Jean-Marie Cuzin & Gilbert Buti – Le Var, toute une Histoire.
BD
Le Var, une terre d’Histoire, entre Verdon et Méditerranée.
Disponible en librairies
« Opération Dragoon », ça vous parle ? Non, ce n’est pas un film de Bruce Lee, mais bien le nom donné au débarquement en Provence ! Quelle était la principale ville varoise à l’époque romaine ? Toulon ? Peut-être pas… Si vous voulez tout savoir sur les personnages et événements qui ont marqué l’Histoire de notre cher département, prenez un peu de temps pour vous pencher sur l’ouvrage de Jean-Marie et Gilbert, qui nous racontent leur travail.
Comment est né ce projet ?
J-M. C. : Il s’inscrit dans la droite file de ce que l’on fait depuis un certain temps, notamment avec l’histoire de Saint-Tropez ou de Marseille. Le Cygne a lancé une collection sur les départements, privilégiant les artistes locaux, et nous a proposé ce projet.
G.B :Je suis professeur d’histoire, spécialiste de l’histoire maritime, du monde méditerranéen. Je suis davantage habitué aux ouvrages scientifiques. Je participe à des colloques, des congrès, écris des articles. Là, c’est l’occasion de valoriser ce savoir et le rendre accessible au plus grand nombre. C’est le résultat de recherches, mais il ne s’agit pas de tomber dans un travers pédagogique didactique. J’ai fait ma thèse sur l’histoire de St Tropez entre 1700 et 1800, avec une activité marchande très importante, fait oublié aujourd’hui.
Pourquoi cette intérêt particulier pour les BD historiques, et qu’est-ce qu’apporte la BD au récit historique ?
J-M. C. : Déjà, par plaisir, j’ai un goût pour l’histoire. Je me suis spécialisé dans ce domaine-là, et y ai travaillé de plus en plus. Si l’on veut être rigoureux, il faut faire beaucoup de recherches, être dans la vérité historique. Mais, à force, on gagne du temps. La BD apporte l’image, c’est moins indigeste. Je la compare au cinéma, ce sont des cousines germaines. C’est comme un film inanimé. Le challenge est de faire en sorte que les gens animent les cases dans leur tête.
Comment résumer l’histoire complète du Var en cinquante-deux pages ?
G.B. : Il faut savoir pointer les moments, faire émerger le plus connu, et glisser des éléments nouveaux. Nous avons sélectionné des personnages qui ont marqué son histoire et des événements incontournables : le sabordage de la flotte, le rôle de Vauban ; ainsi que certains événements dans l’ombre, comme la présence de maquis pendant la résistance, ou ces hommes politiques qui ont refusé d’accorder les pleins pouvoirs au Maréchal Pétain. Plus récent, on parle du tourisme, du RCT. Comme le montre la couverture, on balaie large, de la préhistoire au débarquement en Provence qui a eu une importance capitale également. Pour construire le scénario, nous avons réfléchi à une trame : comment et par qui l’histoire va être transmise. Nous avons imaginé deux passeurs d’histoire, dont un colporteur, qui nous permet de circuler dans l’espace varois. Nous avons aussi souhaité attirer l’attention sur des lieux en particulier : Fréjus à l’époque romaine, le Haut-Var et son activité agricole et économique, la forte occupation du littoral aujourd’hui. Nous avons aussi des haltes très importantes à Brignoles, Hyères, Draguignan, pour rappeler l’étendue du territoire, jusqu’au Var… qui n’est plus dans le Var !
On retrouve beaucoup de personnages, de nature, de monuments historiques, avec un dessin réaliste, très fidèle. Comment travaillez-vous ?
J-M. C. : Pour les personnages fictifs, je les imagine, je fais mon « casting personnel » et travaille à partir de ça. Pour les personnages réels, il faut être le plus fidèle possible, et je travaille à partir de représentations ou de photos. Quant aux lieux, il est intéressant pour le lecteur de pouvoir replacer un endroit familier, comme la Tour Royale, dans son contexte historique.
Que retenez-vous de cette riche histoire du Var ?
J-M. C. : J’ai tendance à être attiré par les périodes que je connais le moins, les plus lointaines. Par ironie de l’Histoire et du destin, il se trouve que j’ai dessiné les planches qui concernent les grandes épidémies de peste, en 1348 et 1720, pendant le premier confinement. Les cases représentent des scènes de rue apocalyptiques, j’avais un sentiment étrange, d’histoire qui se répète… Les mesures sont les mêmes qu’à l’époque d’ailleurs : pour se déplacer de Brignoles à Toulon, il fallait déjà une attestation !