J. Depardieu & J. Soichez – Un chef d’œuvre pour faire découvrir l’opéra aux enfants.
>>« Une Petite Flûte » les 7 et 8 février au Liberté à Toulon
L’Opéra de Toulon, toujours hors-les-murs pendant ses travaux, investit le Liberté, cette fois-ci avec une proposition jeune public. Julie Depardieu, que l’on connaît plus en tant qu’actrice, est à la mise en scène, et le chef Joël Soichez à la Direction Musicale. Ils adaptent « La Flûte enchantée « de Mozart dans une version interactive pour enfants située dans l’Egypte Ancienne.
Julie, qu’est-ce qui vous attire dans la mise en scène et pourquoi avoir choisi de créer un opéra pour enfants ?
Julie : J’adore l’opéra en tant que spectatrice. Quand on m’a proposé de mettre en scène un opéra pour enfants, je ne savais pas si j’en étais capable. Mais après avoir vu des enfants réagir dans une salle, je suis devenue convaincue : ils sont les meilleurs spectateurs du monde ! Très engagés, attentifs, ils comprennent tout. Travailler avec eux, c’est magique.
Joël Soichez : Pour moi, c’est une évidence. Les enfants sont un public curieux, et Mozart, avec sa musique pleine de fraîcheur et de tonicité, est idéal pour leur transmettre le goût de l’opéra. Leur enthousiasme est communicatif et rend chaque représentation unique.
Pourquoi avoir choisi « La Flûte enchantée » ?
Julie : C’est une proposition du Théâtre des Champs-Elysées. C’est un conte merveilleux, plein de grandes valeurs comme l’ouverture d’esprit et la quête de sagesse, qui parle aussi bien aux petits qu’aux grands. Avec son prince, sa princesse, et ses personnages ambivalents – le méchant n’est pas toujours celui qu’on croit –, c’est une histoire universelle et éducative.
Joël : C’est aussi l’un des opéras les plus célèbres de Mozart, un chef-d’œuvre intemporel. La musique soutient magnifiquement l’histoire et donne à chaque scène une énergie incroyable.
Julie, vous avez situé l’action dans l’Égypte antique. Pourquoi ce choix ?
C’était très en vogue à l’époque de Mozart. Il s’intéressait à l’Égypte, notamment en tant que Franc-Maçon. D’ailleurs, en France, « La Flûte enchantée »est arrivée en 1801 dans une version intitulée « Les Mystères d’Isis »qui comprenait diverses œuvres de Mozart et les transposait dans cet univers-là.
Comment avez-vous adapté cette œuvre au jeune public ?
Julie : Nous avons fait le choix de raccourcir l’opéra pour le rendre plus accessible. Cela n’a pas été facile de couper certaines parties, mais l’idée était de garder les morceaux les plus célèbres tout en simplifiant l’intrigue. Les costumes, les décors, et l’aspect interactif sont pensés pour stimuler leur imaginaire.
Joël : Nous avons dû raccourcir la partition. Avec Julie, Damien Robert et l’arrangeur Robin Melchior, on a trouvé un équilibre entre fidélité à l’œuvre originale et adaptation pour le jeune public. On a centré l’histoire sur les thèmes principaux, notamment l’amour entre le prince et la princesse, ce qui nous permettait de retirer certains airs. Nous avons aussi raccourci certains morceaux pour en inclure le plus possible. De nombreux titres sont des tubes que tout le monde connaît, il fallait les garder. La version finale dure 1h15 et est d’une intensité incroyable.
C’est un spectacle interactif, comment le public participe-t-il ?
Joël : Les enfants qui viennent lors des représentations scolaires ont préparé leur participation en classe : ils chantent des passages, exécutent des gestes chorégraphiques et même du vocabulaire en langue des signes. Pour les représentations tout public, on organise avant le spectacle une petite initiation avec une cheffe de chœur, pour que tout le monde puisse chanter avec nous. Les enfants participent sans retenue, contrairement aux adultes qui sont souvent plus inhibés. Mais quand ils osent, c’est un pur bonheur.
Qu’en est-il des chanteurs et des musiciens ?
Joël : Nous avons gardé les grands rôles de l’opéra original. Le public assiste à une vraie représentation d’opéra. Pour les chanteurs la complexité réside dans le fait que le livret a été traduit en français et les airs raccourcis. Nous serons accompagnés par l’orchestre de l’Opéra de Toulon. C’est une belle immersion dans le monde de l’opéra.
Julie : Les costumes, les voix, les décors… tout est conçu pour que les enfants soient captivés. C’est une véritable fête où chacun peut goûter à la beauté et à la magie de Mozart. Voir tous ces enfants chanter des airs magiques est un véritable antidépresseur.
Fabrice Lo Piccolo