Jean-Christophe Spinosi – La Collégiale est l’un des plus beaux lieux du monde.

Ensemble Matheus, les 15, 17 et 19 juillet à la Collégiale Saint-Pierre

Depuis plus de dix ans, l’Ensemble Matheus enchante les nuits d’été de Six-Fours. À la tête de trois concerts exceptionnels en juillet, son chef Jean-Christophe Spinosi nous raconte une aventure musicale et humaine hors du commun.

L’Ensemble Matheus est un orchestre à part. Il se produit dans les plus grandes salles d’opéra, mais joue aussi sur instruments d’époque, de la musique baroque à la musique contemporaine… voire populaire ! Il est pionnier dans cette polyvalence, et aujourd’hui encore, peu d’orchestres cumulent ce niveau d’exigence avec une telle diversité. En 2024, l’Ensemble a joué lors de deux cérémonies olympiques, un exploit unique. Le 11 août pour la clôture, puis le 28 août pour la réouverture des jeux paralympiques, avec « Daphnis et Chloé » de Ravel. L’orchestre a également joué pour le Pape en Corse, toujours en mondiovision. Ce rayonnement vient de leur manière d’aborder la musique : avec passion, exigence, mais sans cloisonnements. L’orchestre peut jouer à Salzbourg ou au Carnegie Hall, mais aussi aux Vieilles Charrues devant 80 000 personnes. « Ce qui compte, c’est porter la musique là où elle peut toucher, avec la même exigence, toujours. »

Depuis une douzaine d’années, vous revenez chaque été à Six-Fours avec l’Ensemble Matheus. Quel lien vous unit à ce festival ?
L’histoire a commencé à la Collégiale Saint-Pierre, pour le Festival de la Collégiale, qui a évolué par la suite en La Vague Classique. C’était la volonté de Jean-Sébastien Vialatte, le Maire de Six-Fours, et le fruit d’une rencontre chaleureuse. Depuis, nous y jouons chaque année. Pour nous, c’est une joie immense : c’est un des lieux les plus beaux du monde. On s’y sent proche des gens, l’ambiance est familiale, tout en gardant un niveau musical d’excellence. C’est rare de voir un festival d’un tel niveau international qui reste aussi accessible, aussi humain.

Qu’est-ce qui rend la Collégiale si spéciale pour vous ?
C’est un lieu absolument unique, initialement construit au Ve siècle. Il domine la vallée, la Méditerranée, Toulon… Même sans musique, il vibre déjà d’histoire. Et sur le plan acoustique, c’est un bijou, notamment pour la voix et la musique ancienne. Avec les récents travaux de rénovation, l’endroit est encore plus magique. Le public garde souvent un souvenir très fort de son premier concert ici, et a envie de revenir. Pour les musiciens aussi, c’est un moment attendu, un privilège de jouer dans un lieu aussi inspirant.

Cette année, trois concerts, trois époques. Racontez-nous ce voyage dans le temps.
Le 15 juillet, nous ouvrons avec « Les Vêpres de la Vierge » de Monteverdi, composées en 1610. Une œuvre magistrale, que je considère comme l’un des plus grands accomplissements de l’humanité, au même titre que les premiers pas sur la Lune ! C’est une pièce vocale complexe, exigeante, presque mystique, qui nous élève vers le ciel. Elle trouve dans la Collégiale un écrin parfait.
Le 17 juillet, place à « La Flûte Enchantée 2 », un projet inédit né de ma passion pour Mozart. J’ai repris un projet inachevé mêlant des extraits du livret de Goethe à des musiques instrumentales de Mozart, mais aussi de Haydn et Beethoven. C’est une création unique : la musique instrumentale de ces maîtres devient chant opératique. C’est la première fois que c’est réalisé ainsi.
Enfin, le 19 juillet, un gala Rossini, véritable feu d’artifice vocal. Plusieurs chanteurs, dont la grande Svetlina Stoyanova, interpréteront des extraits du « Barbier de Séville », « La Cenerentola » ou « L’Italienne à Alger ». Rossini, c’est la fête, et l’Ensemble Matheus est l’un des spécialistes mondiaux de son œuvre, tant dans le comique que le tragique.

Fabrice Lo Piccolo