Jerome Cavalière – Mais que fait la police ?
>>Exposition “Polis“ du collectif Rose Selavy Cøllective, jusqu’au 25 janvier à la Chapelle de l’Observance à Draguignan.
Rose Selavy Cøllective est un collectif d’artistes qui a fait le choix de rester anonymes dans le but de produire des œuvres à contre-courant du travail artistique pour lequel ils sont connus, et qui s’associent pour l’occasion avec des “Vandales“. Cette exposition offre un regard sur la diversité et la complexité de l’espace public, nous poussant à nous interroger sur notre place au sein de ce territoire commun. Toutes les œuvres sont considérées comme collectives et donc signées Rose Selavy Cøllective. Rencontre avec le coordinateur du collectif et commissaire de l’exposition.
Pouvez-vous lever légèrement le voile sur le collectif “Rose Selavy Cøllective“ ?
Tout d’abord, il y a dans le nom du collectif une référence à Marcel Duchamp. “Rose Sélavy“ (qu’il écrivait Rrose Sélavy), était un personnage fictif, qu’il avait créé en se travestissant en femme, une sorte de double féminin, ayant une production artistique bien à elle. Cela correspond à l’idée de ce projet, auquel participent des créateurs qui ont une activité annexe, n’ont pas besoin de ce collectif pour leur pratique artistique, mais en font partie pour se réinventer dans le domaine des arts. C’est souvent pour sortir de ce qu’ils ont l’habitude de faire – qui fonctionne bien – mais peut parfois provoquer une impression d’enfermement. Le nombre de personnes au sein du collectif est variable, ce qui importe est le travail entre les artistes plasticiens, qui vont, viennent, et les artistes vandales, qui ont une pratique vraiment différente et peuvent parfois se rajouter pour une exposition, rien n’est fixe.
Dites-nous qui sont ces Vandales ?
Le travail des Vandales comprend tout ce que vous pouvez voir dans la rue, comme les graffitis ou, en ville, les rayures sur les vitres de métro, avec des signatures. Ils ne se considèrent pas vraiment comme des artistes, il est question pour eux de s’approprier l’extérieur, des lieux publics, ils posent leur nom dans la ville, dans la rue. Il y a par exemple, dans l’exposition “Polis“ des peintures faites avec des extincteurs, les extincteurs sont souvent utilisés par les Vandales pour écrire leur nom.
Quelles sortes d’oeuvres peut-on voir dans l’exposition ?
éh bien justement, tout tourne autour du thème de “Polis“, du rapport que nous pouvons avoir avec l’extérieur. L’œuvre “Vestiges“ par exemple, a été faite dans une ancienne cave coopérative désaffectée, où des toiles vierges avaient été accrochées puis aspergées avec tout ce qui les entourait, à l’aide d’extincteurs remplis de peinture. “Vestiges“, est donc un fragment de ce qui a été fait dans un lieu destiné à disparaître. Sont également présentés des canevas, dont les modèles sont des photos de presse de différentes scènes d’émeutes, refaites au point de croix. Ces œuvres sont surtout un jeu entre le sujet et le support, qui est plutôt un support sur lesquels on imagine des mamies qui font des chats. Et… justement, dans l’idée de la délégation du travail, ce sont belle et bien des mamies qui ont fabriqué ces canevas !
Revenons sur le pourquoi du thème de “Polis“, la cité-État, l’expression de la conscience collective ?
Le collectif voulait questionner le spectateur sur son rapport à l’espace public, à ce qui est interdit d’y faire ou pas. Quand un espace est public, peut-on y faire des choses ou, est-ce que dehors, tout doit rester inhibé ? Voilà le genre de questions, de discussions, de confrontations qu’il y a eu pour l’expo entre des artistes plasticiens – qui ont l’habitude d’exposer dans des lieux fermés, voire privés -, des street artists, mais aussi des vandales, qui ont une pratique contraire, illégale et surtout – ce qui très important pour eux – non commerciale.
Weena Truscelli