Ivan Dmitrieff & Louise Di Fazio, l’art de la lumière

Il est poète, elle crée des vitraux. Deux arts qui a priori sont éloignés. Pourtant avec un peu d’imagination et d’envie, nous pouvons trouver des passerelles entre toutes les formes d’art. Le 15 septembre ils nous proposeront un premier rendez-vous pour nous faire partager leur travail commun.

Réunir poésie et création de vitrail, une idée peu commune, comment vous est-elle venue ?
Ivan : L’idée a pris corps lors d’un échange profond sur nos arts respectifs, reflétant tous deux une dimension spirituelle libre de tous dogmes. D’un côté, j’avais dans l’esprit de trouver un support non-conventionnel à ma poésie et de l’autre coté Louise avait un projet dans ses cartons qui s’est avéré pouvoir répondre à ma recherche. Nous avons commencé alors à faire mûrir peu à peu le lien entre créations vitrail et textes poétiques.
Concrètement, quelles passerelles arrive-t-on à trouver entre ces deux arts…
Deux passerelles se sont présentées à nous comme une évidence : la première est la lumière dont il est fortement question dans ma poésie et qui par ailleurs révèle le vitrail. La deuxième est d’ordre technique : l’encre de l’écriture sur papier devient grisaille sur le verre.
Que nous réservez-vous pour votre événement le 15 septembre ?
Une présentation de l’état d’avancement de notre exploration artistique et de notre projet d’exposition globale prévue au cours du dernier trimestre 2019. Notre cheminement sera jalonné par trois autres rendez-vous les 26 janvier 2019, dans le cadre des « Hivernales de l’Espace Arc-en Ciel », le 6 avril 2019, dans le cadre des Journées Européennes des Métiers d’Art, et le 14 septembre 2019 lors des Journées Européennes du Patrimoine qui viendront faire la boucle d’une année de recherche et de création. Dans un souhait d’échanges conviviaux avec le public, cette présentation offrira une animation poétique et musicale autour de trois poèmes qui font partie de cette exploration artistique.
Ivan, peux-tu nous décrire un peu plus ton art poétique ?
Mon écriture est inspirée par le processus du vivant dans la nature comme dans l’humain. Certains poèmes son très épurés, minimalistes, remplis de silence ; d’autres sont portés par un souffle lyrique en de longues phrases sans aucune ponctuation. Une autre forme se dégage également qui fait la part belle à un regard amusé et décalé sur le monde. Enfin, l’essence de ma poésie tente de partager une autre perception de la réalité que l’on nomme habituellement la non dualité. C’est-à-dire une vision du réel où rien n’est opposé ni séparé. On parle aussi d’unicité, qui est d’ailleurs le nom de mon dernier éditeur (« A la table de silence suivi de Poèmes en scène » Editions Unicité 2017).
Louise, comment crées-tu tes vitraux ?
Mon inspiration vient de ma perception du mouvement de la vie que j’ai envie de raconter pour le partager, et en cela c’est une forme de narration comme la poésie, avec la même force suggestive. Elle s’exprime d’abord par des lignes et des contours qui se posent au gré de mon intuition, et révèlent des ondes de forme symboliques, un graphisme qui met le vitrail en mouvement. Puis, viennent les couleurs et les matières de verre pour parachever l’ensemble harmonieusement, avec toujours à l’esprit, comme un fil conducteur invisible, le rayonnement imaginé ; l’instant magique restant au final la découverte du vitrail mis en lumière.

Extrait du poème : « Le chant du non né »
Des dix mille êtres / le chant du non né / à l’opéra du ciel / Chacun venant seul / dans la présence / de la totalité (I. Dmitrieff)