Jeanne Herry & Elodie Bouchez – Des acteurs merveilleux au service d’une noble cause.

Miou-Miou et Leïla Bekhti dans « Je verrai toujours vos visages » de Jeanne Herry – En salles

La justice restaurative propose à des victimes et des auteurs d’effractions de dialoguer dans des dispositifs sécurisés, encadrés par des professionnels et des bénévoles. Nous avons rencontré l’équipe du film de Jeanne Herry au Pathé La Valette.

Pourquoi ce choix de sujet sur la justice restaurative ?
J.H. : J’ai toujours été passionnée par l’univers de la justice : faits divers, procès, ténors du barreau, mais aussi par le fonctionnement du cerveau et ses réactions face aux traumatismes, la peur et surtout la possibilité d’une réparation. Il y a tous ces éléments dans la justice restaurative. Cette réparation par le collectif et la recréation du lien a beaucoup de points communs avec la plasticité du cerveau qui lui permet de se réparer en recréant des connexions. Comme pour chacun de mes films, je me suis beaucoup documentée, j’ai fait des formations et recueilli de nombreux témoignages.

Que pensez-vous de cette initiative ?
E. B. : Je trouve formidable de faire découvrir, en tant qu’actrice, par le biais de la fiction et des émotions, une pratique que je trouve assez fondamentale pour notre société, qui existe, qu’on ne connait pas et sur laquelle il devrait y avoir beaucoup plus de lumière. Nous sommes toujours très touchés par les témoignages de professionnels qui se sentent respectés et voient de l’espoir dans ce film, pour rendre cette pratique plus connue.
J. H. : Mais, malgré tout, mon objectif principal reste d’écrire et réaliser des films pour voir les acteurs les jouer. Mon plaisir du cinéma vient toujours spécialement de la qualité du jeu des acteurs et, pour ce film, les spectateurs remercient souvent les comédiens pour la qualité exceptionnelle de leur jeu.

C’est vrai qu’ils sont tous bouleversants, avez-vous écrit en sachant quels acteurs joueraient ?
J.H : Pour certains d’entre eux oui, je savais que j’écrivais pour Miou-Miou, Elodie Bouchez, Jean-Pierre Darroussin mais aussi Birane Ba. Je souhaitais que Gilles Lellouche participe, mais je ne savais pas si le rôle l’intéresserait et je ne connaissais pas Leïla Bekhti. Ils sont tous les deux dans des temps forts au niveau professionnel et ce n’était pas évident de leur demander de jouer des rôles qui apparaissent à la cinquantième page du scénario et où tous les acteurs ont la même importance. Un film dans lequel la star est le collectif d’acteurs. Dans l’équipe il y a aussi évidemment Suliane Brahim avec qui j’avais travaillé, Adèle Exarchopoulos, Dali Benssalah et Fred Testot, tout le monde a répondu présent !

Ce n’est pas un film qui critique, le propos est positif, offre un espoir sur un sujet grave, c’est peut-être aussi une bonne raison pour s’engager dans l’aventure ?
J.H. :Je suis heureuse qu’il y ait des films qui dénoncent et montrent ce qui ne fonctionne pas, qu’il existe des réalisateurs qui expriment une colère que moi, je n’ai pas. Je n’ai pas été très éprouvée par la vie, mais je suis très sensible à la souffrance des autres et donc ma façon de participer à l’effort collectif, mon geste citoyen, est de montrer ce qui va bien, ou au moins ce qui pourrait apporter, peut-être, des solutions…

Lors des séances entre victimes et agresseurs, la première question qui est posée est : quelle sont vos attentes ? Quelles sont vos attentes pour ce film ?
J.H : Elle est très précise cette question ! Mes attentes sont que le public ait envie de venir, qu’il soit heureux d’être venu et que cela crée un bouche à oreilles important, que ça plaise, que ça marche et que le film soit vu et aimé !

Weena Truscelli

Pathé La Valette