Hugo Gonzalez-Piolo – Faire parler les films.

17.11 – 14h30 – Opéra de Toulon.

 

Hugo et le FiMé : une belle histoire, qui dure depuis plusieurs années. Notre varois s’est en effet spécialisé dans la composition de musiques de films, sortant même major de promo de son Master à l’ USC (Californie du Sud). Il vient d’être accueilli pendant un an en tant que résident à l’Opéra de Toulon, et cette année mettra en musique un film avec Harold Lloyd pendant le festival, et un programme de courts de Charlot en février.

 

Que vous a apporté votre résidence à l’Opéra de Toulon ?

C’était une expérience exceptionnelle, très riche professionnellement. C’est une opportunité de pouvoir travailler avec l’orchestre symphonique professionnel de l’Opéra de Toulon. Pour composer, c’est idéal : on peut entendre tout de suite la musique que l’on a imaginé, constaté ce qui marche et ce qui ne marche pas. J’ai aussi eu la chance de régulièrement diriger l’ensemble en tant que chef d’orchestre, les faire travailler, essayer d’avoir une bonne énergie avec eux, et aller au bout d’un projet…

Pourquoi le choix de cette spécialité ?

Je fais de la musique depuis que j’ai huit ans. J’ai commencé par la trompette à l’école de musique de La Seyne-sur- Mer. Vers l’âge de dix ans, je me suis mis à composer, sans apprendre encore la composition. Je regardais beaucoup de films d’animation, et me suis rendu compte du pouvoir de la musique dans un film. Grâce à elle, on peut manipuler les émotions des gens, leur faire peur, créer des scènes d’amour… Je me suis dit que c’était un beau métier. C’est vers l’âge de quinze ans que j’ai décidé de tout mettre en œuvre et d’étudier cette discipline.

Vous travaillez avec le FiMé depuis quelques années déjà…

J’ai commencé en 2013, en faisant la première partie du compositeur Timothy Brock, un grand spécialiste du film muet, et notamment de Chaplin. A cette époque, il dirigeait les ciné-concerts de l’Opéra de Toulon. Moi, je sortais de mes études aux Etats-Unis, et j’avais composé une bande originale pour Charlot fait une cure, que j’ai jouée en première partie. J’ai aussi eu l’occasion d’y jouer ma composition pour Charlot policeman. Mon travail a plu à l’Opéra et à l’équipe du FiMé. Ils ont décidé de me donner ma chance, et de me laisser diriger par la suite les longs métrages. Depuis, j’ai pu diriger l’orchestre sur : Les lumières de la ville, avec une musique composée par Charlie Chaplin lui-même, puis La Ruée vers l’or, un Buster Keaton, The Kid, et divers courts-métrages. C’est une belle aventure qui dure depuis plusieurs années.

Cette fois vous dirigez l’orchestre sur Safety Last…

Oui, sur la musique de Carl Davies. C’est un film avec Harold Lloyd, de 1924, qui dure une heure et demi et je serai chef d’orchestre. En ce moment, je suis en train de composer le programme que nous jouerons en février à l’Opéra : Charlot tous courts n°2. J’y dirigerai l’orchestre sur Charlot fait une cure, sur Charlot patine, que je suis en train de créer, et sur Charlot usurier, qui sera une création mondiale. Je souhaite ensuite la jouer avec d’autres orchestres, la faire vivre, la faire tourner.

Comment composez-vous vos musiques de films ?

Tout d’abord, je regarde les films, en faisant un découpage. J’observe les thèmes : le personnage de Charlot, la fille, l’amour, le grand méchant… Je fais un découpage par scène, pour avoir une vue d’ensemble du film, voir ce qu’il s’y passe. Puis je rentre dans le détail. Je commence par un thème en particulier, Charlot par exemple. Je lui crée ce que l’on appelle aussi un thème d’ailleurs, puis je vois dans quelles scènes je peux l’appliquer. Je fais un montage/collage. Je commence large, puis je zoome. Enfin, je travaille la cohérence, la fluidité, les respirations, la comédie. Il faut que ça fasse parler le film.

Type de musique :

Musique classique Spécialisé dans les Musiques d’écran

instruments :

Trompette, Chef d’orchestre

Souvenir de concert : 

A chaque concert, je suis dans le même état : je suis dans ma bulle, concentré. Il faut synchroniser le film et les musiciens, rendre l’expérience magnifique pour le public. Quand je réalise que c’est terminé, la bulle explose, j’entends les applaudissements des gens… A ce moment précis je ressens de fortes émotions : joie et bien-être.

 

 

                                                                                 

SAFETY LAST

DE FRED C. NEWMEYER

Film muet – Noir & Blanc – États-Unis – 1923 – 70 min.

Avec Harold Lloyd, Mildred Davis, Noah Young Afin d’épouser sa bien aimée, Harold décide d’aller faire fortune à la ville. Il survit grâce à de petits boulots et, lorsque celle-ci vient le rejoindre, il est dans l’impossibilité de la recevoir dignement mais parvient à le cacher en se faisant passer pour le directeur du magasin où il travaille. Afin de toucher l’argent dont il a besoin pour se marier, il propose à son directeur une opération de promotion pour laquelle il pense utiliser les talents d’un ami capable d’escalader des immeubles. Mais l’ami ne peut tenir son engagement et Harold doit se lancer dans l’ascension de l’immeuble du magasin…