Jean-Louis Sarrato – Un roman puissant, historique et épistolaire
« Le Premier Domino » , présent à la Fête du Livre du Var
Cet instituteur revestois à la retraite a consacré sa vie à l’écriture : de sa première pièce de théâtre au lycée, à ses biographies romancées en passant par ses articles dans un journal local à la Réunion ou ses one-man-shows à Paris. Il publie aujourd’hui chez l’Encre Y Est, maison d’édition revestoise également, un thriller historique.
Pourquoi avoir choisi de placer ce roman dans un cadre historique ?
L’idée du roman vient d’un événement réel, qui s’est déroulé au début du XXe siècle dans l’océan Pacifique sur l’île de Clipperton, anciennement appelée « l’île de la Passion », française mais devenue mexicaine. C’est un atoll minuscule où rien ne pousse, mais avec une importance stratégique. On y cultivait le guano et il comptait seulement une poignée d’habitants, dont des indiens proches d’un condition d’esclaves, ainsi qu’une garnison militaire. Alicia avait suivi son mari, le gouverneur de lîle, et ils étaient ravitaillés tous les trois ou quatre mois. Mais en 1905-1906, pendant les révolutions mexicaines, le gouvernement a oublié ces habitants sur cette île inhospitalière. Ils ont survécu comme ils ont pu pendant deux ans, jusqu’à ce qu’un bateau arrive, mais il ne restait qu’une poignée de survivants. Ayant vécu à l’île de la Réunion, je me souvenais d’une histoire similaire sur l’île de Tromelin, où des esclaves noirs avaient été abandonnés. Ces deux événements ont formé le début de mon récit. J’ai surtout été inspiré par le portrait de cette femme. Clipperton est devenue « l’île des Épousées », au large de Madagascar. Alicia est devenue Alice. J’ai voulu explorer un genre littéraire que je n’avais pas encore abordé, le roman historique. Cela impliquait d’effectuer des recherches pour être le plus précis possible. C’est aussi un roman épistolaire, composé de lettres que l’héroïne envoie à sa sœur. Pour corser les choses, ces lettres sont écrites par une jeune bourgeoise de province qui a vingt ans en 1907, donc plutôt éloignée de ce que je suis ! Le roman commence avec une héroïne vierge à tous les niveaux, qui pensait vivre à Paris et n’avait presque rien entendu de l’Afrique. Cependant, elle débarque sur cette île, où la situation est proche de l’esclavage, et découvre sa vie de femme et le rôle qu’elle doit jouer dans cette communauté.
Vous affectionnez particulièrement la forme du thriller. Qu’est-ce qui vous attire dans ce genre littéraire ?
J’aime placer un personnage ordinaire dans une situation où il est constamment en réaction. Il doit constamment trouver des solutions face aux pièges tendus par un « deus ex machina », ici l’auteur. Cela le conduit rapidement dans des situations où il doit trouver des ressources qu’il ne se connaissait pas. Les protagonistes sont confrontés à des émotions extrêmes, la colère se transforme en rage, ce qui est très intéressant à étudier. Mais le thriller n’est qu’un aspect du roman. Il est avant tout romanesque, avec de grands sentiments, de grandes aventures, et une ambiance rappelant les films des années 50 et 60.
Vous serez présent à la Fête du Livre du Var sur le stand de la librairie Mille Paresses. C’est un accomplissement pour vous ?
J’ai rencontré Mille Paresses en tant que client, et je leur fais confiance pour leur expertise en littérature. Ce sont de véritables libraires qui possèdent une connaissance approfondie du domaine. Pierre-Yves vient de m’appeler pour me dire de belles choses sur mon livre, ce qui me touche profondément. Participer à la Fête du Livre du Var à Toulon ou à celle du Pradet, tout en gardant la tête froide, me permet de me dire que j’ai ma place en tant qu’auteur. Il y a également une forte dimension affective, car mon histoire familiale est à Toulon, mon père était photographe de rue et ma mère vendait des journaux. C’est donc une fierté pour moi.
Fabrice Lo Piccolo