Jérôme brunetière – L’Opéra de Toulon entre traditions et horizons nouveaux.

« Norma » à Châteauvallon à Ollioules du 26 au 28 juin Saison 25/26 de l’Opéra de Toulon

L’Opéra de Toulon présente « Norma » de Bellini dans le cadre majestueux du théâtre de verdure de Châteauvallon, à Ollioules. En attendant la fin des travaux de rénovation de l’Opéra, les spectacles continuent de rayonner hors-les-murs. Son directeur, Jérôme Brunetière, nous dévoile les dessous de cette saison nomade, ambitieuse et profondément ancrée dans son territoire.

Fin juin, vous donnerez « Norma », connu pour sa difficulté à interpréter le rôle-titre, dans l’amphithéâtre de Châteauvallon…
C’est un joyau du répertoire lyrique, une œuvre exigeante, à la fois sur le plan vocal et dramatique. Le rôle-titre, redoutable, sera interprété par Zuzana Marková accompagnée de Matteo Falcier et Emily Sierra . À la baguette, Andrea Sanguineti est spécialiste de ce répertoire. Quant au lieu, Châteauvallon est absolument extraordinaire. Cet amphithéâtre en plein air possède une dimension naturellement opératique. C’est un décor à part entière, la scénographie s’appuiera pleinement sur le lieu, comme si l’histoire elle-même s’y déroulait. C’est aussi un défi artistique que relève avec enthousiasme la metteuse en scène Emmanuelle Bastet.

Comment construisez-vous la programmation, en particulier dans ce contexte de « hors-les-murs » ?
C’est un équilibre complexe, mais très stimulant. Être hors-les-murs impose de ne pas penser en termes de catalogue figé. Chaque lieu a ses contraintes techniques, son identité. On ne peut pas simplement choisir cinq ou six titres et les faire tourner : il faut imaginer des projets adaptés. Nous cherchons à varier les styles, les époques, les langues et les formats. Cela passe aussi par des reprises, des coproductions ou des créations inédites, comme cette année une comédie musicale de Sondheim jamais donnée en France. Chaque projet a sa genèse : parfois un lieu, parfois une artiste, comme la soirée Berlioz imaginée autour de la chanteuse Karine Deshayes. La programmation ne suit pas de thème rigide : elle doit d’abord refléter la richesse du répertoire. En tant qu’unique opéra de notre territoire, nous avons la responsabilité d’offrir de la diversité et de l’excellence. On se demande sans cesse : à qui s’adresse-t-on ? Bien sûr, il faut répondre aux attentes, mais aussi faire confiance à la curiosité des spectateurs. Et puis, il y a le jeune public, toutes les maisons d’opéra font beaucoup dans ce domaine, et nous aussi.

Quels sont les autres temps forts de la saison 2025-2026 ?
C’est une saison foisonnante. Côté symphonique, nous accueillons des solistes remarquables. Côté lyrique, je suis très heureux de présenter « Madama Butterfly », mais aussi « Le Vaisseau Fantôme » en version concert, un Wagner absent depuis longtemps de notre scène.

Quels partenariats ont été nécessaires pendant la fermeture de l’Opéra ?
Ils ont été essentiels. Zénith et Palais Neptune nous accueillent pour les grandes productions, mais notre lien le plus étroit est avec Châteauvallon-Liberté, scène nationale. On mutualise les plannings, les lieux, les publics, parfois même les billetteries.
Nous sommes également actifs sur l’ensemble du territoire. Nous proposons une belle programmation de musique de chambre, L’Heure Exquise, dans divers lieux, et reprise au Pasino d’Hyères. Le chœur et l’orchestre de l’Opéra rayonnent dans le territoire notamment avec Var Opéra en juillet. Nous sommes aussi partenaires du Festival de Musique de Toulon, auquel nous participons activement, notamment pour la Nuit du Piano. Enfin, nous développons des partenariats pédagogiques, notamment avec l’IESM d’Aix. Côté tarifs, nous tenons absolument à rester accessibles. Nos places sont parmi les moins chères de France, et surtout, nous avons fixé un tarif « jeunes » jusqu’à trente ans.

Fabrice Lo Piccolo

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