Jean-Marc Bouré – Un dialogue entre histoire et musique.

>> Les Musicales de l’Abbaye du Thoronet du 6 juillet au 19 octobre. Sur la photo Jean-Marc Bouré à droite et Marcel Perés.

Les Musicales de l’Abbaye du Thoronet proposeront cette année encore une programmation très riche, entre musique ancienne et contemporaine, ensembles vocaux et orchestres. Jean-Marc Bouré, administrateur des Monuments Nationaux, qui dirige l’abbaye, nous détaille ce programme.

Pouvez-vous nous présenter votre fonction à l’abbaye ?
Je suis administrateur des Monuments Nationaux et dirige deux monuments qui appartiennent à l’État : l’Abbaye du Thoronet et le Cloître de la Cathédrale de Fréjus. Le Centre des Monuments Nationaux gère près de cent monuments, en les ouvrant au public, en les entretenant et en les animant. Notre offre est très complète, comprenant des expositions, des concerts, des visites à thèmes, des programmes éducatifs pour les scolaires, des ateliers, etc. Je suis dans ce métier depuis quinze ans et j’ai administré quatorze monuments au total, ce qui m’a permis d’avoir un regard vaste sur ces lieux, chacun ayant ses propres enjeux et son histoire. En 2023, l’Abbaye du Thoronet a accueilli 87 000 visiteurs, contre 77 000 en 2022, ce qui témoigne de notre engagement à trouver des moyens de développement. Le mécénat est aussi un élément important pour enrichir notre offre culturelle.

Parlez-nous de cette acoustique si réputée.
L’acoustique de l’Abbaye du Thoronet est particulièrement réputée pour sa grande réverbération. À vide, elle dure environ douze secondes, ce qui en fait l’une des plus importantes au monde, comparable à celle du Taj Mahal. Lors des visites, nous mettons en avant cette acoustique en faisant chanter nos agents et en montrant la spatialisation du son. Mais cela peut poser des problèmes lors de l’organisation de concerts. J’ai créé plusieurs festivals et je suis mélomane, mais l’acoustique de l’abbaye est assez difficile car elle est conçue pour des musiques du XIIIe siècle et XIVe, telles que le chant grégorien. Cet été, par exemple, nous proposons « Les Leçons de Ténèbres » de François Couperin, interprétées par des membres de l’Orchestre et Choeur de l’Opéra Royal de Versailles. Ils savent que cette œuvre fonctionne bien dans notre acoustique. Mais il n’est pas possible d’y programmer un concerto de Bach, ce type de concert est fait à l’extérieur. Nous utilisons aussi le Cloître, qui a une acoustique superbe, pour offrir une expérience musicale complète.

Quels sont les temps forts de cette édition ?
Cette année, nous proposons neuf concerts, du 6 juillet au 19 octobre, pour répondre à la demande d’un public qui fréquente nos sites principalement de mai à octobre. L’ouverture sera assurée par l’Ensemble Irini, un jeune ensemble vocal qui sera rejoint par deux cuivres pour interpréter un répertoire du XVe siècle, mêlant Guillaume Dufay à des compositeurs byzantins. Le 16 juillet le trio Lascaris interprétera de la musique de chambre baroque. Un autre moment fort sera le concert du 30 juillet, avec l’Orchestre et le Chœur de l’Opéra Royal de Versailles, qui interpréteront un répertoire de musique religieuse du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. Nous aurons également le plaisir d’accueillir l’un des plus grands clavecinistes actuels, Justin Taylor, qui interprétera « Les Variations Goldberg » de Bach le 4 août. Parmi les autres moments forts de cette édition, je citerai le concert du 7 août, qui proposera un répertoire contemporain avec les minimalistes américains, notamment Philip Glass, par Stéphanos Thomopoulos au piano et le Quatuor Naïs. Bien entendu, comme chaque année, nous recevrons Les Voix Animées, l’ensemble vocal toulonnais, les 10 et 24 août. Le 20 septembre, nous aurons un répertoire autour de Guillaume de Machaut interprété par le baryton Marc Mauillon, le flûtiste Pierre Hamon, et la viéliste Nolwenn Le Guern. Enfin, nous clôturerons cette édition le 19 octobre avec un concert de la Maîtrise de Notre-Dame de Paris et leur chœur d’adultes.

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