Julia Hagen – Le violoncelle chante… mais il parle aussi.

Renaud Capuçon and friends, le 10 juin à la Maison du Cygne

Invitée de Renaud Capuçon le 10 juin à la Maison du Cygne, la jeune violoncelliste autrichienne, révélation de la scène européenne, évoque son parcours, ses inspirations et le plaisir de jouer en plein air avec des musiciens qu’elle admire.

Vous avez commencé le violoncelle à cinq ans. Pourquoi avoir choisi cet instrument, et que représente-t-il pour vous aujourd’hui ?
J’ai grandi dans une famille de musiciens. Mon père est violoncelliste, mes deux jeunes frères jouent aussi d’un instrument… Très tôt, je ne voulais plus seulement écouter, je voulais faire de la musique, moi aussi. Le violoncelle s’est imposé naturellement. Il y avait quelque chose de très enfantin dans ce choix au départ : on peut s’asseoir pour jouer, ce qui est plutôt sympa quand on a cinq ans ! (rires) Mais surtout, j’ai toujours été attirée par la richesse des couleurs du violoncelle, sa voix humaine, ses harmoniques. C’est un instrument qui peut chanter, bien sûr, mais aussi parler, raconter quelque chose. Aujourd’hui encore, je suis profondément heureuse de jouer du violoncelle. Il est devenu une part de moi

Le 10 juin, vous jouerez aux côtés de Renaud Capuçon, Paul Zientara et Guillaume Bellom. Quel est votre lien avec eux ?
C’est un grand plaisir de jouer dans cette formation. Avec eux, tout est fluide, on s’écoute, on réagit instantanément, c’est une véritable conversation musicale. Chacun est un musicien exceptionnel, avec une générosité et une sensibilité rares.
Et puis, les frères Capuçon ont une place particulière dans mon parcours. J’ai rencontré Gautier quand j’avais dix-huit ou dix-neuf ans, il m’a beaucoup soutenue. Il a été un véritable mentor. Et Renaud m’a offert mes premières grandes occasions de jouer sur scène. C’est grâce à lui que j’ai compris à quel point on apprend en jouant en public. Ils ont tous les deux des carrières incroyablement chargées, mais trouvent le temps de s’investir pour les jeunes musiciens. Je leur en suis très reconnaissante.

Vous jouerez des œuvres de Mozart, Mahler et Strauss. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
Oui, c’est un programme passionnant et très contrasté. Le Mahler que nous jouons est une œuvre de jeunesse, peu connue, mais incroyablement intense. En dix minutes à peine, il explore une multitude d’émotions. C’est dramatique, profond, une sorte de condensé de Mahler avant l’heure. Le Strauss est une vraie découverte pour moi. C’est une œuvre dense, complexe, presque orchestrale dans sa richesse. Il s’y passe énormément de choses en même temps. Plus je la joue, plus je tombe amoureuse de cette musique. Et les mouvements lents sont vraiment bouleversants. Quant à Mozart, c’est une première pour moi avec cet ensemble. En tant que violoncelliste, on a peu d’occasions de jouer Mozart en musique de chambre. Pourtant, j’ai grandi avec sa musique, alors c’est une joie particulière de pouvoir enfin l’interpréter.

Ce concert aura lieu en plein air, dans le jardin de la Maison du Cygne. Vous aimez ce type de cadre ?
Je n’ai pas encore souvent joué en extérieur, mais j’adore ça. L’atmosphère est unique, la nature ajoute une couche émotionnelle qu’on ne retrouve pas dans une salle de concert. Bien sûr, c’est aussi un petit défi – l’acoustique est différente, il faut s’adapter – mais c’est très inspirant. J’ai vraiment hâte de vivre cette expérience à Six-Fours.

Fabrice Lo Piccolo

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