Cinéma
Jean-Paul Salomé – Un réalisateur lanceur d’alertes ?
La syndicaliste – Déjà en salles
Il y a une dizaine d’années, la déléguée syndicale CFDT du groupe AREVA, Maureen Kearney, s’apprête à dénoncer un scandale, un secret d’Etat au cœur du nucléaire français. Prévenue, menacée, mais décidée à mener ce combat, elle est violemment agressée et tout sera tenté pour la faire taire. Nous avons rencontré le réalisateur de « La syndicaliste » au Pathé La Valette.
Pourquoi avoir choisi cette histoire parmi toutes celles des lanceurs d’alerte, parce que ça se passe en France, ou parce que c’est une femme qui porte l’affaire ?
C’est en lisant le livre de Caroline Michel-Aguirre sur Maureen Kearney, la syndicaliste d’AREVA, que cette histoire m’a passionnée. Le portrait de cette femme est saisissant, elle évolue dans le milieu du nucléaire, terriblement opaque et protégé et son courage pour essayer à la fois de dénoncer mais aussi pour se relever de ses épreuves m’a beaucoup touché. C’est une héroïne comme Erin Brockovich, bien que cette dernière n’ait pas subit les agressions physiques de Kearney. Cette syndicaliste efficace et motivée pense pouvoir s’attaquer à AREVA, dévoiler certains secrets honteux et se retrouve finalement broyée par un système sans pitié.
Est-ce une préparation et un travail particulier de réaliser un film sur une histoire vraie, et encore davantage sur un sujet aussi sensible ?
Tout ce qui concerne le nucléaire et ses rapports étroits avec le monde de la politique était parfaitement détaillé dans le livre. Mais bien que m’étant beaucoup documenté, je ne suis pas un spécialiste de la politique, ni du nucléaire. Le film est plutôt dirigé vers la façon dont cette femme courageuse a vécu tout ça. C’est une introspection, que l’on peut déceler entre les lignes du livre, mais qui n’y est pas traitée. J’ai rencontré Maureen Kearney, son mari, sa fille et nous avons beaucoup dialogué. Mais je souhaitais avant tout que chaque spectateur, au travers de l’histoire, se projette et invente sa propre Maureen Kearney, pour lui donner corps.
Parlez-nous de la performance d’Isabelle Huppert qui porte le film ?
Isabelle Huppert est une comédienne formidable. Après avoir fait le film “La daronne“, nous voulions encore travailler ensemble. Elle a lu le livre et nous étions sur la même longueur d’ondes. On s’est concertés sur tout. Un jour, elle a essayé cette perruque blonde avec la frange et il est devenu évident qu’elle devait se glisser dans l’enveloppe physique du personnage, son costume devenait aussi sa carapace. Ça l’intéressait beaucoup de changer d’apparence, de se glisser dans ce look un peu particulier, son talent a fait le reste.
Vous avez un casting quatre étoiles, comment s’est fait le choix ?
Avec un film où Isabelle Huppert tient le rôle principal, tous les acteurs sont partants ! Et, en racontant ce genre d’histoire, on a l’impression de faire quelque chose d’important. Marina Foïs, Yvan Attal, François-Xavier Demaison et les autres, nous étions tous enthousiastes à l’idée de nous lancer dans une aventure qui reflète la tradition des films américains, d’enquêtes, de grands thrillers politiques.
Qu’est-ce qui vous a le plus troublé dans cette affaire l’histoire politique ou l’histoire intime ?
L’intime, sans hésitation. C’est ce qui était beau et très cinématographique : partir du politique pour aller vers l’intime. Une foule de personnages s’installe à l’écran, puis on se recentre sur un femme et enfin sur son intimité profonde. Le fait qu’elle soit agressée fait basculer sa vie et donc, le film.
Les femmes sont souvent au cœur de vos films, pourquoi ?
J’aimerais pouvoir répondre ! J’ai une fascination pour les comédiennes et c’est souvent autour d’une actrice que le déclic se fait en moi pour une nouvelle aventure cinématographique !
Weena Truscelli
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