Jérôme Brunetière – Une saison hors-les-murs.

L’Opéra de Toulon rentre dans une phase de rénovation qui durera deux ans. Jérôme Brunetière, son directeur a donc dû composer une saison hors-les-murs, en collaboration avec les autres lieux de spectacle de la Métropole. Il nous détaille l’ampleur des travaux et la programmation.

Sur quelles parties de l’Opéra vont porter les travaux ?
Ce bâtiment patrimonial et historique va être entièrement rénové. Nous avons l’exemple de la restauration du foyer Campra, ce sera identique. L’aspect de la salle ne va pas changer, mais la fresque et les dorures vont être restaurés, le confort amélioré, les conditions de circulation et l’accès pour les personnes à mobilité réduite également. Nous allons installer une climatisation tout en améliorant l’efficacité énergétique, car aujourd’hui cela ampute la saison. Tout le bâtiment est concerné, la fosse d’orchestre, la scène, la machinerie, les bureaux, les loges, le foyer des musiciens et techniciens, la couture, la coiffure, le maquillage, les salles de répétition… Nous voulons moderniser cet opéra et lui rendre sa beauté initiale.

Quels lieux accueilleront vos spectacles cette année ?
Je souhaite souligner la qualité de l’accueil qui m’a été réservé par les acteurs du territoire, quand je suis arrivé en mai il y a un an. J’ai rencontré Charles Berling, Robert Albergucci et Jean-Pierre Blanc, et nous avons travaillé de concert pour organiser cette saison. L’automne et l’hiver se dérouleront au Zénith, la fin de l’hiver et le printemps au Liberté et à Châteauvallon, et dès septembre, nous avons répondu à la très belle invitation de la Villa Noailles pour la création d’un nouvel opéra, une aventure rare et exaltante. Nos concerts seront quant à eux programmés au Palais Neptune. Nous avons également réussi à conserver nos dates de théâtre et trouvé des solutions pour les répétitions au Zenith et à Châteauvallon notamment. C’était compliqué pour ces lieux de recevoir un acteur comme l’Opéra et ils ont fait l’effort de s’adapter et de co-construire une saison avec nous.

Pouvez-vous nous parler des spectacles de la saison ?
Nous ne sommes pas un opéra spécialiste, nous souhaitons refléter la diversité du répertoire.
« Rigoletto » est un des chefs d’œuvre de Verdi : nous proposons une version très fidèle et en même temps d’une grande modernité pour raconter cette histoire singulière. « La Chauve-souris » est vraiment un opéra de fêtes, inspiré d’une pièce française qui s’appelle « Le Réveillon ». Ces spectacles d’envergure fonctionneront bien au Zénith. Le Liberté, avec sa fosse d’orchestre et ses sept-cents places, nous offre un très bel écrin. Nous y donnerons « Orphée et Eurydice », avec une belle mise en scène de Pierre Audi et des danseurs tout au long du spectacle et « Le Couronnement de Popée » mis en scène par Ted Huffman qui a très bien fonctionné au Festival d’Aix. Quant à notre nouvelle production, « Cavalleria Rusticana » et « Pagliacci », elle marquera le retour de l’Opéra à Châteauvallon. Au Palais Neptune, nous donnerons trois concerts symphoniques et deux opéras en version de concert. Nous couvrons donc énormément de répertoire. Pour chaque ouvrage, nous avons la volonté d’offrir des prises de rôle à de jeunes chanteurs très talentueux, c’est un méticuleux travail de repérage et d’audition. Le public ne le sait pas toujours mais même si la production et la mise en scène d’un ouvrage restent les mêmes, la distribution est largement recomposée d’un lieu à l’autre, car les chanteurs ont souvent d’autres engagements. Il faut donc penser les artistes les uns par rapport aux autres, l’harmonique des voix, la façon de jouer. En tant que directeur artistique, je suis chargé de cette tâche, aidé par Pierre Ribémont. Chaque opéra demande un travail important d’adaptation, il faut par exemple ajuster ou refaire les costumes. De même, Valério Galli, notre chef d’orchestre dirigera pour la première fois les opéras auxquels il participe. Notre activité sur le territoire continue également à se développer, nous serons par exemple à la Roquebrussane, à Tourtour ou encore au Festival de Ramatuelle. Et nous prolongeons bien entendu notre partenariat avec le Festival de Musique de Toulon et la Musique de la Marine nationale.

Fabrice Lo Piccolo

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