Jérôme Leleu – Lettre ouverte aux institutions locales.

Jérôme, avec sa structure Fantaisie Prod, nous permet de rire tout au long de l’année, avec ses spectacles d’humour au Théâtre Daudet, à l’Omega Live, ou au Casino de Hyères. Ce fut le cas pendant le confinement également avec l’aide de son ami Benjy Dotti. Pour la reprise, il nous réserve de belles surprises.

Fantaisie Prod a été très active durant le confinement…

Pour nous, l’annonce de l’arrivée du virus a expliqué beaucoup de choses : nous avions ressenti dès mi-février une forte baisse dans la vente de billets, qui constitue la quasi-totalité de nos revenus. Nous programmons centcinquante représentations à l’année, donc nous avons eu beaucoup d’annulations. Il y a eu un moment de sidération pendant les quinze premiers jours, puis on a essayé de renouer le contact. On avait des épisodes du Fada Comedy Club, que l’on a ressortis. Après cela, on a créé une émission avec Benjy Dotti, consacrée à l’humour, avec des invités qui nous racontaient leurs confinements. Tout ça a fait environ deux millions de vues sur les réseaux. Je ne savais pas quand ça allait reprendre, mais voulant rester positif, j’ai commencé à caler des dates, notamment au Théâtre Daudet de Six-Fours à partir de septembre. Heureusement, nous avons obtenu la programmation de nouveaux théâtres, à Plan De Campagne, Aix et Toulouse. Nous avons eu des aides de l’état, mais pour l’instant peu de soutien des collectivités locales, à part Six-Fours qui nous versera une partie des subventions. On va avoir besoin d’elles pour redonner l’envie aux gens de revenir. Ils ont fait des économies avec les annulations, et doivent réinvestir cet argent. Nous allons lancer une lettre ouverte pour que les collectivités soutiennent toute la filière. Le lien social que nous créons entre artistes et public est important et doit continuer. Nous demanderons la création d’un fond de soutien. En ce moment, la vente de billets est à l’arrêt complet et pour l’instant les mesures sanitaires réduisent la jauge. Pour essayer de sauver les meubles, nous prévoyons de rouvrir le Théâtre Daudet du 20 au 26 juillet pour une semaine d’humour, avec le soutien d’artistes locaux connus tels Yves Pujol ou Patrick Cottet-Moine. Nous voulons essayer de ramener de la vie au public, qui attend la réouverture avec impatience.

La situation a-t-elle inspiré les humoristes ?

Certaines situations étaient ubuesques. Quelqu’un me racontait qu’un soir il a eu un rendez-vous Tinder, et le lendemain, ils étaient confinés ensemble. J’ai échangé avec plusieurs artistes, dont Shirley Soignon et Guillaume Bats. L’écriture se fait au contact du public, il faut tester les vannes, les sujets… Ils n’ont pas été inspirés tout de suite, mais la fin du confinement a été plus salutaire. Au départ, le temps était figé, c’était la première fois que nous vivions cela, c’était très névrotique. En même temps ça a pu resserrer des liens familiaux, ce fut mon cas. Certains ont profité différemment de la vie. Dans ce milieu, on est tous dans une frénésie, une forte intensité de travail : la semaine au bureau, le week-end au théâtre…

Penses-tu que certaines pratiques nouvelles vont apparaître ?

Il y a eu des grands débats, notamment sur le livestream. Nous, on crée du spectacle vivant, je n’ai pas voulu proposer de spectacles sans public. Mais pour la reprise, on va permettre aux spectateurs qui ne seraient pas encore rassurés, de voir le spectacle que nous donnerons, en livestream sur le site du Théâtre Daudet, pendant soixante-douze heures, à un tarif modique, entre 2 et 5€. Nous le ferons pour la tournée de Benjy Dotti et les spectacles du théâtre, peut-être aussi à l’Omega Live. Cela pourrait permettre aussi d’élargir l’audience, de créer de nouveaux spectateurs, qui découvriraient le théâtre grâce à ce biais.

 

Site internet : Fantaisies Prod.