Jean-Pascal Faucher – Ceci n’est pas un musée !
Le 13 mai au Musée Jean Aicard / Paulin Bertrand (MAB) à La Garde
Au sein du musée dont il a la direction, Jean-Pascal Faucher nous plonge dans l’intimité du poète Jean Aicard et dévoile les pépites musicales et les découvertes poétiques prévues pour la Nuit des Musées.
C’est votre première collaboration avec Les Voix Animées au Musée Jean Aicard ?
Cela fait quelques temps déjà qu’avec Luc Coadou, nous avions parlé des partitions composées sur des poèmes de Jean Aicard, et commencé à imaginer un projet musical avec l’ensemble vocal. Je suis content que Laurence Recchia m’ait rappelé pour créer cet événement à l’occasion de la Nuit des Musées. « Un Cabinet de curiosités chez Jean Aicard », c’est le nom du concert qui fait référence à un petit espace de collection composé de choses étranges, originales et avec une notion d’intimité. Cela correspond vraiment à l’esprit qu’on veut donner à ce lieu, c’est un musée mais c’est aussi une maison. On vient chez Jean Aicard, comme s’il nous conviait à une petite fête entre amis, avec un piano et trois chanteurs.
Comment se compose ce Cabinet de curiosités musical ?
Il y aura quatre concerts tout au long de la soirée, sur la terrasse ou dans le jardin d’hiver. Ce seront des petites formes d’une vingtaine de minutes avec des poésies de Jean Aicard, mais aussi d’écrivains de son entourage, comme Victor Hugo par exemple, interprétées sur des mélodies de Jules Massenet, Camille Saint-Saëns… Toute une époque, avec du beau monde ! Ce lieu a vécu ce genre d’événements du temps de Jean Aicard, il recevait beaucoup d’artistes en représentation, tout autant que des pêcheurs ou des ministres… C’était son esprit d’être ouvert à tout le monde, de faire le grand « écart », sans jeu de mot ! (rires). Plus tard aussi, lorsque le lieu a appartenu au peintre Paulin Bertrand, il y a eu ce genre d’événements avec de la musique, de la poésie et du chant. Sa femme, Julia Pilore, était critique d’art, elle avait pris un nom d’homme, Léon de Saint-Valery, pour écrire. Elle était amie avec Auguste Rodin et marraine de Marcel Duchamp. C’est ce qu’il y a de plus étonnant ici, les rencontres et les amitiés improbables qui s’y sont nouées ! C’étaient des gens très académiques mais qui connaissaient des personnages subversifs, qui cassaient les codes.
Que représente la Nuit des Musées pour vous ?
C’est un événement qui garde les musées ouverts beaucoup plus tard que d’habitude, ce qui permet à des publics différents de venir voir nos expositions. C’est déjà une expérience différente de venir la nuit, mais en plus, cela se déroule en même temps que « La classe, l’œuvre », un dispositif où nous exposons dans le musée des œuvres d’élèves des écoles avec lesquelles nous travaillons beaucoup. Lors de cet événement, on voit donc des choses différentes ! Cette fois-ci, le récital s’ajoute à tout cela. Pour moi, le message de la Nuit des Musées est le suivant : « Venez, ici c’est un musée, mais c’est pour tout le monde » ! C’est un moment magique où tout le monde s’approprie l’espace, comme dans un tiers-lieu, après le travail, avant de rentrer à la maison. J’aime l’idée que cela se passe la nuit, on a vraiment la sensation d’être invité chez l’écrivain, on peut se balader dans les chambres, la cuisine, le salon… Il n’y a rien de plus triste qu’un musée qui ne fait qu’exposer. Le musée doit être vivant ! La médiation est importante, les professionnels doivent être là pour accompagner le public… Et ce n’est pas loin d’être le plus beau métier du monde !
Maureen Gontier
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