JOSE JOVER – Un enfant de Siblas dans le monde de l’édition

4 & 5 juin à Vidau’bulles, Vidauban – 11 &12 juin à Bulles en Seyne

José dirige les Editions Tartamudo, une maison d’édition de BD pas comme les autres, centrée sur la pédagogie, les valeurs humaines, la réflexion sur le monde ou encore… le rock, autre passion de José. Après de nombreuses années à Paris et avoir édité plus d’une centaine de BD, il a décidé de rentrer au pays.

 

Qu’est-ce qui t’a donné envie de travailler dans la BD ?

Voilà un petit gars de Siblas, à Toulon, qui avait des rêves plus grands que les gars de son quartier et qui adorait les livres en général, sans nuance entre les pockets de gare et la grande littérature. J’étais passionné de dessin et jouissais d’une petite réputation dans le quartier. Vers seize ans, avec un copain, on est allé voir Var Matin République, sans douter de rien, et on leur a proposé nos BD. Ils nous ont accueilli très sympathiquement, n’ont pas publié la BD, mais ont fait un article d’une page. J’ai connu les frères Boudjellal dans ce quartier. Ils vendaient des BD au marché aux puces. Je suis d’une famille d’immigrés espagnols et j’ai vite dû ramener une paye pour aider le père. Mon frère faisait des études à Paris et m’a parlé du concours des Beaux-Arts. C’était en 74, et pour le préparer, je me suis inscrit aux beaux-arts à Toulon, et je me suis mis à faire de la gravure avec un maitre graveur. Puis je suis parti à Paris, et quelques années après Farid Boudjellal m’a rejoint et on a monté un trio avec un autre dessinateur : Anita Comix. On a commencé à publier dans la presse alors que je finissais les Beaux-Arts. On a également sorti un album Anita Comix et réalisé des plaquettes pour des ministères. J’ai eu un parcours de dessinateur de BD, de peintre, j’ai même été, collectivement, exposé à Beaubourg. J’ai aussi créé des ateliers de BD pédagogiques dont plus de cent publications sont issues.

 

Comment as-tu créé les éditions Tartamudo ?

C’était en 99, à Paris. Tartamudo veut dire bègue en espagnol. C’est un hommage à Cervantes, qui l’était. Je deviens alors éditeur et dessine beaucoup moins. Mais mon rêve était de revenir à Toulon, ma ville de cœur. En 2005, lors d’une expo à Toulon, au Café Culture, avec Farid Boudjellal, Hubert Falco, nous a fait citoyens d’honneur de la ville de Toulon. Et en 2019, je suis revenu m’installer ici. Je suis artisanal et je veux le rester. Je ne fais que de la création, je n’achète pas de droits d’édition à l’étranger. J’ai rencontré beaucoup d’auteurs, certains très connus, mes copains m’ont donné au départ des BD à publier. J’ai notamment publié trois ouvrages de Farid. Je suis issu de l’immigration et ai grandi dans un Melting Pot de différentes origines. J’édite des BD d’aventures, divertissantes, mais aussi historiques et citoyennes. Il y a souvent un côté pédagogique, cela peut être des biopics romancés, mais avec un fond de vérité. J’ai pour but de rassembler les gens, j’aime la paix par-dessus tout, et cela se ressent dans nos publications. Je propose souvent un cahier pédagogique à la fin, où l’on peut en savoir plus. Récemment, j’ai publié Jaze & Co, en collaboration avec le Conseil Départemental du Puy-de-Dôme, BD pour prévenir l’addiction des adolescents. Je reçois deux à trois dossiers par semaine. Rebecca, ma fille, diplômée de la Sorbonne, est associée, et m’aide à choisir et à construire les livres. Nous publions aussi des BD historiques comme « Turcos » de Tarek et Pompetti sur les tirailleurs maghrebins de la Première Guerre Mondiale, ou de la fiction pure comme « Avalon » de Vincent Pompetti, et même un manga « O.S.E » par deux français. Je prépare aussi un livre hommage aux femmes anonymes du RER, une adaptation du Horla, un biopic sur Janis Joplin car j’adore le rock. D’ailleurs, j’ai réalisé en tant que co-scénariste avec Antoine Palma, chanteur de Sweet Papa John’s et un ami d’enfance de Siblas, « Black Alligator » sur des papys du rock ! La passion, c’est ce qui dirige. Nous serons présents au Festival de Vidauban et à Bulles en Seyne où je serai accompagné par Pascal Piatti, toulonnais, en dédicace, pour « Dans le silence de ton regard », et peut être Shaos, dessinateur d’ « O.S.E. ».

En ce moment, nous avons mis en place, avec mon ami Bruno de la Librairie Falba et le magazine Cité des Arts, un concours où nous vous offrons une BD toutes les deux semaines, participez nombreux !

Fabrice Lo Piccolo