Julien Avril – Le Tangram de l’adolescence

>> « À ma place » le 5 novembre au Théâtre de l’Esplanade à Draguignan

Julien Avril explore les questionnements identitaires et les défis de l’adolescence dans « À ma place ». Inspirée d’ateliers avec des collégiens, la pièce aborde la pression sociale, les mondes virtuels et le harcèlement, tout en proposant une réflexion symbolique sur la quête de soi et les relations familiales et amicales.

Qu’est-ce qui vous a incité à aborder les thématiques profondes de l’identité et de la place dans la société dans votre pièce « À ma place » ?
Il y avait tout un protocole d’ateliers avec des collégiens. J’ai passé plusieurs mois aux Théâtres en Dracénie, où je mène régulièrement des ateliers. Avec la directrice du théâtre, nous avons décidé de créer un spectacle pour le jeune public, en abordant la question de l’adolescence aujourd’hui. Je suis arrivé avec des propositions et des questions pour lancer des ateliers d’écriture. Les élèves ont écrit ensemble, en groupe ou individuellement, sur leur âge, leur vie, leurs amitiés… Je leur posais souvent la question : « Qu’est-ce qui vous contraint ? et vous libère ? » Ce sont ces deux axes, les assignations et les espaces de liberté, qui ont orienté la création. À partir de leurs travaux, j’ai développé des éléments sur l’identité et la relation aux autres.

La métaphore du Tangram illustre l’adolescence dans votre pièce. En quoi cette idée reflète-t-elle la quête d’identité ?
Elle reflète précisément cette quête d’identité. Le Tangram est venu quand je cherchais une scénographie forte qui ne soit pas réaliste, comme une salle de classe ou une cour de récréation. Je voulais quelque chose de transformable, qui reflète la manière dont on change de posture à l’adolescence, selon les contextes : à l’école, entre amis, en famille. Le Tangram représente ce puzzle : « Quelle est ma réflexion pour trouver ma place, pour résoudre ce casse-tête qu’est l’adolescence ? ». Il y a un bon équilibre entre l’illustration et l’abstraction, ce qui permet d’explorer cette dynamique de manière ludique et symbolique.

Comment parvenez-vous à équilibrer les thèmes contemporains, avec des enjeux plus universels liés à la croissance et à la recherche de soi ?
J’avais beaucoup de matière avec les textes produits par quatre classes, et j’ai synthétisé leurs problématiques en trois personnages. Chaque personnage représente une relation à soi, au corps, à la famille, à l’école. Par exemple, un des personnages, Y, est grand et sportif, il a besoin de se dépenser. X, une jeune fille, se confronte à la puberté, aux regards des autres, à des questions de sexualité. Z, quant à lui, s’échappe à travers l’écriture. Ce sont trois portraits distincts, qui permettent de couvrir une large palette de thèmes et d’équilibrer les questions contemporaines et universelles.

Pensez-vous que votre pièce puisse sensibiliser le public aux défis et aux enjeux auxquels font face les nouvelles générations durant leur passage à l’adolescence ?
Oui, il y a un axe important sur des sujets comme le harcèlement et l’impact des réseaux sociaux. Une situation de harcèlement se dévoile au fil des témoignages croisés de X, Y et Z, ce qui permet d’alerter le public sur la rapidité de propagation des rumeurs ou des images. Je ne cherche pas à apporter des réponses ou à donner des leçons, mais plutôt à raconter des situations qui amènent à réfléchir. J’espère que cela suscitera des discussions, notamment autour des jeux vidéo, des réseaux sociaux ou des familles recomposées. À travers ces exemples, la pièce soulève des questions sur la gestion des nouvelles technologies et les interactions adolescentes.

Emma Godest

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