Julien Carbone – Oups, dix ans…

Galerie L’Axolotl – Toulon – du 31 mars au 7 Mai

Pour ses dix ans, l’Axolotl a souhaité fêter son anniversaire comme il se devait. À l’origine de sa création, le directeur artistique Julien Carbone revient sur l’histoire de ce lieu d’art contemporain toulonnais.

Peux-tu nous raconter la naissance de la galerie ?

En 2012, on a lancé le premier espace près des Halles, puis on a navigué en centre-ville jusqu’à l’endroit où nous sommes aujourd’hui. C’était une initiative menée à plusieurs : Yann Lasserre, Imen Dridi, Karim Medini ont accompagné ce projet avec un ensemble d’artistes que j’avais pu rencontrer dans mon parcours. On a fait nos premières expositions et testé le modèle sur un Toulon qui n’était pas très développé de ce point de vue là. C’était aussi une manière de me confronter à l’écosystème culturel, puisque je suis arrivé ici en 2010. Quand on a pris le nom de ce petit animal qu’est l’axolotl, on s’est dit que ses propriétés un peu particulières allaient guider l’évolution de la galerie : il peut rester à l’état larvaire, se développer, muter, comme nos espaces. Aujourd’hui, on a le confort d’une centaine de mètres carrés pour s’exprimer de façon qualitative sur le plan curatorial et pour l’accueil des artistes.

Comment avez-vous décidé de retranscrire cette évolution ?

J’ai commandé un texte qui retrace ce parcours à Yann Perol qui nous a accompagné quand on est arrivé dans le quartier. C’est un texte amusant, pathos et ironique qui illustre ces dix ans de liens artistiques et humains. On va réunir pour la première fois tous les artistes, soit une petite quarantaine, sans que ce soit tout à fait une rétrospective, mais plutôt un réassemblage de toutes les connexions qui ont existé, comme une grande cartographie. On sort des pièces en réserve, on en édite de nouvelles, puis on va les articuler pour retranscrire au plus juste ce que la galerie a raconté. Il y aura de petites et de plus grandes pièces et une programmation vidéo qui va tourner. On veut mettre en avant la ligne qu’on a essayé de défendre.

Qu’est-ce qui définit votre collection ?

Connivence et de complicités. On représente certains artistes, on les accompagne en faisant en sorte que les œuvres qu’ils nous confient trouvent des acquéreurs. On est là pour faire en sorte que notre modèle économique permette aux artistes de vivre. Quand on nous offre des pièces ou quand on en achète, cela décrit un air du temps avec des artistes émergents ou de notre époque, ce qui prend la mesure d’une temporalité créative. Certains artistes ont travaillé sur Toulon, des œuvres ont émergé du territoire. C’est intéressant parce que ça marque aussi une certaine spatialité. Chez nous, le curatoriat est collectif. Depuis deux ans, je travaille aussi avec Léo Fourdrinier. Il a apporté énormément d’énergie et de fraîcheur, mais aussi une autre lecture de ce que peut être la création aujourd’hui. Pour notre anniversaire, on va montrer nos collections personnelles, c’est du domaine de l’intime qu’on ne partage pas habituellement. Mais il y aura aussi des pièces qui ne nous appartiennent pas et qui seront à la vente.

Qu’est-ce que tu imagines pour la suite ?

On se pose plein de questions en ce moment. Est-ce que on a encore des choses à raconter ? Le temps de s’en occuper ? Comment réinventer la suite ? On réfléchit à un futur qui ne ressemblerait pas au passé. On réinterroge le modèle de la galerie, comme on l’a fait avec la galerie online XOXO pendant le confinement. On a encore une programmation à tenir, mais d’ici un an et demi il y aura des changements !

Maureen Gontier