Jean-Marc Bouré – Le renouveau musical de l’abbaye du Thoronet.

Les 26 août et 9 septembre 2023 à l’abbaye du Thoronet

Les Voix Animées reviennent en concert les 26 août et 9 septembre 2023 à l’abbaye du Thoronet dans deux programmes confrontant musique anglaise et musique espagnole. Rencontre avec un fervent défenseur de la musique, Jean-Marc Bouré, administrateur des monuments nationaux du Var, chargé de l’abbaye du Thoronet et du cloître de Fréjus.

Vous avez été nommé dans le Var fin 2021 et, dès la saison 2022, un effort particulier en faveur de la musique a été constaté dans la programmation de l’abbaye du Thoronet. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Le Centre des monuments nationaux (CMN) qui ouvre au public et entretient l’abbaye du Thoronet a aussi pour mission d’animer les lieux dont il a la charge (plus de cent monuments appartenant à l’État). Dans ce cadre, l’administrateur de monument a une certaine marge de manœuvre. Je ne cache pas que j’ai une passion pour la musique classique (j’apprécie aussi beaucoup le jazz) qui m’a conduit depuis 1990 à créer plusieurs festivals et organiser plus de sept-cents concerts en Bretagne, en Bourgogne, au Mont-Saint-Michel, à Reims, et en région parisienne. J’ai également écrit des critiques de concerts dans « La Lettre du Musicien ». Le passé de l’abbaye du Thoronet ne pouvait donc que m’interpeler : jusqu’en 2019, les « Rencontres internationales de musique ancienne », festival accueilli à l’abbaye durant trente ans, ont en effet associé ce monument à la musique et largement participé à sa notoriété. Il était donc évident qu’il fallait relancer cette vie musicale.

Vous avez donc créé Les Musicales de l’abbaye du Thoronet. Quelle est leur philosophie ?
Donner un nom à la programmation était nécessaire et j’ai choisi ce titre un peu facile mais qui a le mérite de ne pas enfermer la programmation dans une esthétique. Je doute de l’avenir des festivals monothématiques. Je ne crois pas que le public moyen soit assez intéressé pour écouter dix concerts de chant grégorien en deux mois, ou dix récitals de piano. Il faut de la diversité, surtout à une époque où la musique classique ne semble pas partout désirée. Le fil rouge des Musicales, c’est la spiritualité des œuvres programmées. Qu’importe qu’elles ne soient pas religieuses, ce qui compte, c’est leur hauteur de vue, en résonance avec l’esprit du monument. Dès 2022, j’ai programmé un concert Liszt/Lamartine avec Lambert Wilson et Roger Muraro, un quatuor à cordes dans Schubert et Schumann, et des concerts vocaux avec Les Voix Animées et le Chœur Notre-Dame de Paris.

Qu’évoque pour vous le partenariat entre l’abbaye du Thoronet et Les Voix Animées ?
C’est mon regretté prédécesseur et ami Thierry Dumanoir qui avait suscité cette « résidence » des Voix Animées au Thoronet et initié leur cycle de concerts « Entre pierres et mer ». Le cahier des charges était simple mais intelligent : chaque année, en complément d’une programmation de musique ancienne, une œuvre devait être commandée par Les Voix Animées pour le monument et proposée en première audition à l’abbaye. J’ai donc maintenu ce partenariat en 2022 et 2023. Cette année, un diptyque de Laurent Melin sera créé. Cela n’empêche pas d’ouvrir l’abbaye à d’autres ensembles régionaux, comme cette année Vars Musica qui fêtera ses vingt ans à l’abbaye le 11 août.

Parlez-nous de la programmation 2023 ?
Nous la débuterons le 18 juillet avec l’ensemble vocal féminin De Caelis pour un hommage aux chants d’oiseaux dans la musique ancienne. Jean-Sébastien Bach sera à l‘honneur avec deux concerts exceptionnels : les Concerti pour violon et orchestre par l’Orchestre de l’Opéra Royal de Versailles et le violoniste Théotime Langlois de Swarte le 30 juillet, puis Tedi Papavrami le 3 août dans des œuvres pour violon seul. Anne Queffélec jouera le 1er août les trois dernières Sonates de Beethoven, pages éminemment inspirées. Enfin, nous clôturerons l’année musicale le 30 septembre avec un concert du Chœur de l’Armée Française.

Comment voyez-vous l’avenir ?
Les Musicales ne pourront se développer sans de nouveaux partenaires. Le CMN, parce qu’il gère plus de cent monuments en France, ne peut se permettre de financer seul un festival d’envergure dans un de ses lieux. Je cherche donc des mécènes privés et des partenaires publics, car l’abbaye du Thoronet, bien qu’elle appartienne à l’État, mérite que l’on s’unisse pour la faire vivre.

 

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