HIFIKLUB – A l’épreuve du feu

Hifiklub, le groupe de rock expérimental toulonnais, que nous avons eu le grand plaisir de voir à l’anniversaire de notre magazine est spécialiste des collaborations prestigieuses. Cette fois, ils invitent nul autre que le clavier du groupe Faith No More, pour un album à sortir prochainement chez notre partenaire le label Toolong Records : « Things that were lost in the fire ». Le groupe vient de révéler le premier single, avec un clip à ne pas manquer sur YouTube.

Comment avez-vous rencontré Roddy Bottum ?

Nous nous sommes rencontrés fortuitement à une exposition à New York, alors que nous réalisions notre projet « In Doubt, Shadow Him! » avec Lee Ranaldo (Sonic Youth). C’était un soir glacial de semaine, Lee nous a proposé d’aller à un vernissage chez Printed Matter pour faire un break. Lee et Roddy ne se connaissaient pas mais une conversation se lança rapidement. Roddy fut intrigué par la présence de quatre toulonnais dans le studio de Sonic Youth. Quelques mois plus tard, un premier rapprochement musical entre Hifiklub et Roddy Bottum se concrétisa à distance à l’occasion d’un album célébrant la poétesse américaine Emily Dickinson.

Vous avez créé la musique, de votre côté, très rapidement, en sessions live, comme à votre habitude. Vous l’avez imaginée en pensant à Roddy ?

Totalement. L’album dans son ensemble a été spécifiquement composé pour cette collaboration. C’est notre travail dans le cadre de l’hommage à Emily Dickinson qui nous a très vite poussé à prolonger nos échanges autour d’un long format. Il nous a fallu un mois pour spontanément composer les bases rythmiques et mélodiques de neuf titres auxquels s’est ajoutée une reprise très singulière de Eye of the Tiger (Survivor). Le tout fut enregistré en une seule journée, dans les sous-sols d’une ancienne boite de nuit, sombre et humide.

Pourquoi sortir l’album avec Toolong Records ?

Nous connaissions bien évidemment le catalogue remarquable de Toolong et son engagement pour certaines musiques, dont la pop. Le fait que cet album soit plus immédiat nous a poussé à transmettre à Alexandre Telliez-Moreni, fondateur du label, les premiers mixages. Son enthousiasme fut immédiat. Grâce à toutes les collaborations que nous avons pu réaliser depuis 2006 (plus de cent cinquante à ce jour), le champ d’intervention du groupe est – certes – international, mais notre ancrage local constitue également un fil conducteur essentiel au sein de notre discographie: Mayol, On Dirait Le Sud, Dark Side Of The Stadium et bien d’autres projets à venir. Nous partageons avec Toolong des préoccupations territoriales et approches artistiques communes.

C’est assez dark, mais aussi moins expérimental qu’à votre habitude, c’est délibéré ?

La caractère plus « pop » et dansant était présent dans nos esprits dès le départ. Nous aimons cette notion de contraste entre nos différents albums. Cela fait partie de notre démarche globale. L’intention initiale s’inspirait directement du cadre de travail particulier décrit plus haut: une transe pop, des formats resserrés qui contrastent avec les dernières propositions expérimentales d’Hifiklub. Nous devons le côté dark à Roddy Bottum qui, reprenant à son compte la spontanéité marquée des pistes musicales, a écrit en studio des arrangements et des textes qui ont orienté les compositions vers une noirceur définitive. La voix de Bottum, profonde et mélancolique, conféra au projet une sensualité inattendue que la production moderne d’Anthony Belguise amplifia au plus haut point.

Donc Eye of the Tiger est une chanson vachement cool ?!?!??

Qui a dit le contraire ?