le soutien de la Sacem. Une œuvre de Fabio Marra, compositeur associé au cycle « Entre pierres et mer » #13, complète ce programme.
Giovanni Pierluigi da Palestrina, vers 1525/1594, occupe une place toute remarquable dans l’histoire de la musique. Son art du contrepoint, pris comme modèle par des générations de compositeurs, a su concilier les objectifs esthétiques de la Contre-Réforme et la perfection du « stile antico ». En 1555, contraint de quitter la Cappella Sistina à cause de la règle du célibat nouvellement appliquée aux chantres, il succède au jeune Orlande de Lassus et devient maître de chapelle à Saint-Jean-de-Latran. De 1571 à sa mort en 1594, il est maître de chapelle à la Cappella Giulia.
Orlande de Lassus, 1532/1594, est né à Mons où il commence très jeune la musique. Sa vie est un roman qui débute par des tentatives d’enlèvement, ses dons exceptionnels attiraient les convoitises. À l’âge de douze ans, il suit Ferdinand Ier Gonzague en Italie, puis il s’installe à Rome où il devient en 1553 maître de chapelle à Saint-Jean-de-Latran. Puis ce sera Paris, Londres et enfin Munich où il est maître de chapelle jusqu’à sa mort en 1594. Sa musique, environ deux mille œuvres référencées, est riche de formes, de styles et d’innovations.
Giovan Francesco Primavera, 1540/1585, est né à Barletta et il passe l’essentiel de sa vie à Naples. Sa production est principalement composée de madrigaux et de villanelles dans le style napolitain. Sa pièce majeure est « Nasce la gioia mia ».
Programmation :
Nasce la gioia mia G. F. Primavera
Kyrie – Missa « Nasce la gioia mia » G. P. da Palestrina
Cantate Domino Orlande de Lassus
Gloria – Missa « Nasce la gioia mia » G. P. da Palestrina
Timor et tremor Orlande de Lassus
Credo – Missa « Nasce la gioia mia » G. P. da Palestrina
Salve Regina Orlande de Lassus
Sanctus & Benedictus – Missa « Nasce la gioia mia » G. P. da Palestrina
Ave verum corpus Orlande de Lassus
Agnus Dei – Missa « Nasce la gioia mia » G. P. da Palestrina
Motet* Fabio Marra (création)
Magnificat « Susanne un jour » Orlande de Lassus
Distribution :
Maud Bessard-Morandas, soprano
Ariane Zanatta, soprano
Maximin Marchand, contre-ténor
Damien Roquetty, ténor
Camille Leblond, ténor
Luc Coadou, basse