ISABELLE MAGNIN, Je fais rentrer le public dans la danse.

Projection du Film «Danser» à la Tour des Templiers le 11 Septembre 2018

Isabelle Magnin est danseuse et chorégraphe. Elle crée sa compagnie Grand Bal à Paris avant de s’établir à Toulon en 2007. Aujourd’hui, elle collabore avec la compagnie We Need’ It et travaille sur des scénographies numériques ainsi que sur des expérimentations créatives avec le public. Nous la retrouvons pour parler de ses projets.

Dans vos derniers projets, vous présentez le processus de création comme une œuvre potentielle. Qu’est ce qui vous a mené à ce type de réflexion?
Je réfléchis, à ce que c’est, aujourd’hui, être un chorégraphe. Je me suis toujours posée la question de la personne humaine, dans sa singularité et de comment le corps sensible peut trouver sa place dans la société. Je rencontre des personnes qui ont des manières différentes d’aborder et des gens qui n’ont pas la même entité chorégraphique que moi. Je cherche un sens commun entre nous malgré notre langage, nos esthétiques différentes, et nous créons ensemble. L’oeuvre est donc dans le processus de la création. A mes débuts de chorégraphe, je faisais des spectacles pour les danses en elles-mêmes avec les artistes et le public séparés. Petit à petit, j’ai voulu intégrer le public à mes créations. Je me suis demandée ce que ce serait de ne plus seulement être « face à » la représentation mais « aux côtés de ». J’aimerais renvoyer chaque spectateur à sa propre sensibilité.

Vous avez, par exemple, un projet qui intègre directement le public à la création ?
Oui, notamment « Danser ! » prévu pour fin 2019. L’idée est de faire rentrer un public réduit dans une salle de spectacle sans donner la moindre consigne mais tout le monde est en scène. Je suis à la recherche de stimuli qui vont faire rentrer le public dans la danse. Pour ce travail, j’organise des résidences de recherche entre nous ou avec des publics différents pour tester cette réflexion.

Les vidéos de vos projets sont assez élaborées et subliment les danses. Certaines danses sont-elles préparées pour la vidéo ou bien c’est au vidéaste de s’y adapter ?
Tout dépend de la nature du projet. Il arrive que ce soit moi seule l’auteure. Dans ce cas, le vidéaste avec qui je travaille, Caillou Varlet, s’y adapte et filme. Si je l’ai choisi lui, ou bien parfois Axel Queval de la même compagnie We Need’ It, c’est qu’ils viennent du milieu de la danse. Je les connais bien, nous avons la même sensibilité. Parfois, nous créons ensemble, comme sur « Carte d’Identité Chorégraphique ». Je m’occupe de l’écriture chorégraphique et Caillou et Axel donnent leurs points de vues. On monte généralement les vidéos ensemble.

C’est justement avec Caillou Varlet que vous travaillez sur un projet de film pour les Journées du Patrimoine en septembre.
Oui. Ce sera un film autour des vestiges du château de Hyères, qui sera présenté à la Tour des Templiers. Dans ce projet filmé en plusieurs jours, nous voulons reconstituer le mouvement des foules de l’époque lors des fouilles, en créant des images, des présences, qui parleraient au public. Des enfants de Hyères seront inclus au projet ainsi que des jeunes artistes et même ceux qui travaillent pour le service du patrimoine. Je veux que l’on travaille ensemble et que ce projet fédère. Nous allons investir ce lieu pour le faire revivre, de manière plus ou moins chorégraphique.

Vos projets à venir seront-ils également liés à la création de contenus numériques ?
Oui. Je travaille notamment sur un projet, en Italie, autour des formes nouvelles numériques. Je vais travailler encore une fois avec Axel Queval car nous avons l’habitude de collaborer.
Maya Trufaut

https://www.ciegrandbal.com/

https://www.hyeres-tourisme.com/patrimoine-culturel/tour-des-templiers/